jeudi 27 mars 2008

Cadre étranger au Japon

J'ai eu la chance de travailler sur un projet de grande ampleur dans la filiale japonaise d’une multinationale anglo-saxonne. Ce fut une expérience remplie d’imprévue, vite transformée en une lutte entre les managers occidentaux et les employés japonais. En tant que ‘latin’, et un des seuls occidentaux parlant japonais, j’ai souvent été considéré ‘neutre’ dans les luttes de pouvoir, et j’ai servi de confident tout à tour aux occidentaux et japonais. Cette position m’a permis de prendre du recul, et d’établir quelques enseignements clés qui me seront très utiles la prochaine fois. J’espère qu’ils pourront être utile à d’autres cadres mutés au Japon.



Leçon 1 : Partez avec des objectifs réalistes.

Vous pouvez être un cadre très efficace en Occident. Mais il est probable que vous passerez énormément de temps à convaincre vos employés japonais que vos idées sont juste. Ce cap passé, l’implémentation pourra être beaucoup plus lente que prévue, et dans certains cas, ne progressera pas du tout. Tant qu’ils ne sont pas au pied du mur, vos employés japonais accepteront très difficilement de changer leurs méthodes de travail. Ils parieront peut-être sur le fait que vous n’êtes là que pour deux ou trois ans, alors qu’ils resteront plus longtemps. Ils seront donc plus enclins de préserver leurs relations avec leurs collègues et leurs clients que de vous aider. Il me semble donc raisonnable de baser vos objectifs sur ce que votre prédécesseur a réussi au Japon, pas sur ce que vous avez réussi en Occident. Dans la plupart des situations, il est réaliste de limiter ses objectifs à l’implémentation de changement consensuel et incrémental, la correction d’inefficacités criantes, et une meilleure visibilité sur les opérations japonaises.

Leçon 2: N’acceptez qu’un poste avec du pouvoir

Les occidentaux et les japonais travaillent rarement de façon efficace ensemble, les façons de penser et les réflexes étant très différents. La communication est souvent très difficile à cause de la traduction. De façon tout à fait rationnelle, la plupart des japonais préfèreront vous laisser dans un placard, et continuer à gérer leurs affaires entre eux. Ils pensent en effet qu’ils perdront plus de temps à vous impliquer dans les décisions que ce que vous pouvez leur apporter. Ils ont aussi peur que vous cassiez les relations et l’organisation qu’ils ont mis en place. Si vous êtes satisfait par deux ans de congés payés au Japon, cela est parfait pour vous. Toutefois, si vous voulez agir, vous devez vous assurer que votre poste est conçu pour que vous soyez dans la boucle de toutes les décisions. Vous pouvez avoir le contrôle du budget, vous pouvez aussi avoir une connaissance technique absolument indispensable à vos collèges. Dans cette situation, vous n’aurez pas à vous préoccuper d’être impliqué dans le travail de vos collègues japonais, comme ils ont besoin de vous.

Leçon 3: N’espérer pas être cru sur parole parce que vous êtes occidental

Les entreprises occidentales, en particulier anglo-saxonnes sont parmi les plus efficaces et innovantes. Certains cadres occidentaux pensent que leur façon de travailler est indiscutablement la meilleure, et s’attendent à ce que les japonais l’admettent, les écoute, et adoptent les méthodes occidentales. Ce sentiment est souvent renforcé par la difficulté des japonais à s’exprimer en anglais, et à expliquer de façon convaincante leurs idées. La version japonaise de l’histoire est évidemment différente. Les employés japonais sont très fiers de la réussite industrielle de leur pays : ils ont construit la deuxième économie mondiale dans un pays exigu, et ils ont probablement réussi la transition la plus rapide d’un pays féodal à un pays moderne. Les japonais pensent aussi souvent que leur société est plus harmonieuse. Nous pourrions débattre pendant des heures des mérites comparés de l’occident et du Japon, Il est toutefois certain que dans certains domaines, le Japon est au moins aussi compétitif que les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, et ceci en utilisant des méthodes japonaises. L’exemple évident est celui de l’industrie automobile. Les employés japonais ne seront pas prêt à vous croire sur parole, et discuteront toujours vos idées. Il vous sera donc toujours nécessaire d’écouter vos employés, et de les convaincre que vos idées sont juste, et surtout, adaptées au marché japonais.

Leçon 4: Adaptez vous au marché japonais

Les locaux exagèrent souvent les spécificités du Japon, mais il existe des différences objectives avec l’occident, qui se réduisent souvent aux points suivants :

  • Les logements sont étroits, et le terrain est rare, les habitants adaptent donc leur mode de vie en conséquence. Les exemples les plus courants sont les courses alimentaires quotidiennes au Japon, les logements ne permettant souvent pas de stocker une semaine d’alimentation. Les petites voitures sont les plus populaires car adaptées aux routes très étroites.
  • Les japonais ont des goûts très sophistiqués. Tokyo se mesure aisément à Paris, New York, Londres ou Milan pour la gastronomie, la mode et la vie nocturne. Tokyo compte ainsi maintenant plus d’étoiles Michelin que Paris. Il n’y a pas forcément de marché au Japon pour des produits de second choix.
  • Le service est d’excellente qualité. Les expatriés citent toujours l’exemple des distributeurs de billets fermés le week-end comme preuve d’un service médiocre, mais je pense que c’est l’exception qui confirme la règle. J’ai habité au Japon, aux Etats-Unis, en Belgique, au Royaume-Uni et en France, et j’ai toujours trouvé le service meilleur au Japon. Cela est vrai comme client de restaurants, d’hôtels, d’agences de voyages, d’entreprises de déménagement, de compagnies de téléphone, et même d’agent immobiliers. C’est aussi vrai pour les services internes des entreprises. Je regrette tous les jours la secrétaire très efficace qui résolvait tous les petits problèmes sur le projet. Evidemment, tout ceci a un coût, et les produits doivent souvent être beaucoup plus complexes pour fournir la qualité de service désirée. Cela peut être coûteux, mais c’est souvent le seul moyen de faire des affaires au Japon.

Leçon 5 : Travaillez dur

Passer de longues soirées au travail en occident est souvent considérés comme inefficace. Les gens brillants sont supposés capables de s’organiser pour terminer leur travail dans les temps. C’est probablement vrai, mais cette façon de penser a aussi ses limites. En creusant un peu, on s’aperçoit souvent qu’un travailleur autoproclamé efficace rentrant chez lui à 6 heures du soir cache souvent un subordonné ou un sous-traitant qui passe sa soirée au travail pour compenser, et une rhétorique très élaborée pour refiler à des collègues les tâches les plus ardues. Les japonais respectent en général le travail et les longues soirées au bureau. Pendant mon séjour au Japon, j’ai pu suivre les parcours d’une vingtaine de cadres occidentaux de haut niveau. Ceux qui ont réussi étaient toujours les plus travailleurs, même s’ils n’avaient pas forcément le plus d’expertise ou d’expérience. En restant de longues heures au travail, ils gagnaient le respect de leurs collègues japonais, ils avaient le temps de peaufiner les détails, et ils étaient au bureau quand les décisions se prenaient le soir. La réunion la plus efficace du projet fut une session durant 14 heures, commencée vers 16 heures et se prolongeant jusqu’à 6 heures du matin le jour suivant, et pendant laquelle tous les détails d’un contrat important furent discutés. C’est un cas extrême, mais vous devez être prêt à finir votre travail régulièrement entre 21 et 23 heures. Une bonne hygiène de vie est sans doute de prévoir des soirs de semaines chargés, mais de garder votre week-end pour vous et votre famille.

D'autres points ont été développés dans un second article.

Note: Les clichés illustrant ces articles ont été choisi uniquement pour leur esthétique. Je n’ai travaillé dans aucun des immeubles figurant sur ces clichés et les conseils donnés dans l’article ne sont donc pas basés sur des sociétés domiciliées dans ces immeubles.


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dimanche 23 mars 2008

Joyeuses Pâques

Je souhaite sincèrement à tous les lecteurs de ce blog de très joyeuses fêtes de Pâques. J'ai une pensée particulière pour les expatriés au Japon de culture chrétienne qui passeront cette grande fête familiale et religieuse dans l'indifférence la plus totale, et surtout, sans oeufs de Pâques.

Je pars d'ailleurs de ce pas chercher mon oeuf dans le jardin. J'espère qu'il sera bien garni. Article complet

dimanche 16 mars 2008

A l'ombre des cerisiers en fleur

Le printemps est d’abord annoncé au Japon par la floraison des pruniers « ume » (梅), mais les cerisiers « sakuras » (桜), plus spectaculaires, ont les faveurs des japonais. Pendant une semaine, les arbres se couvrent entièrement d’élégants pétale rose pâle. Dans le centre du pays, la saison des cerisiers est aussi celle des grands changements : rentrée des classes et mutations dans les entreprises. L’arrivée de la floraison est prédite avec toutes les ressources de la science moderne. Un ordinateur analyse les données recueillies sur un échantillon d’arbre, et les températures de l’hiver pour prédire la date de fleuraison. Une page spéciale du bulletin météorologique présente l’avancée du « front des fleurs » (桜前線) sur le pays. Celui-ci envahit le pays par le sud, et, de mars à avril, remonte les principales îles japonaises. Tokyo (東京)et Kyoto (京都) fleurissent en général dans les premiers jours d’avril. Dans le nord du Japon et les montagnes, la saison se prolonge jusqu’en mai. Les arbres peuvent rester fleuris une semaine au même endroit. Mais une pluie ou un vent fort perturbent parfois les calculs les mieux établis en faisant tomber soudainement tous les pétales. La plupart des arbres actuels appartiennent à la variété Somei Yoshino (染井吉野), mise au point à Toshima (豊島), un quartier de Tokyo, au 19e siècle. Tous identiques, les arbres fleurissent toujours au même moment.





Les plus anciennes chroniques du Japon mentionnent la contemplation des fleurs ou « hanami » (お花見). Les cerisiers en fleurs sont un loisir sérieux, et l’on ne conçoit pas un jardin ou un bâtiment public sans un arbre qui émerveillera le printemps venu. Les dilettantes se contentent d’une promenade dans le parc du quartier, ou mieux, dans un jardin ou un temple célèbre. Ceux-ci comptent parfois plusieurs milliers d’arbres, souvent éclairés la nuit, et de longues file d’attentent accablent les visiteurs qui souhaitent admirer un endroit connu. Le véritable amateur aura réservé plusieurs jours avant son emplacement sous les arbres en fleur à l’aide d’une feuille de plastique déposée sur le sol, et marquée de son nom et de l’horaire de sa venue, et réunira ses amis, ses collègues ou sa familles à l’heure dite pour une « fête sous les cerisiers » . Les jeunes salariés qui souhaitent prouver leur dévouement à l’entreprise se lèvent parfois à l’aube pour retenir le meilleur emplacement et y recevoir ses collègues

Le moindre carré de pelouse sous les arbres se retrouve envahi d’un peu poétique plastique bleu. L’atmosphère n’est pas contemplative, et les convives font honneur aux victuailles et alcools apportés pour l’occasion. De nombreuses boutiques vendent brochettes et boissons, dans une joyeuse atmosphère de kermesse. Un karaoké portable nasillard rajoutera une touche élégante à la fête, qui au bout de quelques heures et quelques dizaines de canettes de bière sera un florilège de blagues d’alcooliques et de rires gras . Le proverbe japonais ‘plutôt des gâteaux que des fleurs’ (花より団子) semble bien décrire la situation.

Si en Chine, la fleur de cerisier est le symbole de la féminité, les sakuras rappellent aux japonais la fragilité de la vie, et la douce nostalgie du temps qui passe (物の哀れ,). Les yakuzas (mafia japonaise) s’associent à ces fleurs qui rappellent leur existence brève et agitée, et ont souvent un tatouage à leur motif. Les pétales rosées étaient parfois peints sur les chasseurs de la seconde guerre mondiale. Les cerisiers sont en effet un symbole du Japon, et, à ce titre, ornent la pièce de 100 Yens. La diplomatie japonaise les a mis à contribution lors du double don d’arbres faits aux Etats-Unis en 1912 et 1965 pour célébrer l’amitié entre les deux pays. Les cerisiers ornent maintenant la région de Washington, et leur fleuraison y est un évènement local.

Les arbres de sakuras sont un cousin des cerisiers classiques (さくらんぼ), et ne portent pas de fruit. Les feuilles et pétales sont par contre conservées dans le sel pour servir de condiment. Ils apparaissent ainsi dans de nombreuses pâtisseries de saison modernes ou traditionnelles. Les sakura-mochi, un gâteau de riz entouré d’une feuille conservée dans le sel. se mange en particulier le jour des filles (3 mars). Comme tous les plats au Japon, il existe des variantes régionales : la feuille de sakura entoure ainsi une boule de riz dans la région de Kyoto, le kansai (関西), une crêpe roulée dans le Kanto (関東). Des infusions de sakuras (sakura-yu ) sont aussi servis aux jeunes mariés dans les mariages traditionnelle, la fleur étant de bon augure. Leur motif délicat orne aussi faïences et kimonos, et donne une touche printanière et fraîche à ces objets.

Le visiteur n’aura aucun mal à trouver des arbres en fleurs, tout parc ou bâtiment public en est pourvu. Une randonnée dans les montagnes à la bonne saison offrira au marcheur des arbres en fleurs dans un cadre somptueux. Nous pourrions écrire des pages sur les mérites relatifs des différents sites de Sakura. Les endroits suivants sont des valeurs sûres:

  • Le parc d’Ueno à Tokyo (上野公園) à proximité de la gare d’Ueno (上野駅) desservie par les trains JR ainsi que les métros ligne Hibiya (日比谷線) et Ginza (銀座線). Ce vaste parc, qui comprend aussi le musée national japonais, est envahi de promeneurs et de fêtards pendant la floraison.
  • Le parc d’Inokashira (井の頭公園) à proximité de la gare de Kichijoji (吉祥寺駅) desservie par la ligne JR Chuo (中央線) et Keio Inokashira (京王井の頭線). Ce charmant parc est situé dans une banlieue chic de Tokyo. Il est possible de faire une ballade sur le lac bordé d’arbres en fleur dans des pédalos en forme de cygne. Il se murmure que la déesse locale s’évertue à séparer les couples qui montent sur ces embarcations. Le promeneur superstitieux adaptera donc son itinéraire en fonction de ses désirs du moment.
  • Le parc de Shinjuku Gyoen (新宿御苑) à proximité de la gare de Shinjukugyoen-mae (新宿御苑前) desservie par la ligne de métro Marunouchi (丸ノ内線). L’entrée est payante (200 Yens, 1.20 Euro).
  • Les bords de la rivière meguro (目黒川) près de la gare de nakameguro (中目黒駅) desservie par les lignes Toyoko (東横線) de la compagnie Tokyu (東急) et la ligne Hibiya (日比谷線) du métro. Cette rivière étroite est entièrement recouverte de pétales pendant la saison. L’endroit est exigu, et peu adapté aux pique-niques.
  • Le temple de Kyomizudera (清水寺) à Kyoto situé à 20 minutes de marche de la station Gojo (五条) sur la ligne Keihan (京阪線). La superbe terrasse en bois du temple surplombe une mer de cerisiers avec une superbe vue sur toute la ville et des illuminations impressionantes le soir. L’entrée est payante (700 Yens, 4.20 Euros) , et le pique-nique n’est pas autorisé.
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samedi 8 mars 2008

Le petit train de la vallée d’Oigawa

Les japonais font les choses sérieusement, et les amateurs de train en sont un bon exemple. Il existe ainsi un concours qui consiste à réciter par cœur les horaires de train de tout le pays. Certains extrémistes vont jusqu’à camper des heures en bordure de voie ferrée avec un trépied et un téléobjectif pour prendre en photo un convoi rare. Le matériel roulant est très varié car les compagnies de chemin de fer font souvent fabriquer spécialement un modèle de train pour un service particulier, comme le Narita Express. Pour le modéliste, les trains miniatures sont également d’ excellent qualité, et souvent peu onéreux. Les vendeurs des boutiques spécialisées donneront des conseils avisés sur les wagons à associer à telle ou telle locomotive afin de ne pas commettre une faute de goût irréparable.



Nous partons aujourd’hui pour une excursion ferroviaire dans la vallée d’Oigawa (大井川), préfecture de Shizuoka (静岡), à mi-chemin entre Tokyo (東京) et Nagoya (名古屋). La rivière Oigawa prend sa source dans les Alpes du Sud (南アルプス), au pied de pics de plus de 3000 mètres, et se jette dans l’Océan Pacifique 168 km plus tard. Son passage à pied était un des plus mauvais souvenirs de l’antique route du Tokaido(東海道).

L’histoire moderne de la vallée est celle de l’industrie hydro-électrique. Le chemin de fer que nous empruntons a d’ailleurs été construit à partie des années 20 pour transporter les matériaux de construction des barrages. L’intégralité de la ligne fut ouverte au public en 1954, peu avant la construction du barrage d’Ikawa. Dans les années 60, la fin des grands travaux et le développement du réseau routier mit à mal cette petite ligne locale, qui ne survécut que grâce aux aides publiques. Dans les années 70, les lignes principales du Japon abandonnèrent la vapeur. Le chemin de fer d’Oi-gawa (Dai-tetsu大鉄) racheta alors deux locomotives à vapeur d’occasion (appelées SL pour « Steam Locomotive »). A partir de 1976, ces engins ont commencé à tracter des trains touristiques sur la ligne. La compagnie s’inspira de la ligne partenaire du « Brienz Rothorn Bahn » qui maintient un service intégralement à vapeur en Suisse. Les touristes ainsi attirés fournirent une bouffée d’oxygène à l’entreprise qui sortit du rouge dans les années 80. La crise économique japonaise de 1990 n’épargna pas le chemin de fer, qui survécut principalement grâce aux subventions de la compagnie d’électricité du centre du Japon.

Aujourd’hui, la ligne d’Oikawa est la seule au Japon à proposer un service presque quotidien de trains à vapeur, et deux ou trois services par jour en pleine saison. Ils permettent de parcourir en 80 minutes les 40 premiers kilomètres de la ligne entre Kanaya (金谷) et Senzu (千頭). Le convoi est tiré par une des 5 locomotive à vapeur en service, parfois aidé d’une vieille locomotive électrique, les voitures sont aussi d’époque, et donnent une bonne idée du confort spartiate des transports il y a 30 ou 40 ans. Une voiture en tatami est disponible pour les sorties (arrosées) de groupe. Avant de monter à bord, l’on aura pris soin d’acheter un « loco-bento », beau pique-nique décoré d’une locomotive à vapeur, pour les petites faims en route. La promenade est fort agréable, d’abord entre les champs de thé, puis dans la vallée en bordure de la rivière. La locomotive rythme la promenade du bruit de la vapeur sous pression, et l’odeur subtile d’huile et de charbon donne tout son cachet au voyage.


Une fois arrivé, il faut admirer en gare la très belle mécanique de ces engins maintenant oubliés, mais qui furent en leur temps le moteur de la révolution industrielle. Les locomotives brûlent du bois ou du charbon dans leur foyer, et la chaleur dégagée sert à chauffer de l’eau, qui se transforme en vapeur sous pression. La vapeur est ensuite chauffée une deuxième fois pour atteindre plus de 300 degrés et une pression encore plus forte. Puis, la vapeur est transmise aux pistons, des cylindres sur le côté de l’engin. Ces cylindres transmettent la force motrice aux roues à travers les bielles, superbe mécanisme d’horlogerie entièrement visible. Les locomotives à vapeur ne disposent pas de boîte de vitesse, et la seule façon d’atteindre une vitesse importante est donc d’avoir de grandes roues, qui se trouvent toujours à l’extérieur du chassis. Si le train de la vallée d’Oikawa est un peu poussif, la superbe « Mallard » anglaise a atteint jusqu’à 200 km.h dans les années 30.



Le voyageur regrettera toujours d’être arrivé trop tôt à Senzu, mais la promenade peut se prolonger sur la deuxième partie de la ligne, un petit train électrique qui parcourt la voie étroite et pentue jusqu’au terminus de Ikawa (井川). La promenade dans cette vallée encaissée est très spectaculaire. Le point d’orgue est le passage d’un vertigineux viaduc au dessus de la retenue du barrage de Nagashima (長島ダム).


La vallée d’Oigawa n’est pas aussi touristique que la péninsule d’Izu (伊豆半島), mais le visiteur pourra combiner la poésie des bielles et des pistons avec une randonnée dans les montagnes proches, et une visite dans un Onsen de la vallée. Ce sont autant d’occasions de prolonger le week-end dans les environs.

Vous pouvez continuer votre lecture à Shizuoka, au pied du Mont Fuji.

Renseignements pratiques

Accès à Kanaya depuis Tokyo : Prendre le Tokaido Shinkansen Hikari (東海道新幹線ひかり) jusqu’à Shizuoka (静岡). Attention, seuls certains Hikaris s’arrêtent à Shizuoka (un par heure). A la gare de Shizuoka, prendre la ligne Tokaido (東海道本線) en direction de Hamamatsu (浜松), et s’arrêter à Kanaya (金谷). 6490 Yens, Environ 2 heures.


Compagnie de chemin de fer d’Oigawa (大井川鉄道): http://www.oigawa-railway.co.jp/


Convois de train à vapeur entre Kanaya et Senzu : 2370 Yens (14,50 Euro), y compris 560 Yens de supplément vapeur : départ de Kanaya entre 10 :00 et 12 :00 suivant les jours, places réservées uniquement, réservation par téléphone, internet, ou le jour du départ en gare. En semaine, il n’est souvent pas nécessaire de réserver à l’avance. L’horaire de retour des trains à vapeur n’est pas toujours pratique (départ de Senzu de 14 :16 à 15 :23 suivant les jours). Il est aussi possible de monter à bord d’un des services réguliers pour rentrer à Kanaya. Dernier départ de Senzu par train électrique pour Kanaya à 19:56


Ligne d’Ikawa entre Senzu et Ikawa: 5 trains par jour, premier départ de Senzu à 9 :23, dernier départ à 13 :45, environ 1h45 de trajet. Dernier départ d’Ikawa à 15 :48. 1280 Yens (7.80 Euros) entre Senzu et Ikawa. Site de la ligne : http://www.ikawasen.jp/


Un service de bus relie les gare de Senzu (千図) et Okuizumu (奥泉) aux Onsens proches de SumataKyo (寸又峡温泉). La compagnie de chemin de fer propose des formules combinées nuit à l’onsen et train à vapeur pour 9980 à 11980 Yens (60 à 72 Euros) en demi-pension.


Boutique de trains miniatures Tenshodo (天賞堂)  4-3-9 Ginza, Chuo Ku, Tokyo 〒104-0061 東京都中央区銀座4-3-9 TEL:03-3562-0025, ouvert tous les jours sauf le jeudi de 11:00 à 19:30. Accès par la gare de train Yurakucho (有楽町) ou la station de métro Ginza (銀座)



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samedi 1 mars 2008

Titre de séjour en France pour un conjoint japonais

Suite à plusieurs demandes, ce témoignage explique le parcours suivi par un conjoint japonais de citoyen français pour obtenir un titre de séjour à Paris. Le préalable nécessaire à ces démarches est l’obtention par le conjoint japonais d’un visa de « famille de français » à l’ambassade de France au Japon. Même si le mariage a été célébré en France, il est nécessaire pour le conjoint japonais de retourner au Japon pour obtenir le visa. Si le mariage a été célébré au Japon, il doit avoir été transcrit sur les registres de l’état-civil français avant la demande de visa. Parmi les documents demandés, il est nécessaire de présenter l’original de la carte d’identité (ou un certificat de nationalité française obtenu auprès d’un tribunal d’instance) du conjoint français. Si le conjoint habite en France au moment de la demande de visa, il devra donc se séparer de sa carte d’identité pendant plusieurs semaines, et s’assurera d’avoir un autre titre d’identité disponible (idéalement un passeport valide, mais un permis de conduire suffit dans la plupart des cas).


Une fois le visa obtenu, le conjoint japonais se rendra en France dans les 3 mois. Les billets d’avion aller-simple sont hors de prix (par exemple 415.000 Yens taxes comprises sur Air France pour un billet en mars 2008). Vous pouvez probablement vous organiser avec un billet aller retour beaucoup moins onéreux. Ainsi un billet Air France aller-retour avec un départ en mars 2008 ne coûte que 130.000 Yens taxes comprises pour un séjour de deux semaines. N’hésitez pas à utiliser les offres promotionnelles. Air France offre ainsi un tarif à seulement 100.000 Yens l’aller-retour en avril 2008. Une autre possibilité est d’obtenir un billet aller-simple avec les programmes de fidélité des compagnies aériennes. Un aller-simple entre le Japon et la France sur Air France peut s’obtenir avec seulement 40.000 « miles ».

Une fois à Paris, le conjoint de japonais devra se présenter au commissariat de police correspondant à son arrondissement dans les 2 mois. Le commissariat compétent n’est pas forcément celui de votre quartier, et en mars 2008, 2 commissariats, un situé dans le 17è, l’autre dans le 14è, permettent d’effectuer les démarches. Tous les détails sont sur le site de la préfecture de police de Paris. Le conjoint y obtiendra ainsi un titre de séjour provisoire « récipissé de demande de carte de séjour» valable 3 mois et un rendez-vous à la préfecture de police pour le dépôt de la demande de titre de séjour plusieurs semaines plus tard.

Lors du rendez-vous à la préfecture, la présence du conjoint français est nécessaire. Parmi les documents nécessaires, il est demandé des « preuves de communauté de vie ». Les documents préférés de l’administration sont les preuves de compte communs, les baux de location aux deux noms, l’inscription du conjoint étranger à la sécurité sociale du conjoint français (carte vitale…), les déclarations d’impôt communes. Les couples franco-japonais venant juste de s’installer en France n’ont souvent pas tous ces documents, et l’administration se montre compréhensive même si les documents présentés ne sont pas très convaincants (dans le cas de l’auteur de cet article, quelques billets d’avion communs). Les autres documents nécessaires sont principalement la preuve de mariage (livret de famille), les documents d’identité des 2 conjoints, ainsi que les preuves de domiciles (factures EDF / GDF…). A la préfecture, un rendez-vous sera donné quelques semaines plus tard à l’ANAEM quelques semaines plus tard.

Le rendez-vous à l’ANAEM (Agence Nationale de l’accueil des étrangers et des migrations) prend un demi-journée. Le conjoint japonais subira un examen médical, ainsi qu’un entretien pour déterminer son niveau de français. Il ne s’agit pas ici de tester le français littéraire, mais de vérifier que le conjoint étranger est capable d’effectuer des démarches de la vie courante par lui-même. Si le niveau de français n’est pas suffisant, des cours gratuits et obligatoires seront imposés. Le conjoint obtiendra enfin son précieux titre de séjour (valable 1 an) contre le paiement d’un timbre ANAEM. Il recevra aussi une convocation pour un cours obligatoire d’une journée de « formation civique » quelques semaines plus tard.


La procédure de renouvellement du titre de séjour est plus simple. Il est recommandé de téléphoner au standard de la préfecture de police 2 ou 3 mois avant l’expiration du titre pour obtenir un rendez-vous à la préfecture de police. Il y a souvent 1 ou 2 mois d’attente. Les pièces nécessaires sont les mêmes que pour la première demande de visa. Pour le renouvellement, il sera alors nécessaire de présenter des vraies preuves de communauté de vie. Le conjoint recevra alors un titre de séjour provisoire « récipissé de demande de carte de séjour» valable 3 mois, ainsi que la data à laquelle il pourra venir chercher son nouveau titre de séjour à la préfecture de Police, contre le paiement d’un timbre ANAEM.

Changement d'adresse (ajout le 14 novembre 2008)

En cas de déménagement, il est obligatoire de déclarer le changement d’adresse des ressortissants étrangers dans les 8 jours suivant le déménagement. A Paris, cela s’effectue auprès du commissariat de police du quartier (UPQ) sans rendez-vous et les commissariats sont souvent ouverts tard le soir (jusqu’à 20 heures). Il est par contre nécessaire de réunir un nombre important de documents :


  • les avis d'imposition des 3 dernières années;

  • une preuve de domicile (par exemple une facture EDF à l’adresse du nouveau logement);

  • un certificat d’assurance du nouveau logement;

  • le bail ou le titre de propriété du nouveau logement;

  • un certificat d’inscription à la sécurité sociale (carte vitale).

Visa dispensant de demande de la carte de séjour(mise à jour au 16 septembre 2009)

Il existe maintenant une procédure simplifiée permettant d'obtenir un visa dispensant de la demande de carte de séjour en préfecture. Il faut pour cela remplir un formulaire additionnel lors de la demande de visa, et l'envoyer à l'OFII (successeur de l'ANAEM) à l'arrivée en France.

Plus de détails sur sont disponibles sur le site de l'OFII

Avertissement : les procédures administratives évoluent. La lecture de ce témoignage ne vous dispense pas d’une recherche circonstanciée auprès des autorités compétentes.

Achat de billets Air France depuis le Japon : http://www.airfrance.co.jp/
Site de l’ANAEM : http://www.anaem.social.fr/
L'organisation a été maintenant remplacée par l'OFII (http://www.ofii.fr/)

Préfecture de police de Paris : http://www.prefecture-police-paris.interieur.gouv.fr/ La procédure en détail est expliquée en suivant le lien « Delivrance de documents / Ressortissants étrangers» puis « titre de séjour » et « autre catégorie ».

Ambassade de France au Japon : http://www.ambafrance-jp.org/

Enfin, un autre article de ce blog donne quelques conseils pour réussir un couple international avec un conjoint japonais.

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