Le spectacle est surprenant. En hiver et au début du printemps, de nombreux cars quittent les centre-villes et se rendent dans de petits villages de campagnes. Souvent, sur le parking, de charmantes dames avec un beau chapeau en forme de fraise les accueillent, sans doute les filles et tantes du paysan réquisitionnées pour la pleine saison. Une fois descendu du car, ils reçoivent un gobelet de lait sucré, et s’enferment pendant 20 à 30 minutes dans des serres en vinyle. Il s’agit du rituel de l’Ichigo Gari (苺狩り), ou l’orgie de fraises.
Les japonais cultivent les fraises sous serre pendant l’hiver. L’ensoleillement souvent excellent de cette période, et les températures plutôt clémentes permettent aux marchés du pays de recevoir, dès la mi-janvier, ces délicieux fruits souvent dégustés en patisserie. Une des plus populaires est l’Ichigo Short cake (苺ショートケーキ), une sorte de fraisier. De nombreuses japonaises considèrent que la fraise est le plus « mignon » des fruits, le caractère fraise (苺) est d’ailleurs depuis quelques années autorisé pour les prénoms, et semblent connaître un certain succès : quoi de plus mignon que de nommer Ichigo-chan sa petite fille.
Toutefois, les vrais amateurs se rendent dans les Ichigo Gari à la campagne. On peut en effet privatiser sa section de serre, environ 1 mètre par personne, soigneusement délimités par l’huissier aux fraises. Celles-ci poussent souvent sur de petites terasses artificielles sur deux ou trois rangées. Les plants donnent des fruits en continu pendant la saison, et lorsque l’on déguste ses fraises, on peut souvent voir d’autres tiges en fleur. Ce n’est pas bon marché puisqu’il en coûte souvent environ 1800 Yens (15 Euros) par personne.
Les fêtards disposent alors de 20 à 30 minutes pour ravager la récolte, en se remplissant la panse de ces délicieux fruits. L’auteur de ce blog en a mangé une bonne soixantaine de taille respectable. Même avec ce bon apétit, le tarif d’entrée peut sembler important. Mais les fraises mangées sur l’arbre sont beaucoup plus goûteuses, et sucrées, que celles du commerce, car elles ont muries sur leur tige, et pas dans les méandres des circuits de distribution des supermarchés.
Les amateurs de fruits peuvent aussi se rendre au Budogari (ぶどう狩りraisin à volonté, entre août et septembre), kinokogari (きのこ狩り, champignons à volonté, à l’automne), nashigari (梨狩りpoires à volonté, entre août et novembre), ou miikangari (みかん狩り, en hiver), mais ceux –ci sont plus confidentiels. Les sakuranbogari (さくらんぼ狩り, cerises à volonté) ont par contre plus de succès. On se prend à rêver qu’avec la crise, certains agrigulteurs français organiseront des journées « open verger » dans nos plus beaux terroirs : abricots et pêches du sud de la France feraient des « gari » fabuleux.
Informations complémentaires
Le site Rurunbu (http://www.rurubu.com/season/winter/ichigo/) présénte une liste importantes de « spots » d’Ichigo Gari. Le site « mapple » (http://www.mapple.net/sp_mikaku/kaki.asp) présente quelques adresses de gari. La pleine saison des Ichigo Gari est de janvier à mars autour de Tokyo.
Le site Rurunbu (http://www.rurubu.com/season/winter/ichigo/) présénte une liste importantes de « spots » d’Ichigo Gari. Le site « mapple » (http://www.mapple.net/sp_mikaku/kaki.asp) présente quelques adresses de gari. La pleine saison des Ichigo Gari est de janvier à mars autour de Tokyo.
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