Les villes japonaises comprennent toutes leur bas quartier, appelé Shitamachi (下町). Une classe populaire, souvent agée y vit, avec ses magasins désuets, ses cantines, et ses rues commerçantes qui se dépeuplent peu à peu, souvent affublées du nom un peu pompeux de Ginza (銀座). On les appelle « Shutter-gai » (シャッター街), les rues des volets fermés. Ces jardins, soumis à l'imagination de leur propriétaires, sont changeants. Ils le sont aussi car ces quartiers à la population âgée sont probablement en train de disparaître. Ils seront remplacés par de grands immeubles offrant des appartements confortables, sûrs, avec des parkings et des terrasses qui se couvriront aussi certainement de pots de fleur, mais l'atmosphère sera différente.
Les habitants de Shitamachi sont certainement modestes, mais intégrés dans la société. La délinquance y est quasiment inexistante. Il n'est pas rare que les portes soient entrebâillées sur la rue, et que les commerçants s'absentent dans l'arrière boutique de leur magasin en laissant leur boutique ouverte. Je leur suspecte parfois de faire la sieste, surtout par les lentes après-midi de plein été. L'atmosphère y est plutôt joyeuse, et l'on discute parfois de sa fenêtre directement avec les voisins aussi restés chez eux du temps, ou des derniers racontars du village. Il faut dire que la maison suivante est parois à 30 centimètres de celle des voisins: on pourrait se passer le sel de fenêtre à fenêtre.
Ces jardins sont conçus autour de petits espaces. Il s'agit parfois seulement de bordures d'une dizaine de centimètre de large autour des maisons, et, pour les plus ambitieux, un petit lopin de cinq mètres carrés. Certains créent aussi une petite terrasse en ferraille sur le toit de leur maison. Il s'agit alors d'aménager au mieux, en installant de nombreux pots de fleurs, parfois à même le trottoir. On trouve parfois d'anciennes baignoires pour bébé ou d'autres récipients de plastiques originaux. Les pots sont parfois protégés de bouteilles en plastique transparentes remplies d'eau qui effraient les chats qui pourraient sinon renverser les plantes. Les habitants y cultivent des plantes robustes comme les aloès.
Les jardins des temples japonais sont les plus connus à l'étranger, mais ces éphémères créations des allées des villes basses sont tout aussi touchantes. Elles rendent agréables des quartiers qui sont souvent un peu isolés et défraîchis. Ces quartiers sont maintenant le lieu de promenade privilégié des « bobos » japonais, et aussi parfois de l'auteur de ce blog.
Après plus de deux ans d'Uchimizu (打ち水), cet article est un bon endroit pour expliquer le sens de ce mot en japonais. Il s'agit en fait d'une coutume populaire japonaise que l'on rencontre encore fréquemment, en particulier dans les bas quartiers. Elle consiste à jeter de l'eau dans la rue en été, souvent en fin de journée, pour rafraichir l'atmosphère. Si cela n'a pas l'efficacité violente d'un air conditionné, l'énergie nécessaire pour évaporer l'eau fait effectivement baisser la température de quelques degrés.
Informations complémentaires
Les photographies de cet article ont été pris respectivement dans les quartiers de Tsukishima (月島 2 clichés) et Nakaya (中谷, 1 cliché) à Tokyo, ainsi qu'à Shimizu (清水) près de Shizuoka (2 clichés), et Kagurazaka (神楽坂), également à Tokyo (1 cliché).
Les photographies de cet article ont été pris respectivement dans les quartiers de Tsukishima (月島 2 clichés) et Nakaya (中谷, 1 cliché) à Tokyo, ainsi qu'à Shimizu (清水) près de Shizuoka (2 clichés), et Kagurazaka (神楽坂), également à Tokyo (1 cliché).
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