samedi 17 mai 2008

Le Japon, le pays où la vie est moins chère

Durant la bulle économique des années 80, le Japon avait les prix les plus élevés. Dans l'euphorie générale, les entreprises vendaient leurs produits au plus cher, en jouant au mieux des marques et des modes. Puis, dix années de crise économique ont suivi, durant lesquelles les sociétés ont du se battre pour survivre. Beaucoup ont réduit leurs frais au maximum dans le but de faire baisser les prix. Tout n'est pas devenu bon marché. Le terrain, rare, est toujours onéreux. Les logements, reconstruits à chaque génération, sont un gouffre financier, et les autoroutes tout en pont et en tunnel coûtent deux à trois fois le prix français. Toutefois, de nombreux produits et services sont maintenant offerts à un prix bien inférieur à la France, avec souvent une qualité de service bien meilleur.
Nous allons prendre l'exemple d'une demi journée dans le Kansai (関西). Cette région regroupe dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres le grand centre économique d'Osaka(大阪), le port chic de Kobe (神戸), et les deux villes touristiques de Kyoto (京都) et Nara(奈良). Il ne s'agit pas de campagne profonde, mais d'un endroit qui se compare en population et en richesse avec la région parisienne.
La journée a commencé à l'hôtel. Nous avons réservé une chambre double dans un « business hotel », un établissement occidental conçu pour les voyages d'affaires. L'établissement en plein centre d'Osaka, probablement récent, est très propre. La chambre est comparable à celle d'un hôtel deux étoiles, mais comprend une connexion Internet haut débit gratuite, un nécessaire de toilette complet, ainsi qu'une robe de chambre pour la soirée. Un buffet de petit déjeuner est proposé dans le hall de l'hôtel tous les matins. Le prix pour une nuit est de 8700 Yens (54 Euros) pour une réservation à l'avance par internet. A titre de comparaison, l'hôtel Ibis Montparnasse propose une chambre à 82 Euros avec 8 Euros de petit-déjeuner par personne, soit un coût total de 98 Euros. Pour ce prix-là, la connexion Internet n'est pas comprise, et aucun nécessaire de toilette n'est proposée.
Puis, nous sommes partis pour un peu de shopping dans le centre d'Osaka. Ayant besoin de nouvelles lunettes, je me suis rendu dans le magasin « Alook ». Ce magasin moderne propose des lunettes de vue. Le service est rapide : la monture choisie, le vendeur propose soit des verres identiques aux lunettes portées, soit de tester la vue. Il fait essayer les verres, puis prépare les lunettes, qui sont prêtes une heure plus tard. Le prix est de 5050 Yens (31.5 Euros) pour des verres organiques classiques. La Générale d'optique est un des magasins de lunette les moins chères, mais son offre la plus compétitive est à 39 Euros.
Nous avons ensuite pris le train pour Kyoto. La compagnie Keihan (京阪) propose un service d’ « express spécial » (特急) qui parcourt les 50 kilomètres en 50 minutes. Il s’agit d'une ligne de centre ville à centre ville. Le train dispose de places assises dans le sens de la marche, de la climatisation. Il est évidemment ponctuel. Le service est excellent puisque des employés se trouvent sur la plupart des gares, et une personne, en plus du conducteur assure la sécurité des passagers. Le billet coûte 460 Yens (2.80 Euros). La ville de Cergy n'est qu'à 40 kilomètres de Paris, mais le billet de train pour la capitale coûte 5.60 Euros, et l'on n'ose parler de confort, de ponctualité et de climatisation dans les trains de banlieue de la région parisienne.
Après notre arrivée à Kyoto, nous avons décidé de manger une des spécialités locales, et nous sommes rendus dans le restaurant gastronomique sosoan (爽草庵) à proximité d'un des temples les plus célèbres du pays, le pavillon d'argent (銀閣寺). Il sert tous les midis un déjeuner gastronomique sur le thème du tofu : Les entrées comprennent un filet de poisson grillé, une omelette japonaise, et une bouchée à la vapeur. Le plat principal est une casserole de tofu (豆腐) accompagnée de riz, et de soupe de miso. Le dessert est une gelée au vin blanc accompagnée de fraises. Dans un cadre reposant, le service est rapide et attentionné. Il comprend notamment un verre d'eau fraîche et une serviette chaude à l'arrivée, ainsi que de l’excellent thé à volonté durant le repas. Le prix du menu est de 2500 Yens (15.6 Euros). En comparaison, la brasserie Flo à Paris propose des formules déjeuner à 25 Euros.
Les exemples données ici ne sont pas les plus extrêmes. Nous aurions pu parler des nombreuses formules de restauration rapide et bon marché comme les menus équilibrés de la chaîne Otoya (大戸屋) environ 700 Yens pour un menu de poisson grillé mangé au restaurant, ou le fast-food yoshinoya (吉野家), et ses bols de riz à la viande autour de 400 Yens. Nous n'avons pas évoqué non plus le matériel photographique souvent beaucoup moins cher au Japon.
Ces prix bas ont plusieurs raisons. La TVA n'est que de 5% au Japon, et les charges sociales sont beaucoup plus faibles, en particulier pour les jobs étudiants et temporaires. La compétition est souvent plus intense au Japon. Il existe ainsi 4 compagnies de chemin de fer reliant Kyoto a Osaka (Keihan, JR, Kintetsu et Hankyu). La FNAC française a de nombreux équivalents au Japon : Yodobashi Kamera, Big Kamera, Ishimaru, Yamada Denki pour ne citer que les principaux. Cela n'explique certes pas tout, et l'on se demande si la France, ou l'Angleterre encore plus coûteuse, n'aurait pas besoin de quelques années de crise pour revenir sur terre.
Vous pouvez continuer votre lecture par cette introduction au Japon.
Note : cet article n'a pas pour but de pointer du doigt les entreprises françaises choisies ici, qui sont probablement, à part la RATP, parmi les plus compétitives de leur secteur, et qui n'ont pas forcément les mêmes contraintes que leurs collègues japonais.
Sosoan 爽草庵 京都市左京区浄土寺下南田町129 Shimominamidacho Jodoji Sakyo-ku Tel : 0757713617. A proximité du Ginkakuji (銀閣寺), et 20 minutes à pied de la gare de Demachiyanagi (出町柳).
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jeudi 1 mai 2008

La cueillette des pousses de bambou

Les bosquets de bambou (竹) entourent souvent les temples japonais. Les splendides jeux de lumière et le délicat bruissement des feuilles au moindre coup de vent s'accordent bien à l'esprit des lieux et incitent à la méditation. Cette plante exceptionnelle a aussi des usages moins spirituels. Il est le végétal a la croissance la plus rapide, atteignant parfois un mètre par jour. Cela a inspiré des méthodes de torture ignobles à certains peuples asiatiques, sur lesquelles il n'est pas nécessaire de s’étendre. Très résistant et léger, le bambou est aussi utilisé en Chine pour construire les échafaudages pour la construction de gratte-ciel. Les pousses de bambou (竹の子) sont un met délicat et printanier au Japon. Elles se cueillent en avril. Nous partirons donc aujourd'hui dans la péninsule de Boso (房総半島) près de Tokyo équipés d’une bêche, d'un grand panier, et de gants.
Certaines espèces de bambou fleurissent seulement tous les cinquante ans. Cet évènement a des conséquences importantes dans les sociétés agricoles, car l'abondance de fruits de bambous mène à une multiplication des rongeurs qui ravagent souvent les récoltes. La mort simultanée des bambous adultes après la floraison prive souvent l'artisanat local de son matériau de base. Entre deux floraisons, le bambou s'étend par clonage naturel. Chaque plant crée au printemps un ou plusieurs « clones » Ceux-ci sont reliés à leur parent par la racine au début de leur vie. Les premiers jours, seule une pointe verte de 3 à 4 centimètres sort de terre. C'est à ce moment que la pousse doit être cueillie, car elle est encore tendre. Dès qu’un cône sort de terre, il est trop tard car le végétal a commencé à se solidifier.
Pour cueillir une pousse, il est d’abord nécessaire de creuser la terre sur 30 centimètres de profondeur pour dégager la pousse jusqu’à sa base. On prendra garde à ne pas abîmer la précieuse racine en bêchant. Puis, on la sépare de son parent. Pour cela, on doit déterminer la direction de la racine parentale en observant les courbures des feuilles vertes au sommet de la pousse. Les feuilles sont recourbées dans la direction du parent. Un vigoureux coup de bêche du côté du parent à la base de la pousse permet de la détacher facilement.
Une après-midi de cueillette apportera un peu d’exercice physique, et constitue un excellent prétexte pour découvrir la campagne japonaise. De nombreux bois de bambous privés proposent l’accès à leur propriété pour quelques centaines de yens. La cueillette est sportive, et les mains peu habituées au jardinage souffriront un peu. Il est indispensable de s’équiper d’une paire de gants à tout faire (軍手) que l’on peut acheter dans tous les magasins de bricolage. Un grand panier permet aussi de transporter les pousses qui sont souvent de belle taille. Une grande casserole sera aussi indispensable pour les cuire.
La cuisine japonaise assaisonne le bambou de nombreuses façon. Avant de le cuisiner, il faut d’abord faire bouillir les pousses de bambou à l’eau pendant 1 à 2 heures avec du son de riz (米ぬか). Il est nécessaire de les cuire le plus vite possible après leur cueillette pour préserver la saveur. Puis les pousses devront reposer une nuit dans l’eau de cuisson. Le lendemain, pelez la pousse pour dégager la chair de bambou.
Une recette simple est celle du riz au bambou. Lavez 3 coupes de riz (540 ml), et placez les dans le cuiseur de riz. Ajoutez 2 cuillères à soupe chacun de sake de cuisine (酒), de mirin et de sauce de soja (醤油) ainsi qu’environ 1 coupe de petits morceaux de pousse de bambou déjà précuit. Ajoutez y deux tranches de tofu frit coupé en lamelles(油揚げ), et deux cuillères à soupe de « dashi », le bouillon japonais. Rajouter de l'eau au niveau indiqué par l'appareil, et faites cuire le riz. Après la cuisson, remuer délicatement le riz pour l'aérer, et laisser reposer 30 minutes avant de servir. Ceux qui ne disposent pas d'un cuiseur automatique peuvent préparer le riz à la japonaise dans une casserole couverte à feu très doux en ajoutant le même niveau d'eau que de riz.
Vous pouvez continuer votre lecture en admirant les cerisiers en fleur.
Accès à un parc à bambou : Le parc « yamada » à Yokosuka est accessible par les transports en commun et en voiture depuis Tokyo. Il est ouvert tous les jours de 10h à 15h. L’entrée au parc est de 500 Yens par personne, et des outils sont mis à disposition gratuitement. Le parc est accessible depuis la ligne Keihin Kyuko (京浜急行), gare de YRP Nobi (野比). Il est préférable ensuite de prendre le bus en direction de TsushinKenkyusho (通信研究所) ou YokosukaShiminByoin (横須賀市民病院) et de descendre à l’arrêt « Sengen Jinja » (浅間神社). Propriétaire : M Sato Yamada 山田聡(Téléphone : 090.1530.3576. Adresse : 6-33-12 Nagesawa, Yokosuka, Kanagawa 239-0842神奈川県横須賀市長沢6-33-12). Site : http://yasai-jp.com/ . Une recherche sur internet permettra certainement à nos lecteurs de trouver d’autres adresses.
Mise en garde : Les pousses de bambou crues peuvent être très toxiques. Il convient donc d’éviter la cueillette sauvage, et de se rendre dans une exploitation de bambou sérieuse. Le prix d’entrée est souvent modique. Il est également indispensable de cuire longuement les pousses à l’eau bouillante, ce qui détruit le composant toxique. Cela est valable pour les pousses cueillies soi-même, et pour les pousses achetées en supermarché. La cuisson dégage une odeur d’ammoniac légèrement désagréable, et il conviendra donc de bien aérer sa cuisine.
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