dimanche 30 novembre 2008

Nikko sous la neige

La beauté du Japon n’est pas toujours immédiate. Comme un légume amer ou un verre de vin rouge, il faut goûter plusieurs fois à Tokyo (東京) pour apprécier réellement, derrière le béton usé, les petits recoins pleins de charme. Même Kyoto (京都), la capitale historique, mélange temples millénaires, boutiques de pachinkos et immeubles vétustes. Il existe pourtant des moments magiques, souvent éphémères : des cerisiers en fleur dans un coin de campagne désert, un temple perdu dans la forêt, ou un parc de quartier embrasé par des teintes d’automne au lever du jour. J’ai ainsi visité par un matin de février les temples de Nikko (日光) pendant une chute de neige.
La ville de Nikko est située au pied des montagnes à l’extrémité nord de la plaine du Kanto (東京), à une centaine de kilomètres de Tokyo. L’histoire de l’endroit commence au 8ème siècle quand un hermitage est fondé par un célèbre moine boudhiste. Celui-ci devient pour plusieurs siècles un lieu de formation des moines, avant de sombrer dans l’obscurité jusqu’au 17ème siècle. La ville est alors choisie pour le mosolée de Tokugawa Ieayasu(徳川家康), le général qui réussit à unifier le Japon. Il fut enterré en 1617, et c’est durant cette année que son petit fils, Tokugawa Iemitsu (徳川 家光) entreprit la construction du sanctuaire et du mausolée qui se visite encore maintenant.
Même sans le charme d’une chute de neige, Nikko est, avec Kamakura (鎌倉), un des deux sites historiques incontournables de la région de Tokyo. Son style est pourtant atypique : les monuments les plus chers au cœur des japonais ont souvent une esthétique dépouillée. Ils mettent en valeur les éléments naturels et la subtilité de la composition est primordiale. Les temples de Nikko ont au contraire été décorés jusqu’à l’excès par les artisans les plus habiles de l’époque dans des couleurs vives, et un style plutôt inspiré par la Chine. C’est sans doute pour cela que certains japonais méprisent ces temples. Pourtant, le contraste entre ces ouvrages scultés dans les moindres détails et la superbe forêt de cèdres est particulièrement agréable. L’impression laissée est sans doute plus proche de la Chapelle Palatine de Palerme que des jardins zens de Kyoto, mais l’on peut passer des heures à admirer les détails des bas-reliefs, avec une pensée pour les quinze mille ouvriers qui ont construit l’ensemble pendant deux ans. Et cinq minutes de télévision japonaise persuaderont aisément le lecteur que l’exhubérance et les couleurs sont aussi une facette de la culture du pays.
Le monument principal du site est le Toshogu(東照宮,) mausolée de Tokugawa Ieyasu. Il se situe dans une belle forêt de qui prend des airs mystérieux par temps de brouillard, ou, comme lors de cette belle matinée, sous la neige. On l’approche par un long chemin qui comprend, sur sa gauche, une pagode de 5 étages à la structure originale : son axe n’est pas fixé à terre mais suspendu, pour servir de contrepoids en cas de tremblement de terre, une solution reprise par la suite dans certains immeubles modernes anti-sismiques. Avec la neige qui tombe, on s’attend à voir surgir une horde de loups ou peut-être un Oni (ogre local) de derrière les arbres. Après avoir rejoint la première porte, on peut voir sur la gauche les 3 singes sculptés en bois représentant la doctrine boudhiste « ne pas voir le mal, ne pas écouter le mal, ne pas dire le mal ». Ils figurent dans tous les clichés japonais, et comme pour la Joconde, j’avoue avoir été légèrement déçu par la foule qui les entoure et leur petite taille.
Mais le reste du complexe est superbe, et en cette matinée enneigée, les couleurs vives apaisées par la neige laissent une impression sublime. Le contraste entre les sculptures lisses des bas-relief et la texture rugueuse de la poudreuse est saisissant. Et les éclaircies donnent aux teintes vives un éclat tout baroque que l’on a envie d’accompagner par le requiem de Mozart. La première porte du complexe est le Youmeimon(陽明門). C’est la plus riche du complexe, La légende veut qu’un des piliers soit monté à l’envers car l’artisan avait peur de rendre jaloux les dieux s’il réalisait une œuvre trop parfaite. Le mur à droite de la porte est décoré de superbes sculptures colorées surplombées de lanternes de pierre. En montant encore un escalier, on rejoint par une autre porte, la Koreimon (唐門), aussi très belle, le sanctuaire principal.
Un petit chemin sur la droite permet de se rendre au sanctuaire interne (Okusha奥社), par un escalier dans la forêt aux allures mystérieuses. Même si l’architecture y est moins spectaculaire, l’impression d’entrer dans le Saint des Saints, en l’occurrence la tombe du Shogun Tokugawa Ieyasu, mérite l’ascension. Le mausolée est d’une simplicité très japonaise qui contraste avec la décoration exhubérante du Toshogu.
Nikko est également entouré de superbes montagnes : le lac Chuzenji (中禅寺湖) formé à la suite d’une coulée de lave qui boucha la vallée, les fameuses chutes de Kegon (華厳の滝), et les marais de Senjogahara (戦場ヶ原), très agréables à partir de juin. La région mérite largement deux ou trois jours.
Vous pouvez continuer votre lecture par ce récit de l'automne au Japon.
Informations pratiques

Le site des temples est situé au bout de la rue principale de la ville après la traversée de la rivière sur une colline dans la forêt. Ceux qui arrivent par le train prendront à droite, et marcheront une trentaine de minutes ou prendront le bus (quais 1, et 2 jusqu’à la station Shinkyo神橋 (Y190, 1.60 Euro).

Il est possible de rendre le voyage beaucoup plus agréable en empruntant le service spécial « Tobu Specia » qui vous permettra de voyager en VIP à travers l’interminable banlieue nord de Tokyo (1h50, Y2720, 22.60 Euro). Un changement est parfois nécessaire à Shimoimaichi (下今市). Le voyage est plus court et les sièges plus comfortables que le train classique de la ligne Tobu (東武伊勢崎線快速, 2h04, Y1320 11 Euro départ toutes les heures environ).

Les voyageurs au budget généreux voudront peut-être passer la nuit dans le « Classic Hotel » Nikko Kaneya (日光金谷ホテル) Les autres pourront aussi se rendre dans la populaire et sympathique station thermale de Kinugawa-Onsen(鬼怒川温泉), à quelques minutes de train (de 20 à 30 minutes, correspondance à Shimoimaichi, Y300, 2.5 Euros).

La ville est aussi desservie par une gare JR, la desserte est beaucoup moins pratique: 45 minutes depuis Utsunomiya (宇都宮).

Le site de la Nikko Tourist Association (http://www.nikko-jp.org/english/) offre des informations détaillées en anglais.
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dimanche 23 novembre 2008

Couples japonais

Certains occidentaux arrivent au Japon come à une croisade, pour libérer les pauvres femmes japonaises de leurs peu galants hommes et de la société machiste. Ils viennent enfin leur apprendre l’Amouuur avec un grand A. On comprend que ce rôle auto-désigné soit flatteur, même si l’on peine parfois à voir dans les expatriés des Casanovas des temps modernes. Et la plupart de mes collèges féminins au bureau plébiscitaient aussi certaines qualités des hommes de leur pays, comme la gentillesse, l’attention et la patience, qui compensaient largement le manque de déclarations enflammées et de bouquets de rose. Loin des clichés, les couples japonais, comme ceux des autres pays, tentent d’équilibrer amour, vie matérielle, et exigences sociales, avec des contraintes différentes de celles de l’occident, mais pas forcément moins de succès.
Les histoires de couples commencent souvent à l’adolescence. Au Japon, les années de lycées sont les plus dures du système éducatif : il s’agit pour les enfants de la classe moyenne avec des ambitions d’intégrer la bonne université qui leur offrira une position enviable dans la société. La crise de l’adolescence, et la découverte de l’autre sexe, est souvent repoussée aux études supérieures, au début de la vingtaine. Ces jeunes couples restent souvent une affaire privée : il est très rare de présenter son ami(e) à ses parents avant que cela ne soit sérieux, et ce dernier n’est souvent pas des soirées entre potes. On présente souvent le Japon comme une société où le groupe est important, mais il semble que les japonais défendent avec d’autant plus d’acharnement leur « jardin secret ». Cela peut expliquer en partie le succès des « love hotels », ces établissements à la décoration tape-à-l’œil qui permettent aux jeunes couples de passer quelques heures ensemble sans que les voisins ou la famille ne soit au courant. Le Japon ne connaît d’ailleurs pas les tabous chrétiens, et s’il est fréquent d’attendre quelques semaines ou quelques mois que la relation soit sincère avant de passer une nuit ensemble, personne ne semble souhaiter différer cela jusqu’au mariage, une pratique pourtant encore en vigueur dans les milieux religieux en occident.
Une fois les études finies et l’intégration en entreprise réussie, on commence souvent à penser au mariage. Certains ont déjà rencontré leur conjoint à l’université, en particulier dans les associations étudiantes, les « cercles ». D’autres tomberont sous le charme d’un collègue de bureau. Les jeunes salariés ont souvent de longues journées au travail, et cela ne laisse pas beaucoup de temps pour trouver un conjoint. Les jeunes organisent donc des « go-kons » (合コン), soirées mixtes dans un bar avec un nombre égal de filles et de garçons choisis parmi ses amis ou ses collègues, et en espérant que quelques couples se forment. Un bon organisateur de « go-kon » est un ami précieux. Bien que la tradition se perde, il existe aussi l’ « omiai » (お見合い), les célèbres mariages arrangés organisés par les familles. On y fait tourner des « CVs » avec photos, et des rencontres sont organisées entre conjoints potentiels. J’ai surtout entendu cette parler de cette pratique par des amis habitant à la campagne, mais cela semble très minoritaire maintenant.
La cour dure quelques temps, et comprend de nombreux « dates » (デート). Les incontournables sont la fête de Noël, ou l’on sort avec son conjoint. Tous les restaurants chics sont réservés des mois à l’avance. A la Saint-Valentin, les femmes offrent des chocolats à leur bien-aimé, et lors du « White Day », un mois après, l’homme doit offrir un cadeau du double de la valeur. Beaucoup de couples ne choisissent d’habiter ensemble qu’une fois mariés, et restent dans leur logement de célibataire ou chez leur parent jusqu’au mariage.
Le mariage (kekkon, 結婚) peut se célébrer de diverses façons : il existe la cérémonie traditionnelle au sanctuaire shinto, mais les cérémonies chrétiennes, qui rappellent les films américains romantiques jusque dans le prêtre blond, ont aussi beaucoup de succès. L’anecdote veut que de faux prêtres, professeurs d’anglais ou tenanciers de bar en semaine, officient lors de la cérémonie. Le grand mariage japonais réunit la famille, les collègues de travail des mariés et des parents. Certaines jeunes couples préfèrent un mariage plus intime dans un restaurant avec seulement la famille proche et les bons amis. Le mariage à la maire est une simple formalité, qui s’effectue au guichet sans cérémonial.
Les enfants hors mariage ne sont pas encore entrés dans les mœurs au Japon, même s’il y a depuis peu égalité des enfants naturels devant la loi. La contraception est moins sophistiquée qu’en occident, la pilule est peu répandue et a mauvaise presse. De nombreux couple se marient sur un « dekichatta kekkon » (できちゃった結婚), c'est-à-dire une fois la femme enceinte. L'expression a une connotation de "mariage après une bêtise". Il est en tout cas célébré à la va-vite, souvent sans cérémonie, malgré les efforts des professionnels du mariage qui promeuvent le "sazukarikon" (授かり婚), ou mariage "inestimable", et proposent des cérémonies clés en main adaptées. Tout le monde fait semblant de ne pas remarquer qu’un enfant naîtra 6 mois après le mariage, et très souvent, à la naissance du charmant petit, tout est oublié. Je crois que la situation concerne la moitié des couples. Je me suis demandé à un moment si certains ne choisissaient pas cela volontairement pour éviter d’avoir à « négocier » le mariage avec les familles. Comme les japonais présentent peu leurs conjoints à leur famille avant le mariage, certains parents apprennent l’existence du conjoint, la naissance du futur enfant, et le mariage en même temps. Lors de la grossesse, qui est plus médicalisée qu’en France, les femmes passent traditionnellement les dernières semaines dans leur famille, en laissant le mari seul à la maison. Cela leur permet d’être « dorlotées » par leur mère, et de préparer au mieux l’accouchement. Cela peut sembler choquant, mais c'est certainement pratique.
La condition des femmes au travail est en constante évolution. Traditionnellement, les jeunes filles quittaient leur emploi une fois mariées, mais cela est très marginal maintenant. Il semble par contre qu’il soit toujours préférable de démissionner au mariage si son conjoint travaille dans la même société, ce qui n’empêche pas d’aller dans une autre entreprise. Echapper aux potins de l'entreprise est probablement une grande motivation dans ce cas. Pratiquement toutes les femmes continuent au moins jusqu’à la naissance de leur premier enfant, et beaucoup choisissent de continuer à travailler même une fois le premier enfant né. Avec la baisse de la population, le travail féminin est une nécessité pour les entreprises. Il s’agit toutefois rarement de carrières de premier ordre, ce qui incite certaines « business women » à différer le mariage jusqu’à très tard. Certains organismes, comme les hôpitaux, offrent des crèches à leurs employés, mais même dans le privé, beaucoup continuent maintenant leur carrière, en laissant leur enfant dans les crèches publiques (takujisho, 託児所). Il existe évidemment, surtout dans les grandes villes, des listes d’attente. En plus de l’émancipation, les motivations pour continuer à travailler sont aussi économiques : les salaires ont beaucoup baissé durant les années de crise et l’emploi à vie n’est pas garanti : un deuxième salaire permet de limiter les risques. Les familles et les jeunes papas sont aussi mis à contribution pour s’occuper des enfants. Le Japon a au moins un bon côté par rapport à l’Europe : il est possible de trouver des repas préparés de qualité correcte à très faible prix, que ce soit à emporter ou au restaurant, ce qui peut dispenser une femme occupée de préparer le repas familial tous les soirs.
Le Japon manque d’enfants, et certains attribuent cela, sans doute naïvement, à la faible fréquence des rapports intimes dans le couple. Les couples japonais mettent plutôt en avant le coût important que cela représente : le logement est cher. Si les restaurants sont bons marchés, les supermarchés sont plus chers qu'en Europe. La couverture sociale ne s’étend pas à tous les frais médicaux. Et surtout l’éducation est très onéreuse : les écoles et universités privées sont très répandues et ne sont pas, contrairement à la France, subventionnées. La fiscalité est aussi moins favorable aux familles qu’en France. Un enfant supplémentaire peut donc faire la différence entre une existence confortable de classe moyenne et une vie aux fins de mois difficiles. Enfin, les « career women » reporteront souvent leur mariage après 35 ans, ce qui ne favorise pas la fécondité..
La tradition veut que la femme gère les finances du couple, et laisse au mari un peu d’argent de poche (okozukai, お小遣い) pour ses besoins personnels. Il semble que cela soit encore une règle assez générale, et cela donne certainement aux femmes une place prépondérante dans les affaires domestiques. Les annonceurs s’adressent souvent plus aux femmes quand il s’agit de vendre à la famille. Le parcours éducatif est plus strict au Japon qu’en France, et il n’est pas facile de déménager en cours de scolarité des enfants : ils perdraient alors le bénéfice de leur inscription dans une bonne école. Il existe donc une situation fréquente de « couple à distance » (tanshinfunin, 単身赴任) où la femme reste dans une ville, le mari va travailler dans une autre, en rentrant au mieux tous les week-ends mais plus souvent tous les mois. Cela est bien accepté en général. Les japonais gardent en effet sans doute, plus que les européens, un peu de liberté. Il n’est pas rare de sortir entre amis ou collègues mêmes une fois mariés. Les entreprises japonaises exigent beaucoup de leurs employés, et favorisent la cohésion en organisant des soirées entre collèges, ce qui ne facilite pas la vie familiale. Ces escapades nocturnes sont toutefois moins fréquentes depuis quelques années, car les entreprises ne les passent plus systématiquement en note en frais. J’ai plus entendu parler de soirées hebdomadaires ou même mensuelles, que de beuveries quotidiennes.
Les divorces (rikon, 離婚) sont de plus en plus fréquents au Japon même s’ils restent semble-t-il un peu moins communs qu’en occident : certains couples semblent préférer le retarder jusqu’à ce que les enfants soient partis de la maison, ce qui pourrait expliquer la récente mode des « divorces de personnes âgées ». Il ne faut pas croire que tous les couples japonais sont forcément à la dérive : la plupart des couples matures que j’ai croisé semblaient heureux, ou au moins, avaient trouvé un mode de vie qui convenait aux deux conjoints. Les jeunes couples que j’ai fréquenté semblaient pour la plupart modernes, et peu différents des couples français : un ami japonais a adapté sa carrière pour favoriser celle de sa femme, et les jeunes papas semblent faire beaucoup d’efforts malgré leur travail envahissant pour s’occuper de leurs enfants.

Références

Le graphique suivant publié par les autorités japonaises indique la proportion entre les mariages arrangés (お見合い結婚) et les mariages d'amour (恋愛結婚). Celle-ci s'est inversée au milieu des années 60, et seulement 6% des mariages sont maintenant arrangés contre près de 70% dans les années 1930. lien vers le graphique

Un autre article de ce blog traite spécifiquement des couples internationaux avec un conjoint japonais.

Vous pouvez continuer votre lecture par ces conseils pour les managers expatriés au Japon
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lundi 10 novembre 2008

Les feuilles rouges

Les joies des saisons sont au cœur de la vie japonaise. Les cerisiers en fleurs au printemps sont plus connus, mais l’automne a aussi ses plaisirs : à la fin du mois de novembre, les parcs et forêts japonaises se couvrent de teintes magnifiques Plus qu’en Europe, il y a alors de belles journées ensoleillées : la lumière dans les feuilles multicolores sur fond de grand ciel bleu et d’air pur est un temps fort de l’année japonaise. Elle mérite un voyage, autant que l’été moite et ses feux d’artifices, ou le printemps et ses arbres en fleurs.
La tradition des promenades dans la forêt automnale date de l’ère héian, où le Momijigari (紅葉狩り), littéralement « chasser les érables » était un passe temps raffiné. Les érables (紅葉Momiji), en particulier les essences spécifiques au Japon, prennent une teinte rouge vif remarquable appelée Koyo(黄葉), ou "feuille rouge". Les jardins et les temples comprennent pour la plupart, en plus des cerisiers qui font le bonheur des promeneurs printaniers, quelques érables qui agrémenteront les promeneurs d’automne. Les belles teintes rouges sont d’autant plus faciles à apprécier que le temps plus frais de l’automne donne moins de liberté aux fêtards pour planter leur toile de pique-nique sous les arbres, et s’y saouler en écoutant un karaoké nasillard. L’atmosphère y est plus recueillie et mélancolique, ce qui sied parfaitement à la saison.
L’on se rendra donc de préférence dans un des beaux sites japonais avec des jardins traditionnels : une escapade à Nikko ou Hakone sera inoubliable, et c’est sans doute un des meilleurs moments pour visiter Kyoto, même si les hébergements doivent être réservés plusieurs mois à l’avance. Les temples du quartier calme d’Arashiyama (嵐山), en particulier le temple du Joojakkooji (常寂光字) proposent de superbes vues, mais un des jardins les plus fantastiques est celui du temple de Tofukuji (東福寺). Le très bel édifice de Kyomizudera (京都) sur les hauteurs de Kyoto, inoubliable à l’époque des cerisiers en fleurs, est aussi superbe à l’automne. A Uji (宇治), le temple de Mimurodoji (三室戸寺) prend aussi de superbes couleurs, Situé dans un endroit reculé, il est à l’abri de la foule. Dans le Kansai, la ville de Nara (奈良) mérite aussi une visite à cette période.
Si vous ne pouvez profiter des plus beaux jardins, ou si vous préférez une esthétique plus quotidienne, une simple promenade dans les quartiers de banlieue d’une grande ville japonaise vous fera admirer quelques superbes érables parfois coincés entre un mur, un poteau électrique et la ligne de téléphone. Le moindre petit parc de quartier avec ses deux bancs vieillots et son cheval à bascule en plastique prendra de superbes couleurs. Même ce petit square au pieds de deux immenses bâtiments en béton cubique du centre-ville mérite une visite. Le cadre est moins spectaculaire que les temples des guides touristiques, mais la poésie urbaine éphémère en est encore plus touchante.
L’automne est aussi une saison fantastique pour une promenade en forêt japonaise. La vallée d’Ome(青梅), à quelques kilomètres de Tokyo, est un endroit fantastique pour des randonnées en montagne. Vous pourrez aussi, si vous arrivez à réserver, faire un séjour dans un onsen perdu en pleine nature la nature. L’air frais de la fin d’automne rend fort plaisantes les baignades dans les rotenburo (露天風呂, piscines extérieures).
Après ces escapades dans la nature, vous serez probablement affamé, et vous pourrez déguster quelques marrons, ou un « Sanma grillé » (焼き秋刀魚), le poisson de saison, ainsi que de riz aux matsutake (松茸), un des champignons japonais les plus fameux. Les premiers frimas de la saison sont aussi l’occasion de commencer la saison des nabés (鍋), ragouts cuits sur la table dans une grande casserole (nabe en japonais) en présence des convives.
Vous pouvez continuer votre lecture par ce récit de randonnées dans la montagne japonaise.
Informations pratiques

Hébergement: les hôtels de Kyoto peuvent parfois être bondés en pleine saison. Il sera par contre toujours facile de trouver un hôtel à Osaka, qui n’est qu’à 40 minutes en train de Kyoto et 30 minutes de Nara. De même, en cas de difficulté pour réserver un hôtel à Nikko, la station thermale toute proche de Kinugawa-onsen dispose d’un important parc hôtelier.

Accès à la vallée d’Ome: Ligne Chuo (中央線) depuis Shinjuku (新宿) jusqu’à Tachikawa (立川), puis ligne Ome (青梅線), avec changement de train à Ome (青梅) pour prendre le train à destination de Oku-Tama (奥多摩). Il existe aussi des trains directs de Shinjuku à Ome.

Accès au temple Tofukuji: ligne JR Nara (JR奈良線), gare de Tofukuji (東福寺駅) ou ligne Keihan (京阪線), gare de Tofukuji (東福寺駅) depuis Osaka yodoyabashi (淀屋橋) ou Kyoto Keihansanjo (京阪三条). Entrée au temple Y400 (environ 3 Euros), adresse : 京都府京都市東山区本町15-778 Honcho tozan-Ku Kyoto-Shi Kyoto-Fu

Accès au temple Joojakkooji: 15 minutes de marche depuis la gare JR Saga-Arashiyama (嵯峨嵐山) ligne Sanyo Honsen (JR山陰本線), 20 minutes, Y230 (environ 1.7 Euros). Accès aussi possible depuis le terminus du tramway KeifukiDenkiTetstudo (京福電気鉄道) gare de Yarashiyama. Le tramway se prend sur l’avenue Shijo dans le centre de Kyoto à la gare de Shijo-Omiya (四条大宮), 22 minutes, Y200 (environ 1.5 Euros).

Accès au temple Mimurodo-Ji: 京都府宇治市菟道滋賀谷21Todo, Uji-shi, Kyoto. entrée Y500, 5 minutes à pied de la gare de Mimurodo sur la ligne Keihan Uji (京阪宇治線), correspondance à Chuushojima (中書島) depuis Kyoto ou Osaka. Depuis la gare, prendre la route perpendiculaire à la ligne Keihan et qui passe peu après sous la ligne JR, en direction des montagnes.

Les sites de météo japonaises proposent un service de prévision de l’apparition des feuilles rouges. Celui de Yahoo Japan est situé à l’adresse suivante : http://kouyou.yahoo.co.jp/. Comme pour les fleurs de cerisier, la saison se déplace du nord vers le sud. Les plus beaux ramages s’observent dans la nord du pays à partir de mi octobre. Les régions de Tokyo et Kyoto voient les couleurs les plus vives autour de fin novembre.

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