dimanche 27 juillet 2008

Du thé, des pins et un beau volcan

Située entre Tokyo et Nagoya sur la fertile côte pacifique du Japon, Shizuoka (静岡) est la dix-neuvième étape de la route historique du Tokaido (東海道) reliant Edo (江戸, maintenant Tokyo - 東京) à Kyoto (京都). Les fouilles sur le site archéologique de Toro (登呂) ont dégagé un village complet avec des rizières, signe d’occupation humaine remontant à l’antiquité. Plus récemment, le château de Sunpu (駿府城) a accueilli comme hôtage au 16ème siècle le jeune Tokugawa Ieyasu (徳川家康), futur unificateur du pays, qui choisit d’ailleurs l’endroit comme retraite après son abdication. Aujourd’hui, c’est une ville dynamique méritant une visite pour son site exceptionnel et ses produits gastronomiques.
La ville moderne compte 700.000 habitants, ce qui la classe parmi les 20 premières métropoles japonaises. Elle est bien desservie par les transports modernes, le service de shinkansen rapide Hikari s’y arrête toutes les heures. Le centre est situé à proximité de la gare de Shizuoka, et rassemble les commerces, les bureaux et les hôtels, ainsi que le site du château de Sunpu, maintenant un jardin. La ligne de train Tokaido s’arrête aussi dans la banlieue chic de Kusanagi et au port de Shimizu. Un petit train local (Shizutetsu静鉄) relie également le centre-ville (garde de Shin-Shizuoka新静岡) au port de Shimizu (gare de Shin-Shimizu新清水). Les habitants vous préciseront avec une pointe de fierté qu’il ne s’agit pas du plus petit train du Japon puisqu’il dispose de 2 voies sur l’intégralité des 11 kilomètres de la ligne, et que celle-ci est desservie par un train toutes les 5 minutes en heure de pointe. La ville a une longue tradition de manufacture de jouets, elle est le siège de Tamiya, un fabricant de maquettes en plastique connu des modélistes du monde entier.
Shizuoka est une halte intéressante sur le trajet de Tokyo à Kyoto. Le site est remarquable, et c’est aussi le climat le plus doux du Japon. La ville de Shizuoka est limitée à l’ouest par la rivière Abe-kawa (安倍川), et au nord par les premiers contreforts des Alpes du Sud(南アルプス). Le centre de Shizuoka s’est construit autout du château de Sunpu, malheureusement détruit à la fin de l’Ere Meiji, et situé juste au nord de la gare. Le site mérite la visite pour la superbe vue du dernier étage de la préfecture (en libre accès), ainsi que le très beau jardin traditionnel offrant également un pavillon de cérémonie du thé. Une aile du chateau et la porte principale ont été reconstruits suivant les méthodes traditionnelles, et les douves sont bien conservées. Le centre de Shizuoka s’étend jusqu’aux contreforts du Nihon-daira(日本平).
Nihon-Daira, un des 100 plus beaux sites du Japon (観光地百選) est un plateau vallonné recouvert de forêts offrant de sombtueuses vues du Mont-Fuji (富士山), avec le port de Shimizu en premier-plan. Le célèbre volcan n’est situé qu’à une vingtaine de kilomètres. C’est donc depuis les sites remarquables de Shizuoka que l’on aura la plus belle vue de ce symbole du Japon.
Un téléphérique relie le sommet du Nihon Daira au sancturaire de Konuzan-Toshogu (久能山東照宮) situé en surplomb du bord-de mer. Il fut construit juste après la mort de Tokugawa Ieyasu en 1617, dans un style coloré proche de celui de Nikko qui s’accorde bien à la végétation luxuriante de l’endroit. La route côtière (route 150) est un moyen fort agréable de rejoindre Shimizu. Le port naturel profite de la baie abritée par la péninsule de Miho (三保半島). Celle-ci est célèbre pour les superbes plantations de pin en bord de mer du Miho-Matsubara (三保松原) avec évidemment une superbe vue du Mont-Fuji. Le port de Shimizu a été agréablement rénové autour du « Dream Plaza », un centre commercial moderne. Du port part le Ferry vers Toi, un petit port sur la péninsule d’Izu (伊豆半島).
Le Climat de la région de Shizuoka à la réputation d’être le plus doux du Japon. Les excellentes terres de la région sont célèbres pour le thé, un des plus réputés du pays. De nombreux champs à flanc de montagne se trouvent sur les rives de l’Abekawa, et les pentes du Nihon-Zaka (日本坂), à l’ouest de la ville. Le port de Shimizu a la premières flotte thonière du pays, et le port de Yaizu (焼津), juste à l’ouest de l’Abekawa est aussi un centre de pêche important. Les restaurants de sushis de la ville proposent donc toujours un poisson de qualité. Il existe même un musée du sushi dans le « Dream Plaza » à Shimizu. La ville produit également du thon conservé dans le miso. La mer est généreuse puisque la baie de Suruga (駿河湾) produit en abondance des Sakura-ebi (桜海老), petites crevettes délicieuses en friture, et dont on fait aussi des sembés (biscuits de riz soufflés). La saison est en avril et en novembre. Les Shirasu, jeunes crevettes au goût prononcé sont aussi excellents. Si l’on se rend dans la ville au début du printemps, de février à début avril, on peut aussi profiter des « Ichigo-Gari » (苺狩り) dans les champs de fraise bordant la route entre la mer et le Nihon-Daira. Il s’agit d’une séance de « fraises à volonté » à cueillir directement dans la plantation.
Idéalement située, la ville de Shizuoka fait une excellente étape épicurienne entre la région d’Hakone / Izu et le Nagoya. L’arrivée par le ferry depuis Toi sera inoubliable par beau-temps.
Vous pouvez continuer votre lecture dans la péninsule d'Izu toute proche, un des plus beaux endroits du littoral japonais.
Détails pratiques

Accès à Shizuoka : par le Tokaido Shinkansen Hikari depuis Tokyo (1h03, Yen 6.380, 40 Euros), ou Shin-Osaka (1h50, Yen 10.780, 67 Euros), 1 train toutes les heures ; par la route : Autoroute Tomei, Sortie Shizuoka IC ou Shimizu IC.

Accès à Shimizu : par la ligne Tokaido depuis la gare de Shizuoka : 10 minutes, Yen 230 (1.40 Euros), par la ligne Shizutetsu depuis la gare de Shin-Shimizu : 20 minutes, Yen 290 (1.80 Euros).

Accès à Miho : lignes 57/58 (Miho Yamanote Line, compagnie Shizutetsu) depuis la gare de Shimizu ou le « Dream-Plaza », station « Miho-Matsubara Iriguchi (三保松原入り口), un bus toutes les dix minutes environ.

Accès à Nihon-Daira : ligne 42 (Nihondaira Line, compagnie Shizutetsu) depuis la gare de Shizuoka (plateforme 13), un bus par heure le week-end, 4 bus par jour en semaine, descendre au terminus.

Accès à Toro : ligne 10 (Ishida Kaigan) depuis la gare de Shizuoka (plateforme 4), gare de ToroIsekiIriguchi (登呂遺跡入口).

Téléphérique de Nihondaira (accès au temple de Kunosan-Toshogu : une cabine toutes les 15 minutes et 10 minutes aux heures de pointe, aller-retour Yen 900 (5.60 Euros), Yen 500 Yens (3.10 Euros) pour un aller-simple.

Il est beaucoup plus pratique, et souvent moins cher, de disposer d’une voiture pour visiter la région.
Liens utiles

Temple de Toshogu (http://www.toshogu.or.jp/)
Téléphérique de Nihon-Daira (http://www.shizutetsu.co.jp/park/guide.html#ropeway)
Horaires de bus de la compagnie Shizutetsu (http://db.shizutetsu.co.jp/bus/)

Un restaurant de sushi extraordinaire à Shimizu : Suehiro Sushi (末廣鮨): repas de midi à partir de Yen 2.000 (13 Euros), diner à partir de Yen 8.400 (53 Euros), télephone : 054-366-6083 (〒424-0815 静岡市清水区江尻東2-5-28), 5 minutes à pied de la gare de Shimizu, ouverture de 11 :30 à 22 :00, fermerture le mercredi.
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mercredi 23 juillet 2008

Courtois au Japon

Le Japon a une réputation bien justifiée de traditions complexes et de savoir-vivre subtil. Les occidentaux en voyage privés ou d’affaire sont souvent effrayés à l’idée de commettre par ignorance un sacrilège irréparable. Il est inutile de s’alarmer, car les japonais sont tolérants envers les étrangers qui commettent des impairs. La connaissance des principales coutumes vous épargnera des surprises, mais il n’est pas nécessaire de maîtriser toutes les règles sociales. Le plus important est d’adopter une attitude ouverte et de montrer du respect pour les individus et les coutumes du pays.
Les bonnes manières visent à rendre la vie en société plus facile, en évitant les conflits inutiles, et en s’assurant que l’on n’importune pas autrui. La première des prévenances est l’hygiène corporelle et la tenue. Le conseil d’un professeur d’anglais avant l’oral du baccalauréat était de « prendre une douche le matin et se laver les dents avant l’épreuve », et il avait parfaitement raison. Ceci s’applique particulièrement au Japon en été, où la chaleur humide rend la promiscuité difficile. Signalons aussi qu’il est impoli au Japon de se moucher en public, et que cet acte se pratique dans les toilettes. Il est par contre toléré de renifler jusqu’à ce que l’on puisse se vider les narines discrètement.
Il convient également d’avoir une tenue adaptée à la circonstance. L’internationalisation des habitudes vestimentaires facilite la chose. Les entreprises japonaises et les cérémonies sont toutefois souvent plus « habillées » que leurs équivalents occidentaux. Un costume cravate ou un tailleur de couleur sobre fera parfaitement l’affaire. Le « casual Friday » n’est pas répandu partout, vous vous renseignerez avant de prendre cette initiative. Dans les milieux universitaires ou de recherche, un tenue sport, pantalon de coton et chemise ou polo, sera souvent parfaitement acceptable. Entre étudiants ou le week-end, n’importe quelle tenue propre sera tolérée, mais, là encore, la sobriété permettra de passer partout.
Etre courtois, c’est aussi respecter les règles, qui sont souvent plus strictes qu’en France. Il sera donc malvenu d’allumer une cigarette dans une zone non fumeur, de téléphoner dans une zone « silencieuse », de traverser au feu rouge, ou de doubler dans une queue. Si vos interlocuteurs japonais vous font une remarque sur une coutume ou un usage mineur, vous montrerez votre faculté d’adaptation et votre modestie en vous excusant et en vous y pliant sans chercher à discuter le bien-fondé de la pratique. C’est aussi comme cela que vous assimilerez les manières locales. Vos contestations se heurteront souvent à un « C’est comme cela au Japon » qui gênera vos interlocuteurs, et vous mettra mal à l’aise. Le respect des règles est aussi de rigueur dans le seul domaine où l’on risque à tout instant de tuer : la conduite automobile. Le code de la route est le premier livre de savoir-vivre. Notons qu’au Japon, les vélos roulent sur les trottoirs. La prudence est de rigueur pour piétons et cyclistes. L’exactitude est la politesse des rois, et cela s’applique aussi dans l’archipel, où l’on ne tolère pas le « quart d’heure gaulois », que ce soit en affaires ou dans le privé. Vous serez bien avisé de construire un emploi du temps réaliste pour votre séjour qui vous permettra une ponctualité parfaite.
Dans tous les pays, un honnête homme sait écouter. Les français ont pourtant parfois le réflexe d’interrompre pour montrer leur intelligence par une remarque pleine d’esprit. Cette attitude est considérée à juste titre comme insupportable au Japon, mais aussi dans la plupart des pays anglo-saxons, vous devrez donc résister à cette tentation. Les japonais ne maîtrisent pas tous l’anglais ou le français couramment. Si vous ne parlez pas japonais, vous devrez être patient dans vos conversations en langues étrangères, car vos interlocuteurs auront sans doute du mal à exprimer leurs idées. Vous veillerez à une diction lente et claire, en évitant les expressions imagées qui peuvent troubler vos interlocuteurs. Préférez « Nous aurons bientôt résolu ce problème » à « Nous voyons le bout du tunnel », ou « Rough estimate » à « Ball-park figure ». L’humour supporte mal la traduction, il est plus sage de se contenter de plaisanteries simples. Evitez surtout les propos graveleux, en tout cas quand tout le monde est sobre ou quand des femmes sont présentes. Vous devrez vous garder du sentiment de surpuissance que vous donneront peut-être votre maîtrise de l’anglais, la flatterie de vos interlocuteurs japonais, ou même vos cheveux blonds et votre grande taille, et évitez de vous vanter, ce qui est particulièrement vulgaire.
Lors de conversations privées, les sujets polémiques sont à éviter à tout prix, surtout si vous pensez avoir raison. Il n’est pas très intelligent de débattre, même parfois avec des intimes, des crimes de la seconde guerre mondiale, de la pêche à la baleine ou des mœurs honteuses de certains marginaux, décrites souvent de façon inexacte dans les médias occidentaux. Même si votre point de vue était correct, personne n’aime recevoir de leçons d’un étranger. Cela vaut pour tous les pays, mais particulièrement au Japon, où l’harmonie sociale est valorisée. On vous répondra souvent par un silence gêné. Certains interlocuteurs accepteront toutefois la polémique. Vous pourriez bien être surpris par les arguments avancés, et vous retrouver en difficulté. Dans la plupart des domaines, l’Occident n’a pas de leçons à donner. Vous aurez des conversations plus agréables en demandant à vos hôtes de vous expliquer un aspect du Japon. Vous aurez appris quelque chose, et l’on sera ravi que vous vous intéressiez au pays.
Notre discours jusqu’à présent n’était pas spécifique au Japon, mais la connaissance de quelques mœurs du pays vous évitera les plus gros impairs. La première règle à laquelle les japonais ne feront jamais exception est d’enlever ses chaussures dans une habitation, mais aussi dans certains lieux à usage collectifs, comme temples ou vestiaires d’équipements sportifs, ainsi que certains restaurants. Les lieux interdits aux chaussures sont toujours surélevés. Dans le doute, renseignez vous. Un « shoes OK ? » en montrant vos chaussures sera compris partout. Même pour un rendez-vous d’affaires, vous pourriez aller à un restaurant qui impose le déchaussage, et vous devez donc porter en permanence des chaussettes propres et sans trou. Des mocassins sont plus agréables, mais personne ne vous tiendra rigueur de garder vos chaussures à lacet.
Si vous êtes reçu dans une habitation, ou si vous fréquentez un bain collectif, il convient de suivre l’usage de la toilette japonaise : on se savonne vigoureusement dans une douche en dehors du bain, et l’on se rince complètement avant d’entrer dans la baignoire. Il ne faut surtout pas vider l’eau après son bain, car elle sera utilisée plusieurs fois dans la journée. Cela ne s’applique évidemment pas à votre baignoire personnelle dans votre chambre d’hôtel « occidental » où vous pourrez faire mousser à loisir.
Le repas, lieu de socialisation est celui de toutes les craintes pour qui se veut gentleman. Mais là encore, des règles simples permettent de faire bonne figure. Les japonais mangent avec des baguettes, mais comprennent parfaitement que les étrangers ne maîtrisent pas forcément ces couverts. Il est toutefois préférable d’essayer de manger avec les baguettes, même si les débuts sont héroïques. D’une façon générale, les japonais apprécient plus l’effort qui est fait, le fameux « gambaru » (がんばる) ou « faire de son mieux », que le résultat final. Demandez conseil à vos interlocuteurs japonais, et si vous n’y arrivez vraiment pas, vous pourrez obtenir des couverts occidentaux, disponibles a peu près partout, en suggérant que comme cela, vous retarderez moins le repas. Il est interdit de passer la nourriture entre vos baguettes et celles d’un autre convive. Ce geste rappelle le rite de l’enterrement quand les membres de la famille font passer les os du défunt de personne en personne avec des baguettes, et c’est évidemment de mauvais augure. Le riz se mange blanc sans ajout de sauce, mais vous pouvez demander du « furikake », un assortiment de condiments, pour relever le riz s’il vous semble trop fade. Vous remercierez chaleureusement vos hôtes à la fin du repas. Vos hôtes japonais paieront sans doute votre repas, mais il est de bon ton de s'enquérir quand même de l'addition.
Il est parfaitement acceptable d’avoir des interdits alimentaires, et vous pouvez les exposer clairement à vos hôtes japonais qui essaieront d’adapter le programme en conséquence. Il est toujours préférable de prévenir à l’avance et discrètement. Les plats japonais qui étonnent le plus sont les poissons crus : sushis et sashimis. Si vous ne voulez pas en déguster, vous pouvez toujours prétexter une contre-indication médicale. Il est de bon ton de goûter la cuisine locale. A part les sushis et sashimis, la plupart de la cuisine japonaise est en fait très accessible, puisqu’elle consiste en des poissons, viandes et de légumes cuits dans une sauce sucrée-salée à base de sauce de soja (醤油, Shoyu). Vous n’êtes pas obligé de tout aimer. Des plats comme le natto (納豆) du soja fermenté filandreux avec une odeur de fromage, répugnent à de nombreux japonais, mais, là encore, votre bonne volonté sera appréciée de vos hôtes. La sociabilité au Japon est basée sur l’alcool, et il est fortement conseillé de prendre part aux toasts. Vos voisins se chargeront de remplir votre verre. Si vous souhaitez limiter votre consommation, laissez simplement votre verre plein, et goûtez l’alcool du bout des lèvres, en commandant un verre d’eau en complément. On vous sera gré d’avoir sauvegardé les apparences.
L’échanges de cadeaux est courant. Un petit souvenir fera toujours plaisir, et il n’est jamais inconvenant d’offrir des présents de quelques euros. Une petite boîte de sablés bretons ou même un bon vin de pays fera plaisir à vos hôtes d’un soir. On essaiera autant que possible d’avoir un emballage et une boîte élégante. Une marque sera toujours appréciée. Il est mal vu de vanter ses cadeaux, mais vous pouvez répondre aux questions sur l’origine du produit. Lorsque vous recevrez à votre tour un souvenir, il sera préférable de demander l’autorisation avant de défaire le paquet : la coutume japonaise est en effet de ne pas ouvrir le cadeau en présence de la personne qui l’a offert, pour ne pas embarrasser l’auteur d’un présent modeste. Tout cadeau reçu mérite un rendu de la moitié de la valeur, mais celui-ci peut avoir lieu beaucoup plus tard, lors de votre prochain voyage par exemple. Lors des mariages, on offre de l’argent dans une enveloppe prévue à cet effet, disponible partout, avec un nombre de billets impairs. Si la personne n’est pas un proche, 30.000 Yens (185 Euros) , ou même 15.000 Yens (93 Euros), sont suffisants. On donne l’enveloppe à la réception à l’entrée de la salle de banquet. Si vous visitez un malade, il est de bon ton d'amener aussi un petit cadeau, mais les plantes en pot sont à proscrire: ce sont des nids à bactérie et elles augurent d’un long séjour où le patient finira par « prendre racine » à l’hôpital.
Mentionnons aussi que la politesse japonaise est organisée autour du « gentlemen first ». Les femmes occidentales ne devront pas s’offusquer de passer derrière les hommes dans certaines préséances. Les hommes occidentaux devront parfois accepter de passer devant les femmes japonaises. Une bonne rêgle de conduite est probablement de proposer la préséance aux femmes japonaise, qui l’accepteront parfois avec plaisir. Si elles refusent plusieurs fois, l’homme devra passer devant pour éviter de voir les politesses se prolonger pendant plusieurs minutes, et de gêner une femme japonaise pudique.
J'ai développé dans un autre sujet quelques conseils pour recevoir des japonais en France. Vous serez probablement également intéressé par cet article donnant des conseils précis pour ceux qui travaillent au Japon
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dimanche 6 juillet 2008

Le Tokaido Shinkansen


La route du Tokaido (東海道) reliait la ville impériale de Kyoto (京都) à Edo (江戸), l’ancienne Tokyo(東京), en suivant la côte Pacifique du Japon. Celle-ci est la plus peuplée car le climat est plus clément que sur le versant de la mer du Japon. La route du Tokaido relie aujourd’hui les 3 plus grandes métropoles du pays : le Kanto(関東), la région de Nagoya (名古屋) et le Kansai (関西). Dès les années 50, le besoin d’un mode de transport moderne et de grande capacité s’est fait sentir. Les japonais ont alors inventé le train à grande vitesse. La ligne est toujours exploitée aujourd’hui, avec une réputation justifiée de ponctualité, de vitesse, de fréquence de sécurité et de confort. Le Tokaido Shinkansen est sans aucun doute le meilleur service à grande vitesse du monde.
Dès les années 40, le Japon a senti le besoin de construire de nouvelles voies de chemin de fer sur la ligne du Tokaido. Le Japon utilise en effet des voies plus étroites que les voies françaises (écartement de 1067mm), qui ne permettent pas une vitesse aussi rapide que les trains français de l’époque. Ainsi, dans les années 50, l’express Kodama reliait Tokyo à Osaka (environ 550km) en 6h50 (moyenne de 80km/h), alors qu’à la même époque, le mistral français parcourait les 863 kilomètres de Paris à Marseille en 7h10 (moyenne de 120 km/h). Avec le développement économique des années 50, la ligne du Tokaido était complètement saturée car elle devait également assurer le service de marchandises sur un axe qui ne disposait pas encore d’autoroutes.
La compagnie nationale a alors pensée à doubler les voies sur l’ancienne ligne du Tokaido, mais cela n’était pas facile, car les lignes traversaient beaucoup de zones déjà construites, et il aurait fallu détruire les bâtiments le long des voies. Le projet alternatif déjà commencé en 1940 puis interrompu par la guerre, fut choisi : la construction de voies dédiées adaptées à la grande vitesse (écartement de 1435 mm). Celles-ci furent naturellement appelées shinkansen (新幹線), ou « nouveau tronçon de voies ». Le chantier gigantesque se déroula entre 1959 et 1964. La construction de nombreux ponts et tunnels fut nécessaire. Voies surélevées et souterraines représentent environ 80% de la longueur la ligne. Certains tunnels, tels celui de Nihonzaka (日本坂) à Shizuoka (静岡) furent récupérés des premiers travaux de 1940. Les trains demandèrent des recherches importantes car les moteurs électriques de l’époque émettaient trop de vibrations. Des technologies issues de l’aéronautique furent alors introduites pour résoudre le problème par Tadashi Matsudaira et d’autres ingénieurs de l’aéronavale qui avaient rejoint les chemins de fer après la guerre. Grâce à la coopération efficace du président Shinji Sogo, et de son ingénieur en chef Hideo Shima, tout fut terminé à temps pour l’inauguration en 1964. Le temps de trajet entre Tokyo et Osaka fut réduit à 4 heures en 1964, puis 3h10 en 1965. Il est actuellement de 2h30.
Dans les années 80, le Japon privatisa ses lignes de chemin de fer très endettées. Le réseau fut séparé en six compagnies, et la ligne fut attribué à la « JR Tokai » (東海), compagnie disposant aussi des lignes classiques dans la région de Nagoya. La vente de la très rentable ligne de Shinkansen permit de rembourser la dette de la compagnie nationale. Même aujourd’hui, le bénéfice de la ligne du Tokaido Shinkansen sert à financer les travaux d’amélioration des voies dans des régions plus rurales du Japon, et l’on considère que cela représente un surplus de coût d’environ 30% pour les passagers. Depuis, la compagnie JR Tokai exploite efficacement la ligne. Il n’y a eu aucun accident mortel et aucun blessé durant les 44 ans de services de la ligne. Le retard moyen était de 6 secondes en 2003, en incluant les délais causés par les tremblements de terre, typhons, chutes de neige et catastrophes naturelles.
Des plans existent pour doubler la ligne, en construisant un shinkansen basé sur la technologie ‘maglev’ suivant la ligne Chuo (中央線), c'est-à-dire la ligne passant par les montagnes. Les derniers projets de la compagnie JR Tokai prévoient une mise en service en 2025, et une ligne de test a déjà été construite dans la préfecture de Yamanashi(山梨).
3 types de service parcourent la ligne : le Kodama (こだま) est le service local. Il existe une gare tous les 20 ou 30 kilomètres, desservant les villes moyennes. Il est exploité entre Tokyo et Nagoya, ainsi qu’entre Nagoya et Kyoto. L’Hikari (ひかり) effectue un arrêt dans les villes de Hamamatsu (浜松), Shizuoka, ou Atami (熱海), en plus des gares principales. Le Nozomi (のぞみ) dessert les gares principalesde Shinagawa (品川), Shin-Yokohama (新横浜), Nagoya, Kyoto et Shin-Osaka (新大阪). En heure de pointe, il y a jusqu’à onze départs par heure.
Si le train à grande vitesse est une industrie de haute technologie, avec des investissements lourds, le confort des passagers résulte principalement des aménagements de la cabine. Les voitures de shinkansen disposent de rangées de 5 sièges disposées 2 et 3. Les sièges sont systématiquement tournés dans le sens de la marche pour le confort des passagers. Il est également possible de créer des configurations conviviales de 4 ou 6 places faces à face si les passagers le désirent. L’espace pour les jambes est très important, et permet même aux personnes de grande taille de voyager confortablement en seconde classe, alors que le TGV ou l’avion sont un calvaire. La décoration intérieure est sobre, avec une dominante de blanc cassé et de beige. L’intérieur des voitures rappelle beaucoup les cabines d’avion. Un panneau au dessus de la porte fournit des informations : position sur le trajet, prévisions météo et actualités. Dans les derniers trains (N700), les passagers disposent de prises pour brancher leur ordinateur portable et d’accès internet wifi. Le service de voitures bar fut arrêté en 2003, mais des hôtesses, à la tenue délicieusement désuète, proposent une vente ambulante de boissons et sandwichs. Il existe des voitures avec réservations et des voitures en placement libre permettant de prendre un train à la dernière minute. Il est ainsi tout à fait possible d’arriver par le métro en gare de Tokyo vers 11 heures du matin sans billets, et de monter dans le train 5 à 10 minutes plus tard.
Le tarif pour les 450 kilomètres de Shin-Yokohama à Kyoto (trajet en 2 heures) est Y12.890 (80 Euros) en seconde classe sur un Nozomi avec une place réservée. Sur un Hikari, une place réservée vaut Y12590 (78 Euros). Une place sans réservation vaut Y12080 (75.5 Euros). Les enfants (jusqu’à 11 ans) paient demi tarif, mais il n’existe pas d’autres réductions. Le billet de Shinkansen autorise également à prendre les trains de banlieue dans la ville d’origine. A titre de comparaison, un billet complètement flexible entre Paris et Lyon sur le TGV coûte 81.5 Euros, avec une qualité de service inférieure (confort des trains, fréquence et ponctualité). Il existe par contre plus de tarifs réduits sur le TGV (billets non échangeables à 62.90 Euros par exemple). Il serait également honnête de mentionner que le billet de Shinkansen sert à financer les lignes non rentables, et que sans cet « impôt », le prix du trajet serait bien inférieur.
Vous pouvez continuer votre lecture en prenant le petit train de la vallée d"Oigawa, ou en vous rendant directement dans le centre de Tokyo.
La Japan Railways maintient un site en anglais très à jour et instructif.
 Cet article est cité sur le site une autre ville.
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mercredi 2 juillet 2008

La plus belle vue du Kansai

Le Japon est un archipel montagneux. Plus des deux tiers sont occupés par des montagnes abruptes recouvertes de forêt, et il ne reste parfois que quelques centaines de mètres de plaine coincées entre les collines et la mer pour organiser la vie humaine. Je vous propose une excursion sur les sommets du « Rokko-san » (六甲山) près de Kobe (神戸), pour une leçon spectaculaire de la géographie japonaise, et sans doute la plus belle vue du Kansai (関西). Le voyage pourra se terminer dans la station thermale d’Arima (有馬), peut-être la plus ancienne du Japon.
Pour les moins courageux, un funiculaire impressionnant permet l’accès au plateau du sommet. La terrasse d’observation à proximité du la gare supérieure mérite une halte pour la superbe vue de Kobe. Puis, sur le plateau, un bus offre une liaison pratique entre les différentes attractions. La montagne peut aussi se gravir à pied, à partir de la station de ashiya-gawa (芦屋川) sur la ligne Hankyu Kobe (阪急神戸線). Il suffit de suivre la direction « Rock Gardens » (ロックガーデン), puis le sentier bien indiqué pour le sommet du Rokko-san. Il faut compter 5 heures pour la montée et la descente jusqu’à Arima. Les précautions inhérentes à la randonnée au Japon sont de rigueur.
Le Mont Rokko est une station climatique depuis 1895, quand un résident anglais, Arthur H Gloom, installa un chalet de montagne. L’endroit se développa ensuite comme une station climatique permettant de profiter de la fraîcheur du sommet. La montagne est partie intégrante de l’identité de la ville, puisque l’hymne des supporters des Hanshins Tigers se nomme Rokko Oroshi (六甲颪) ou « Le vent du Mont Rokko ». D’après les supporters du Kansai, celui-ci s’exécute de préférence après quelques bières pendant une victoire écrasante des Hanshins Tigers (阪神タイガー) contre leurs grands rivaux des Yomiuri Giants (読売巨人), l’équipe de Tokyo.
L’endroit présente toutes les attractions des lieux touristiques japonais: Le « Rokko Garden Terrace », une réplique de village européen, abrite ainsi des boutiques chics. Le complexe comprend même une fausse tour de château avec un revêtement qui rappelle plus les maisons japonaises que les châteaux cathares. Le Mont Rokko est également réputé pour ses pâturages à mouton. Il est possible de visiter la ferme, et l’on fabrique du fromage local. Un restaurant propose évidemment le Genghis Kahn, un ragoût au mouton, à proximité du « Rokko Garden Terrace ». Le sommet contient également le plus ancien golf japonaise, un jardin botanique alpin, et un parc « Country House » servant également de piste de ski artificiel.
Plus que ses attractions sympathiques, le plus agréable est la magnifique vue du sommet. La terrasse du « Rokko Garden Terrace » est bien adaptée à l’observation. Le regard porte de Kobe à Osaka jusqu’à la mer, distante de seulement quelques kilomètres à Kobe. Par temps clair, l’aéroport international du Kansai, construit sur une île artificielle, est aussi visible. L’agglomération est immense, mais les grands immeubles sont relativement rares. La ville japonaise est souvent chaotique : les immeubles hétéroclites sont rassemblés sans logique d’ensemble, à l’exception du centre de Kobe reconstruit largement après le tremblement de terre. Les terrains artificiels gagnés sur la mer sont bien visibles. A Kobe, il s’agit principalement de l’île de Rokko, et de l’île du port. A cause de la crise économique, tous les terrains créés à grand frais ne sont pas utilisés. Durant le tremblement de terre, ces terrains gorgés d’eau se sont montrés particulièrement instables. Cela n’a pas empêché la ville de construire son aéroport sur des terres gagnées sur la mer, encore plus loin du rivage que le port.
Après avoir profité de la vue, il est intéressant de revenir à Kobe par l’autre versant. Un téléphérique permet de rejoindre la station thermale d’Arima. Le voyage de 12 minutes est fort agréable au dessus de la forêt. Le retour à Kobe depuis Arima est rapide, mais vous pouvez probablement passer quelques heures à profiter des sources thermales. La légende veut qu’un empereur du 7ème siècle ait fait un séjour de plusieurs mois dans la ville pour profiter de ses eaux. La ville a ensuite connue des fortunes diverses, et un éboulement majeur au XIè siècle. Elle fut reconstruite par le général Toyotomi Hideyoshi au 16è siècle, et a prospéré depuis. Les deux bains publics de « Kin-No-Yu » (金の湯) et « Gin-no-Yu » (銀の湯) accueillent les visiteurs en journée, et de nombreux ryokans vous hébergeront pour la nuit.
Vous pouvez continuer votre lecture par une journée à Osaka.
Accès au Mont Rokko

Le funiculaire « Rokko Cable Car » permet de rejoindre le sommet. La gare de départ est proche de la station « Rokko » sur la ligne Hankyu. Billet aller-simple : Y570 (3.45 Euros), aller-retour Y1000 (6 Euros). Une formule aller-retour incluant le bus du sommet « Omote Rokko Shuyu Joshaken » est proposée à Y1300. L’accès au départ du funiculaire est aussi possible par le bus 16 depuis les gars de Hankyu Rokko et JR Rokko_michi.

Le téléphérique « Rokko Arima Ropeway » relie la station d’Arima au sommet. Le billet coûte Y980 (6 Euros) pour un aller-simple, Y1770 (10.80 Euros) pour un aller-retour. Une formule comprenant aussi le bus du sommet « Ura Rokko Shuyu Joshaken » coûte Y1900 (11.52 Euros).

Un billet aller-simple de Kobe à Arima comprenant funiculaire, bus du sommet, et téléphérique « Rokko Arima Katamichi Joshaken » coûte Y1700 (10.30 Euros).

Le retour d’Arima à Kobe s’effectue par la compagnie Shintetsu (神鉄), avec un changement à Arimaguchi (有馬口), puis une correspondance à Tanigami (谷上) avec le métro de Kobe qui ramène directement en centre ville. Le trajet jusqu’à Sannomiya (三宮) coûte Y900 (5.45 Euros) pour 30 minutes de trajet.

Kin-No-Yu: Admission Y650 (4 Euros), ouvert de 8 :00 à 22 :00, fermé les seconds et quatrièmes mardis de chaque mois.
Gin-No-Yu: Admission Y550 (3.3 Euros), ouvert de 9 :00 à 21 :00, fermé les premiers et troisièmes mardis de chaque mois.
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