dimanche 30 décembre 2007

Le football professionnel au Japon

Niigata (新潟) est un port pluvieux de 800.000 habitants sur la mer du Japon. La région est réputée pour son riz. Si vous vous y étiez rendu en 2003, vous auriez eu la surprise de voir le stade (Big Swan) rempli de plus de 30.000 personnes pour chaque match de l'équipe locale (Albirex Niigata), alors en deuxième division du championnat professionnel de football. Le club n’est pourtant professionnel que depuis 1999, mais a sans doute comblé un vide dans une ville qui ne dispose pas d'équipe de baseball professionnelle à laquelle les habitants peuvent s'identifier. C'est aussi le résultat de la politique volontariste du président, Hiromu Ikeda, qui n'a pas hésité à distribuer des billets gratuits pour remplir son stade. Depuis, les gens reviennent régulièrement, et l'équipe fait maintenant partie de l'identité de la ville.

Le club de Niigata a terminé 6ème du championnat 2007, et un avenir brillant lui est promis. Il est en tout cas atypique dans le championnat japonais, où la plupart des clubs appartiennent à des entreprises. Urawa Red Diamond (浦和レッドダイヤモンズ), le club de la banlieue populaire du nord de Tokyo est ainsi la propriété de Mitsubishi (三菱), et lui a donné son nom (Mitsubishi signifie 3 diamants). C'est aussi un des clubs les plus populaires, puisqu'il a attiré en moyenne pour la saison 2007 plus de 46000 spectateurs. Le club des Gamba Osaka (ガンバ大阪) appartient lui à Matsushita (propriétaire des marques Panasonic et National). Les Yokohama Marinos (横浜F・マリノス) appartient eux à Nissan. Tous ces clubs de grande ville ont déjà gagné des titres de champion. Pourtant, les clubs les plus titrés sont dans de plus petites villes : Le Jubilo Iwata (ジュビロ磐田), un des clubs de Shizuoka, appartient à l'entreprise Yamaha Motors (ヤマハ発動機株式会社), et a été trois fois champion. La petite ville de Kashima (65.000 habitants), entourée d’usines chimiques et métallurgiques est le siège du club de « Kashima Antlers », (鹿島アントラーズ), 5 fois champions et propriété de Sumitomo (住友). Ce tour des grands clubs japonais serait incomplet sans mentionner les « Shimizu S-pulse » (清水エスパルス), l'autre club de la région de Shizuoka (静岡市). Cette région est parfois appelée le « Brésil du Japon » car le football y est populaire depuis longtemps. Comme le club de Niigata, Shimizu n'est la propriété d'aucune grande entreprise, mais est supportée par de nombreux partenaires locaux. L'équipe est très implantée dans la ville, et a donnée son nom au centre commercial local (Shimizu Dream Plaza), ainsi qu'au service de ferry (Shimizu Dream Ferry). Les derbys entre Shimizu et Iwata, les deux clubs de Shizuoka, sont parmi les plus réputés du Japon.


Vous devrez être prêt à débourser de 2000 Yens (13€ - virage) à 5000 yens (30€ - tribune) pour voir un match. Le spectacle offert par les matches de J1 est plutôt intéressant. Il s’y marque plus de buts qu’en France (2.83 buts par match contre 2.25 buts lors de la dernière saison), même si cela est parfois dû à des erreurs défensives. Le niveau est difficile à comparer avec la France, même si, lors de la dernière confrontation en Corée lors d’un tournoi de pré-saison, L'Olympique Lyonnais a largement dominé l'équipe de Shimizu 2 à 0. En tout cas, la décoration des tribunes et les chants sont préparés avec application, jusqu'aux partitions de champs de supporter scrupuleusement distribuées (l'auteur de ce blog a ainsi reçu plusieurs feuilles de « La la la laaa la la la la laaaaaaaaa Shimizu S Puuuuuuuuulse La La Laaa» avec de subtiles variantes comme « Ole Ole Ole Ole Shimizu S Puuuuuuuuulse »). Le public est souvent familial, et la violence y est très rare. Les stades sont propres, et comme partout au Japon, on y mange bien. Le stade des Kashima Antlers propose ainsi une quinzaine de stands vendant des plats allant du riz au curry (カレーライス500 Yens 3€) au ragoût de tripes (もつ煮込み 500 Yens 3€) en passant par les crêpes (300 Yens 2€), les tomates cerises (300 Yens 2€), le steak au riz (ステーキ丼 500 Yens 3€) ou les brochettes de poulet grillées dans le stade (焼き鳥150 Yens / 1€ la brochette).

Le Japon n'est pas traditionnellement une terre de football, le baseball étant ici le sport roi. La plus grande rivalité du sport japonais oppose ainsi les Hanshin Tigers (阪神タイガースéquipe de la région d’Osaka, deuxième ville du pays), aux Yomiuri Giants (読売ジャイアンツ), l'équipe de Tokyo, la capitale. Ainsi, le championnat professionnel de football n'a été créé qu'en 1993, pour remplacer la « Japan Soccer League » amateur. La formule choisie était alors atypique. Tous les matches nuls étaient suivis de prolongations, puis si nécessaire de tirs au buts pour déterminer un vainqueur. Le championnat était également organisé en deux phases jusqu'en 2004, chaque vainqueur d'une des phases pouvant jouer la finale du championnat. Il n'y avait également pas de division inférieure, et donc pas de relégation. Les deux premières années ont été un franc succès. Les stades étaient pleins, et les matches souvent diffusés à la télévision nationale aux heures de grande écoute.

Puis le championnat a connu une grave crise financière. Il s'est alors réformé pour ressembler plus aux ligues européennes. En plus de la J1 de 18 clubs, la J2 a ainsi été créée en 1999, et compte maintenant 15 clubs. Les 2 derniers clubs de J1 sont ainsi relégués automatiquement en J2, et le troisième club le moins bien classé de J1 joue les barrages contre la troisième meilleure équipe de J2. Ainsi, en 2007, Les clubs « Yokohama FC », « Ventforet Kofu », et « Sanfrecce Hiroshima » ont été relégués en J2. Les clubs « Tokyo Verdy 1969 », « Kyoto Sanga FC » et « Consadole Sapporo » ont été promus. La système de championnat à deux phases a été aboli en 2005, après que le Jubilo Iwata gagne les deux phases en 2002, et les Yokohama Marinos réussissent le même exploit en 2003, rendant la phase finale inutile. Les clubs professionnels participent aussi aux deux coupes nationales. La Nabisco Cup se joue seulement entre les équipes professionnelles, alors que la coupe de l’Empereur (天皇杯) rassemble elle tous les clubs du pays, professionnels comme amateurs. Les trois premières équipes du championnat participent aussi à la coupe d’Asie des Champions (Asian Champion Cup).

Ces réformes ont été efficaces. Si les japonais suivent surtout les résultats de l'équipe nationale (Trois fois championne d’Asie), le championnat a trouvé son public. La moyenne de spectateurs était ainsi de 19081 spectateurs pour l'année 2007. Pour référence, la moyenne de spectateurs dans la Ligue 1 française en 2006-2007 était d’environ 21811 spectateurs. Le budget des clubs est toutefois bien moindre au Japon, le plus gros budget pour la saison 2006 (Urawa) était d'environ 7 milliards de Yens (43M€). Un budget plus typique est celui des Shimizu S pulse, autour de 3 milliards de Yen spour la même saison (18 M€). En France, le plus gros budget (Olympique Lyonnais) est d’environ 110M€, alors que le budget d'une équipe de milieu de tableau (Lille) est d’environ 35 M€ (saison 2006-2007). Les salaires des joueurs ne sont d'ailleurs pas très élevés, avec une moyenne de 2M Yens (soit 120.000€ par an) contre 456.000 Euros en France(4 fois celui de la J1), et 1,7M€ en Angleterre (15 fois celui de la J1). Les stars sont aussi moins rémunérées. Le joueur le mieux payé en J1 reçoit un salaire de 110M Yens (670.000 €) par an. A titre de comparaison, un des plus gros salaires de ligue 1 française était celui du milieu de terrain lyonnais Juninho, estimé à 4.5 millions d'euros pour la saison 2006-2007.

La reconversion des joueurs est souvent délicate. Ils passent en effet en quelques mois du statut de star locale, à celui d’anonyme peu fortuné. De rares élus pourront rester dans le football comme entraîneurs. La plupart quittent le sport professionnel très tôt (autour de 22 ans-23 ans), et décident de retourner à l'université. Certains suivent une carrière plus originale. Yaso Yuji (八十祐治), ancien joueur des Gamba Osaka et des Vissels Kobe (ヴィッセル神戸) est ainsi devenu avocat. Le joueur Takahiro Yamada (山田隆裕) est le propriétaire d'une franchise de camions de « Melon Pain » (メロンパン),un lointain cousin de nos camions pizzas. Son entreprise a eu du succès au départ, mais elle est actuellement en procès avec ses franchisés sur la qualité des ingrédients fournis.

mise à jour saison 2008 (7 décembre 2008)

Le championnat 2008 de J-League vient de s'achever sur la deuxième victoire de suite des "Kashima Antlers" (鹿島アントラーズ). Les Kawasaki Frontales (川崎フロンターレ), Nagoya (名古屋グランパス), Oita (大分トリニータ), et Shimizu (清水エスパルス) font aussi partie des 5 premiers dans un championnait très resseré où 7 équipes se tiennent en 10 points. Les supporters de Shimizu sont particulièrement heureux car leur grand rival, le Jubilo Iwata (ジュビロ磐田) jouera les barrages pour la descente. Le Tokyo Verdi (東京ヴェルディ) rescucité n'a pas convaincu et descend en J2, ainsi que le club de Sapporo (コンサドーレ札幌), qui n'a gagné que 4 matches cette année. Le club de Niigata (アルビレックス新潟) se maintient lui en première division après une saison honorable (13e place).


mise à jour saison 2009 et coupe du monde de football (19 juin 2010)

La saison 2009 a été celle d'une troisième victoire de suite des "Kashima Antlers" (鹿島アントラーズ), talonnés à seulement deux points par l'équipe de Kawasaki (川崎フロンターレ). Le Kansai (関西) est représenté dans ce trio de tête par l'équipe de Gamba Osaka (ガンバ大阪). Les équipes de Kashiwa Reysol (banlieue est de Tokyo), Oita Trinita (Kyushu, sud du pays), et JEF United Chiba (banlieue est de Tokyo) descendront en seconde division, et seront remplacées par les équipes de Vegalta Sendai (ベガルタ仙台), Cerezo Osaka (セレッソ大阪) et Shonan Bellmare (湘南ベルマーレ).

Après deux matchs en coupe du monde, l'équipe nationale du Japon fait un parcours tout à fait honorable. Vainqueurs du Cameroun par 1 à 0, la sélection nippone a subie aujourd'hui une défaite presque injuste face à l'équipe des Pays-Bas, avec une défense bien regroupée, et des contres dangereux et bien menés. Tout reste possible pour la qualification au second tour. La sélection comprend une majorité de joueurs issus de la J-League. Les clubs de Nagoya Grampus (名古屋グランパス), Kawasaki Frontale (川崎フロンターレ), Jubilo Iwata (ジュビロ磐田), Yokohama Marinos (横浜F・マリノス), Kashima Antlers (鹿島アントラーズ) et FC Tokyo (FC東京) ont deux ou trois représentants en coupe du monde. Seuls Takayuki Morimoto (Catane), Keisuke Honda (SKA Moscou), Daisuke Matsui (Grenoble) et Makoto Hasebe (Wolfsburg) jouent dans des clubs étrangers. Certains japonais se moquent gentiment de l'équipe de France, notamment sur le célèbre newsgroup Ni-Channel, mais peut-on vraiment leur en vouloir ?

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lundi 24 décembre 2007

Joyeux Noël à tous

Je souhaite sincèrement à tous les lecteurs de ce blog un très Joyeux Noël. J'ai une pensée particulière pour les expatriés français au Japon. Ils doivent probablement travailler aujourd'hui. Et certains seront certainement agacés, ou tristes de la façon dont Noël est interprêté ici.


La photo qui accompagne mes voeux a été prise au temple du Pavillon d'or (金閣寺 kinkakuji) à Kyoto pendant une chute de neige. Cela donnait au jardin, et au très beau temple, un cachet particulier, et une atmosphère plus recueillie qu'à l'habitude.

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dimanche 23 décembre 2007

Navet en peluche et Bouddhisme

Le Daikon est un ingrédient de base de la cuisine japonaise. Il s’agit d’un navet. L’espèce la plus courante est le  « aokubi daikon あおくび大根 ». Il a la forme d’une carotte géante. Ce tubercule est de couleur blanche, mais les plus beaux spécimens font admirer un seyant dégradé vers le vert à l’extrémité feuillue. C’est un beau légume, atteignant 45 centimètres de longueur et le diamètre d’une jambe grasse. L’expression « jambe de daikon » désigne d’ailleurs de façon peu amène les jeunes filles qui ne poseront jamais pour les publicités de bas et de chaussures.
C’est traditionnellement un légume d’hiver, qui peut se manger séché (kiriboshi daikon 切干大根), ou macéré dans le vinaigre (takuan 沢庵). Il se mange aussi cru en salade. Il est aussi un ingrédient de la plupart des plats japonais mijotés. Rapé, il accompagne les poissons grillés (yakizakana 焼き魚), la tempura (天ぷら) et les soba (そば). C’est une des stars de l’oden, le pot-au feu japonais servi dans de petites échoppes roulantes l’hiver. Son goût est proche de nos navets ou encore du radis.
Ce légume improbable est devenu un « caractère », c'est-à-dire un personnage dessiné dans le but de vendre des produits dérivés. Le « caractère » le plus connu est sans doute le chaton « hello Kitty ». Mais l’entreprise de jouet «Takara Tomy», en association avec le magasin de jouet « Kiddy Land » a lancé en 2004 le « caractère » Aokubi Daikon. Celui-ci n'était au début le héros d'aucun dessin animé ou d'aucune bande dessinée, mais avait pour seul but de vendre des produits dérivés. Devant le succès de notre légume, deux tomes de bande dessinées sont depuis sortis.
Pour ceux qui ne peuvent simplement acheter les manga de notre vénérable navet, son site officiel (http://www.takaratomy.co.jp/products/aokubidaikon/) propose quelques animations. On voit ainsi notre navet prendre un thé dans une pièce en tatami (parquet en paille), rentrer avec difficulté dans le compartiment légumes d’un frigo pour y dormir, et partager avec son ami « sakurajima daikon 桜島大根», un navet rond, un bain dans une source d’eau chaude. Une biographie des héros est également offerte. Ainsi, notre « aukubi-daikon » est né à Tokyo, le 26 Décembre 1999. Il aime dancer et le thé vert japonais. Son ami « sakura-jima daikon », représentant des daikons sphériques, vient de Kagoshima鹿児島, et aime bien le shochu焼酎. Il devient d'ailleurs violent quand il boit.


Certes, ce n’est pas la richesse de Tintin, mais cela permet à notre entreprise de jouet de proposer de nombreux produits dérivés, allant de la peluche aux baguettes, en passant par la trousse à lunette et les stylos.

Notre héros est bien loin des créatures de manga aux couleurs vives. Il est certainement « shibui » (渋い), c'est-à-dire sobre et un peu vieillot. Il est également mentionné que notre daikon est « wabi-sabi » (わびさび), un concept central de l’esthétique japonaise. « Wabi » dénote la nature imparfaite des choses, et par exemple les défauts de fabrication d’un objet. Ainsi, un objet en bois devra s’adapter aux défauts de celui-ci. Dans la poterie japonaise, les pièces sont souvent laissées en partie brutes, et volontairement modelées pour ne pas être symétriques. Sabi désigne la dégradation des choses par le temps. C’est la patine qui donne leur élégance aux objets. Le mot désigne aussi toutes les petites réparations qui rendent un objet attachant. Ces deux sentiments sont liées à la vision bouddhiste du monde, où rien ne dure, rien n’est terminé, et rien n’est parfait.
Si vous souhaitez acquérir un navet en peluche, la chaîne de magasisn kitty-land propose un large éventail de la gamme. Le magasin principal se trouve à Harajuku, sur l’avenue d’Omote-sando 表参道, entre les stations « Meiji-jingumae 明治神宮前» (ligne Chiyoda千代田線) et « Omotesando 表参道» (ligne Chiyoda千代田線, Hanzomon 半蔵門線et Ginza銀座線). Il est également possible de s’y rendre par la ligne de train « Yamanote » (山手線), gare de « harajuku ». Le magasin est ouvert tous les jours de 10h à 21h. 原宿 キデイランド原宿店東京都渋谷区 神宮前6-1-9 Tel : 03-3409-3431.
Aokubi-daikon (あおくび大根) bande dessinée:
Tome 1 (130 pages), ISBN 4840113319, Sorti le 22/10/2005. Editeur: メディアファクトリー(Media Factory)
Tome 2 (120 pages), ISBN 4840113793, Sori le 23/3/2006. Editeur: メディアファクトリー(Media Factory)
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dimanche 16 décembre 2007

Noël et le jour de l’an au Japon

Les fêtes de fin d’année commencent souvent par une « réunion pour oublier l’année » (bonenkai忘年会). Il s’agit d’une soirée bien arrosée entre collègues ou amis dans un bar japonais (izakaya居酒屋). Le but est de dissoudre tous les problèmes de l’année dans l’alcool. Les japonais s’y appliquent particulièrement comme le prouve l’odeur tenace de bière dans les derniers métros à cette période de l’année. Groupes d’amis, club de sport, collègues de bureau, soirée du chef de service, soirée du chef de département, soirée avec les fournisseurs, les clients, un japonais sociable se rendra à une dizaine de soirées durant le mois de décembre.
Mais décembre n’est pas que le mois des salariés presque dissous dans l’alcool. C’est aussi le mois des illuminations. Souvent organisées par les grands magasins, elles mettent un peu de gaité dans les villes japonaises. Elles prennent parfois une grande ampleur, comme dans l’exposition Millenario, pour laquelle jusqu’à 200.000 personnes se pressent tous les jours pour parcourir une rue du centre de Tokyo, et attendent parfois plusieurs heures pour cela. Une fois arrivé sous les lumières, il est bien entendu interdit de s’arrêter car il faut laisser sa place aux suivants. Les agents de sécurité y veillent.
En décembre, les japonais écrivent aussi les cartes de vœux (nengajo年賀状). Il est de coutume de les envoyer à ses proches, mais aussi à ses clients, ses fournisseurs et toutes ses relations. Les cartes sont très simples, avec un petit dessin représentant l’animal de l’année (le rat en 2008, le boeuf en 2009). Les longs discours ne sont pas de mise, puisque ces carte signalent avant tout aux connaissances que l’on est encore en vie, et qu’on ne les oublie pas. Il n’est pas rare d’envoyer ou de recevoir plusieurs centaines de cartes, et il est tout à fait acceptable d’envoyer des cartes imprimées. Des tampons en caoutchouc sont aussi en vente dans les grands magasins avec les formules de vœux. Toutefois, les élégants tracerons leurs vœux au pinceau de calligraphie. Ces cartes sont toutes dotées d’un numéro de loterie, et seront distribuées exactement le premier janvier par la poste japonaise, qui recrute des travailleurs temporaires juste pour ce jour.
Le jour de Noël n’a aucun sens religieux au Japon, à part pour la petite communauté chrétienne. Ce n’est pas une fête majeure, et même pas fériée, mais c’est l’occasion de manger un gâteau de Noël. Le jour est aussi associé au poulet, résultat de 30 ans de marketing de la chaîne de fast-foods KFC. Il faut réserver plusieurs semaines en avance pour être sûr de pouvoir obtenir les précieux beignets à l’heure du repas le 24 décembre. Le 15 décembre 2007, à l’heure où a été écrit cet article, le site de la société KFC indique qu’il est désormais impossible de faire une réservation pour recevoir ses beignets après 16 heures le jour de Noël. Pour les jeunes couples, il est de coutume que monsieur organise une sortie romantique le soir du réveillon. Celle-ci commencera dans un restaurant élégant et se terminera en apothéose dans une chambre d’hôtel, réservée plusieurs mois à l’avance. Signe de la crise économique, il est étonamment facile de trouver des chambres libres cette année le soir de Noël dans les grands hôtels de Tokyo. Le jour est en tout cas aussi triste au Japon pour les célibataires que la Saint-Valentin en France.
Durant les derniers jours de l’année, il est très fréquent d’écouter la 9ème symphonie de Beethoven, en particulier l’hymne à la joie, parfois chanté par de larges chorales. Les cérémonies traditionnelles commencent pour le jour de l’an (shougatsu正月). Dans l’ancien calendrier lunaire chinois en vigueur jusqu’en 1873, le jour de l’an se déroulait souvent au début de février, juste avant le début du printemps. La plupart des citadins rentrent dans leur famille durant les derniers jours de décembre, et les grandes villes se vident. Les trains sont saturés et les autoroutes japonaises deviennent un gigantesque bouchon.
Avant le jour de l’an, il est de coutume de nettoyer la maison afin d’accueillir la nouvelle année dignement. C’est le daisoji (大掃除) ou grand ménage. Votre serviteur, de grande taille, s’est retrouvé plusieurs fois réquisitionné pour nettoyer les vitres et autres parties élevées de la maison de ses hôtes. Le soir du 31 se passe souvent en famille. Une audience nombreuse regarde alors l’émission de variété « Kōhaku Uta Gassen » (紅白歌合戦), qui oppose deux équipes de chanteurs, les rouges (femmes) et les blancs (hommes). La 58ème édition se tiendra cette année. Même si le programme est un peu désuet, c’est encore l’émission musicale la plus regardée au Japon .Puis, vers minuit, les plus courageux se rendent au temple bouddhique pour frapper un des 108 coups de gong qui accueillent la nouvelle année. Il y a plusieurs explications au nombre 108, mais la suivante est probablement la plus originale : Il y a six parties du corps par lesquelles on peut ressentir le monde : les yeux (眼), les oreilles (耳), le nez (鼻), la langue (舌), les entrailles (身) et le coeur(意), que l’on multiplie par trois car les sentiments peuvent être agréables (好), désagréables (悪) ou indifférents (平). Cela est encore multiplié par 2 car ces sentiments peuvent être purs (浄) ou impurs (染). On arrive à un total de 36 qu’il convient de multiplier par 3 pour prendre en compte la vie antérieure (前世), la vie actuelle (今世), et la vie future (来世). Chacun aura compris en suivant ce raisonnement que l’on déchiffre les symboles du bouddhisme à ses risques et périls.
Un plat de soba (spaghettis au sarrasins) est aussi de rigueur le soir du 31. On les mange en espérant que sa vie soit aussi longue que la forme de ces pâtes. Les visites aux temples s’accompagnent aussi de la dégustation d’un alcool de riz doux chaud (甘酒) bien utile pour se réchauffer.
Le premier janvier est la grande fête familiale. On mange alors la cuisine du jour de l’an "osechi ryori" ( 御節料理). Celle-ci est préparée à l’avance et disposée avec soin dans des boites en laque élégamment décorées. Il était autrefois tabou de cuisiner pendant les 3 premiers jours de l’année. Cette coutûme permet de nos jours à la maîtresse de maison de participer pleinement aux festivités.
Les ingrédients varient suivant la région, mais ont souvent une signification. Les haricots noirs (kuromame, 黒豆) symbolisent le vœu pour la bonne santé car « haricot » a la même prononciation que santé en japonais. Les sardines confites (tazukuri田作り) représentent une moisson abondante, les sardines ayant été utilisé autrefois pour fertiliser les rizières. Les œufs de hareng (kazunoko, 数の子) promettent une année fertile, riche en naissance, leur prononciation en japonais signifiant « nombreux enfants ». Les gâteaux de poisson (kamaboko, 蒲鉾) rappellent par leur forme et leur couleur (blanche et rouge) le soleil levant. On mange aussi de la dorade (Tai, 鯛) car le son rappelle le mot "medetai", de bon augure. Le mochi, une pâte de riz gluante, est aussi de rigueur, même si, avalée de travers, elle cause toutes les années quelques accidents.
Le mochi(餅)est considéré comme une offrande aux Dieux. On le mange dans une soupe appelée zoni (雑煮) pour remercier les dieux d’avoir offert une récolte abondante de riz l’an dernier, et pour prier qu’il en soit ainsi l’année suivante. Suivant les régions du Japon, la recette du «zoni» diffère. D’une façon générale, les morceaux de mochis sont carrés et grillés dans l’est du Japon (Tokyo 東京, Sendai 仙台, Aomori 青森) car il s’agit de la mode d’Edo, l’ancienne Tokyo. Ils sont ronds et bouillis dans l’ouest du Japon (Kyoto京都, Hiroshima 広島et Fukuoka 福岡) selon la mode de Kyoto. La soupe est à base de bouillon de poisson (sumashiすまし) dans l’est du Japon et Kyushu (九州) l’île à l’extrême ouest du Japon. On utilise par contre le miso (味噌) dans le kansai (関西, région de Kyoto 京都 et d'Osaka 大阪) et l’Azuki (小豆) dans la région d’Hiroshima (centre ouest du Japon).

Les mochis sont aussi utilisés comme une décoration (kagami mochi) 鏡餅Celle-ci est formée de deux boules de mochi superposées avec une orange amère (daidai) 橙dont le sens est « plusieurs génération », et qui augure d’une longue descendance. D’autres décorations de nouvel an associent le pin (dont le feuillage toujours vert symbolise la constance), et le bambou (qui plie mais ne rond pas, et sympolise la résilience). Des arrangement utilisant ces plantes sont placé dans l’entrée de la maison (kadomatsu 門松) pour inviter les dieux à visiter la maison. On place aussi souvent une corde avec des papiers pliés en zigzag (shimenawa注連縄) qui décore l’entrée des maisons, les temples et même les voitures.
Les japonais n’offrent des cadeaux qu’aux petits enfants. Pour les plus âgés, de l’argent, appelé « le trésor de l’année » (o-toshi-dama, お年玉)est placé dans une enveloppe joliment décorée. Les familles japonaises sont peu nombreuses, et les enfants reçoivent donc de nombreux cadeaux de parents, tantes et grands-parents. Il n’est pas rare pour un jeune enfant de recevoir plusieurs centaines d’euros d’étrennes, au grand dam de leurs grands parents, qui, issus de familles nombreuses, n’en recevaient pas tant.
Le premier janvier ou les jours suivants, les japonais effectuent la première visite de l’année au temple (hatsumode, 初詣). Ils rendent également des visites de courtoisie à leur voisinage, en offrant des gateaux  ou d’autres petits cadeaux (onenga, お年賀).
Le 2 ou le 3 janvier, tout le monde rentre en ville, en provoquant encore des bouchons records, et en saturant tous les trains. Le travail commence ensuite par une série de soirées entre amis et collègues pour accueillir dignement la nouvelle année à grands flots d’alcool. Cela s’appelle la "Shinnenkai" (新年会), et se répète plusieurs fois entre le groupe d’amis, les collègues, les clients et les fournisseurs. La boucle est ainsi bouclée, et la saison des fêtes est ainsi entourée dignement de plusieurs beuveries mémorables.
Article remis à jour le 25 décembre 2008
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vendredi 14 décembre 2007

Pas de fin au scandale des retraites

Plus original que le quartier adolescent de Shibuya (渋谷), ou le paradis de l’informatique d’Akihabara (秋葉原), Sugamo (巣鴨), près de la gare du même nom sur la ligne Yamanote (山手), est le repaire des personnes âgées à Tokyo. Il permet des promenades dépaysantes quand on est saturé du Tokyo jeune et branché. Dans la rue principale, les magasins de sembei (煎餅, galette de riz) et de daifuku (大福, patisseries japonaises) succèdent aux boutiques de vêtement de grand-mère. La rue est animée, mais les bâtiments défraîchis et les vitrines vieillottes ne respirent pas l’opulence.
Pour ces personnes âgées modestes, l’annonce par le gouvernement en mai dernier de la perte de 65 millions de dossiers de retraite a été un choc. Plus exactement, 65 millions de dossiers, représentant des cotisations et des droits à la retraite, sont « orphelins » et ne peuvent être mis en relation avec leurs ayant droits. Donc, certaines personnes âgées ne reçoivent pas toute la retraite à laquelle ils ont droit. Pour corriger la situation, ils doivent parfois présenter des documents vieux de plusieurs décennies.
Cette erreur monumentale est d’abord due à un retard important de l’administration japonaise. La France a assigné à chaque individu un numéro identifiant unique dès la création de la sécurité sociale en 1945 et a procédé à l’informatisation des fichiers en 1970. Au Japon, ces deux étapes n’ont été accomplies qu’en 1997. Avant cette date, tous les dossiers étaient identifiés par le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance. Ceci est imprécis à cause des risques d’homonymie, et d’erreur de transcription des kanjis (qui peuvent avoir plusieurs prononciations). De plus, cela signifie que plusieurs dossiers peuvent être ouverts pour la même personne si elle a changé d’employeurs, augmentant encore le risque d’erreur. Enfin, certains dossiers sur papier ont évidemment été perdu ou sont devenus illisibles. Lors de l’informatisation en 1997, certains dossiers orphelins ont été incorrectement traités, ou tout simplement oubliés.
Le sujet a été enterré par l’administration et le parti au pouvoir (自民党, parti libéral démocrate) jusqu’à ce qu’il fasse surface au début de mai 2007 lors de questions de l’opposition (民主党, parti démocrate) à l’assemblée nationale japonaise, et devienne un scandale national. Cela a été par la suite une cause majeure de la défaite du parti majoritaire à l’élection de la chambre haute le 29 juillet 2007 et de la démission du premier ministre Shinzo Abe le 12 septembre 2007. Lors de la campagne électorale, le parti au pouvoir s’était ainsi engagé à identifier tous les dossiers orphelins avant la fin du mois de mars. Les dossiers ainsi identifiés seraient attribués à leurs propriétaires, qui auraient vu leurs droits à la retraite rétablis automatiquement.
Le 12 décembre, le gouvernement a annoncé que 19 millions de dossiers ne pourraient finalement être correctement traités, car les ayant droit sont morts, ont changé de nom suite à un mariage, ou ont un nom incorrect dans le système informatique concerné. Ces personnes devront donc entreprendre des démarches spécifiques pour faire valoir leur droit. Le ministre de la santé Yoichi Masuzoe a refusé de s’excuser. Il considère que la promesse faite pendant la campagne électorale n’oblige pas à un résultat, et exprime seulement leur volonté à mettre tout en œuvre pour résoudre le problème. La démission du ministre a logiquement été demandée par l’opposition hier, sans suite pour l’instant.
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lundi 10 décembre 2007

Locataire à Tokyo

Le Japon était célèbre dans les années 80 pour le prix très élevé de son immobilier. Il est souvent dit qu’à cette époque, les 3.4 kilomètres carrés du palais impérial au centre de Tokyo avaient plus de valeur que l’ensemble de l’immobilier californien. Une statistique plus sérieuse montre que la valeur du terrain japonais était quatre fois celle du total des Etats-Unis pour une surface habitable pourtant plus de 100 fois plus petite et une population 2 fois inférieure. Les prix à Tokyo sont aujourd’hui plus raisonnables. Ils sont d’ailleurs comparables, et souvent inférieurs aux prix des autres grandes métropoles. L’immobilier japonais garde toutefois de nombreuses spécificités.
Les biens immobiliers japonais appartient à trois catégories : les maisons individuelles(一戸建て), les « appartements » (Apaato アパート) et les « manoirs » (manshionマンション). Dans les grandes villes, les maisons individuelles sont nombreuses, mais disposent d’un terrain très réduit, en général entièrement bâti. L'auteur de ce blog se souvient d’avoir visité une maison sur 2 niveaux de 45 mètres carrrés en tout, sur un terrain de 25m2. 20 centimètres séparaient cette maison de la maison suivante. La structure de ces maisons est souvent faite de bois, ou d’une armature métallique légère, avec des fondations très réduites. Elles sont les plus dangereuses en cas de tremblement de terre. Des maisons plus luxueuses sont également construites en béton armé.
Les appartements sont des constructions légères avec une structure en bois ou en métal léger. Elles comportent en général 1 ou 2 niveaux, et proposent plusieurs logements. Les modèles les moins raffinés ressemblent souvent à des baraques de chantier, avec des abords peu soignées. Les européens sont en général déprimés à l’idée d’habiter dans de telles structures, qui semblent proche du bidonville. Toutefois, à part la faible isolation phonique, ces appartements, souvent récents, proposent un confort bien meilleur que de vieux immeubles parisiens humides et insalubres.
Les manoirs sont des immeubles en dur, construits parfois dans une architecture excentrique. Ces bâtiments ont la plupart du temps de 4 à 8 étages, mais depuis une dizaine d’années, des immeubles de plus de 10 étages sont aussi construits. Contrairement aux immeubles français, la montée d’escalier, et l’accès à l’appartement sont extérieurs, ouverts au vent. On accède ainsi à un appartement individuel par une sorte de terrasse extérieure. Les murs sont la plupart du temps revêtus de faux carrelages en fibre de verre, qui leur donne un aspect caractéristique. On dit souvent que ces revêtements sont calculés pour durer une vingtaine d’années, puis, leur aspect se dégrade fortement.
Que ce soit un appartement, une maison individuelle, ou un « manoir », le type d’appartement s’exprime par une combinaison des lettres suivantes :

  • un chiffre indiquant le nombre de « chambres ». Celles-ci peuvent être revêtues de parquet (flooring) ou de tatami (paille de riz), et peuvent être utilisées comme salon, bureau ou chambre à coucher ;
  • LD (living dining): pour indiquer que l’appartement dispose d’une grande pièce (20 M² ou plus) permettant d’installer à la fois une table et un coin canapé ;
  • D (dining): pour indiquer que l’appartement dispose d’une salle à manger ;
  • S : pour indiquer une pièce de petite taille (autour de 5m²) pouvant servir de vestaire;
  • K : pour indiquer que l’appartement dispose d’une cuisine. Celle-ci est en général de petite taille (3 à 5 m2).
Un appartement de 40m² de type 2DK peut ainsi être aménagé en une chambre à coucher, un salon, une cuisine et une salle à manger. Un appartement de même taille de type 1LDK offrira en plus de la chambre à coucher une grande pièce servant de salon et de salle à manger.
La location d’un appartement nécessite souvent de payer 6 mois de loyer au moment du déménagement :
  • 2 mois de « reikin » (礼金) ou de cadeau au propriétaire. Cette somme est censée compenser le rafraichissement de l’appartement. Très souvent, les murs sont repeints et les sols en tatami (paille de riz) sont changés;
  • 2 mois de caution, (shikikin 敷金)dont seront déduits les moindres dégats. Sans avoir provoqué aucun dégat, l’auteur de ce blog s’est ainsi fait retirer environ 80.000 Yens (près de 500 Euros) de sa caution pour les petits accrocs et l’usure de l’appartement;
  • 1 mois de commission (tesuryo 手数料) pour l’agence immobilière;
  • le premier mois de loyer payable d'avance.

La location nécessite aussi souvent un garant solidaire (保証人). Celui-ci assure le paiement du loyer dans le cas où le locataire fait défaut. Les japonais demandent souvent ce service à un membre de leur famille. Les étrangers travaillant à Tokyo demandent parfois à leur entreprise de servir de garant. Les propriétaires sont parfois réticents, car il est plus difficile pour eux de se retourner vers une entreprise en cas de défaut de paiement. La solution la plus simple pour un étranger, mais aussi la plus délicate est de demander au supérieur, ou au responsable des ressources humaines de l’entreprise, de se porter caution à titre individuel. Des entreprises souvent louches proposent également ce service, mais leur utilisation est vivement déconseillée.
Les prix de location sont souvent comparables à ceux de la région parisienne. Ils dépendent avant tout de la localisation. Nous avons pris exemple ici de la ligne Chuo(中央線)qui parcourt le centre de Tokyo, de la gare de Tokyo (東京)à Shinjuku(新宿), avant de partir en banlieue jusqu’à Takao(高尾), 53 kilomètres plus loin, au pied des montagnes.

De Tokyo à Shinjuku, le prix des appartements reste constant, autour de 220.000 Yens (1400€) par mois pour un appartement de 50m2. Par contre, l’offre y est plutôt rare car le centre de Tokyo est occupé principalement par les ministères, les bureaux et les commerces. Dès que l’on arrive en banlieue, le tarif tombe à environ 150.000 Yens (950€), et reste constant jusqu’à Musashi-Koganei(武蔵小金井), à 20 kilomètres de Shinjuku. Le tarif augmente un peu autour de Kichijouji(吉祥寺), banlieue chic qui profite d’une desserte en transports en commun. Plus loin, les tarifs se réduisent, et atteignent environ 80.000 Yens (500 Euros) à Nishi-Hachioji(西八王寺), à 37 kilomètres de Shinjuku. Les appartements proposés dans les banlieues les plus lointaines sont souvent plus anciens.
Dans un même secteur, les prix varient aussi en fonction de la distance à la gare la proche. Les japonais tiennent à réduire le temps passé dans les transports. Ainsi, 10 minutes de marche de plus tous les jours pour rejoindre la gare la plus proche peuvent réduire sensiblement le prix d’un appartement. Ainsi, un appartement de 50m² dans la banlieue tranquille de Gakugei-Daigaku (学芸大学) (10 minutes de Shibuya (渋谷)dans le centre de Tokyo), se loue 165000 Yens (1030€) au environ de la gare, mais 150000 Yens (930€), soit 10% de moins s’il est situé à 15 minutes à pied de la gare.
Le prix change aussi en fonction de l’âge de l’immeuble. On retrouve ici le penchant des japonais pour tout ce qui est neuf, qui les fera changer de voiture ou de téléphone portable beaucoup plus tôt qu’en occident. Mais habiter dans un appartement neuf est aussi une garantie de sécurité, car les normes sismiques se sont sans cesse améliorées (1924, 1950, 1980, 1998). Ainsi, près de la gare de Gakugei-Daigaku, un immeuble de 40m² correspond à 110000 Yens de loyer (690€) pour un immeuble de 40 ans, 135000 Yens de loyer (850€) pour un immeuble de 15 ans, et 155000 Yens (960€) pour un immeuble de 5 ans.
Les agences immobilières (不動産屋) proposent en général un excellent service. Le marché est parfois favorable aux locataires. Certains arrondissements de Tokyo commencent à se dépeupler. Ainsi, l’arrondissement de Méguro avait 300.000 habitants dans les années 60, mais seulement 240.000 habitants actuellement. Il existe ainsi de nombreux appartements vacants, en particulier dans des immeubles moins récents ou plus éloignés des gares de train.
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dimanche 2 décembre 2007

L'actualité de la semaine

Cette rubrique veut présenter un sujet d'actualité par semaine sur le Japon, en donnant aux lecteurs français peu familiers avec le pays, le contexte nécessaire pour une bonne compréhension.

La Chine et le Japon ont conclu leur premier sommet économique à Pekin ce dimanche 2 décembre sur une note conciliante. Des contrats de faible importance ont été signé : le dernier prêt japonais d’aide au développement d’environ 300M€, et un accord de principe sur la communication directe des agences de sécurité japonaises et chinoises. D’autres sujets évoqués ont été : l’appréciation souhaitée du Yuan, la monnaie chinoise, les discussions menées conjointement avec la Corée du Nord sur la sécurité nucléaire, le successeur au protocole de Kyoto sur l’effet de serre, et des mesures pour combattre le financement du terrorisme, et le blanchiment d’argent sale.

Toutefois, aucun progrès n’a été noté sur le principal contentieux entre les deux pays : le développement d’un champ de gaz situé à cheval sur la frontière maritime en mer de Chine. Le Japon souhaite une exploitation commune du champ, ce que la Chine refuse jusqu’à présent. 11 sessions de négociation ont déjà été tenues sur le sujet.

Ces discussions, même incomplètes, sont toutefois un progrès après la décennie de refroidissement entre les deux pays, en partie dues aux visites répétées de M Koizumi, premier ministre japonais au temple de « Yasukuni ». Ce temple célèbre la mémoire des soldats japonais de la seconde guerre mondiale, dont 12 criminels de guerre de classe A, condamnés pour avoir commis des atrocités en Chine. Les japonais avaient été à leur tour choqués par des émeutes anti-japonaises dans les grandes villes chinoises en 2005.
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Randonnée depuis Tokyo

Chaque grande gare de Tokyo est entourée d’un rempart d’hôtels, de bureaux et de magasins, parfois agrémentés d’une autoroute suspendue. Montez de bon matin dans un des trains de Tokyo, et, après quelques minutes, vous arriverez dans l’interminable banlieue japonaise : des petites maisons collées les unes aux autres, quelques parcs, des parkings, des rues commerçantes entourant les haltes du train, et, de plus en plus, de grands immeubles. Les 30 premières minutes sont le trajet quotidien des banlieusards, mais il serait dommage de s’y arrêter. Restez dans le train un peu plus longtemps, et vous arriverez dans les montagnes qui bordent la plaine du Kanto. Loin de l’agitation de la ville, de petits villages se succèdent dans des vallées étroites entourées par la forêt : quelques maisons désuètes, parfois un petit magasin, des habitants âgés qui cultivent les moindres espaces gagnées sur les montagnes.
La randonnée commence parfois par une courte approche dans la vallée, à travers les champs et les rizières, et la traversée du torrent. Puis, dès l’entrée dans la forêt, le sentier devient plus raide. Parfois, la forêt commence par un bosquet de bambou dont les feuilles bruissent au vent. Vous croisez un champ de wasabi (moutarde japonaise) parcouru par de l’eau courante, un temple isolé ou une petite maison. Après une montée intense, le sentier arrive sur la crête de la montagne, d’où il sera souvent possible d’avoir une vue dégagée sur les vallées des environs. Vous pourrez aussi souvent apercevoir le Mont-Fuji, enneigé en saison.
Vous parcourez ensuite la crête de la montagne pendant quelques minutes ou quelques heures. Aux plus beaux endroits, un groupe de randonneurs âgés suréquipés improvise un repas chaud. Puis, vient le moment de redescendre dans la vallée par un autre sentier raide, et de rejoindre une autre gare qui vous ramène en ville. Les lignes de montagne ne sont pas les plus fréquentées, et il faut parfois attendre une demi-heure le prochain train, si possible équipé d’un livre ou d’un magasine.
Les plaisirs de la randonnée varient suivant les saisons : Au printemps, les pruniers et les cerisiers en fleur agrémentent la campagne. La forêt japonaise est aussi spectaculaire en automne. En hiver, les sommets des environs sont souvent enneigés. Ces saisons permettent aussi d’admirer le Mont-Fuji, car l’air y est pur. En été, l’atmosphère est plus lourde, mais la brume crée souvent de superbes jeux de lumière.
Partons donc pour la montagne la plus proche de Tokyo. Au départ de la gare de la compagnie Keio (京王) à Shinjuku (), un train « Jun-Tokkyu » (準特急) vous emmènera en 53 minutes à la gare de Takaosanguchi (高尾山口). Il est aussi possible de prendre un train en direction de Hacjioji (八王子) et de changer à Kitano(北野). La gare se situe dans un petit village touristique désuet, le Mont Takao (高尾山) n’a plus le succès d’il y a trente ans. Vous tournerez à droite jusqu’à rejoindre le départ du téléphérique. Il est très agréable de prendre le petit sentier partant sur la gauche avant le téléphérique appelé « Inari Course » (稲荷山コース). Celui-ci monte sur la crête dans la forêt, et offre des vues agréables sur les vallées environnantes. En suivant le sentier, vous vous élèverez petit à petit. Suivez le chemin sur la crête jusqu’au sommet en vous dirigeant toujours en direction du Mont Takao (高尾山). L’ascension d’une heure et demi dans la forêt se termine par un long escalier. Les randonneurs sont nombreux dans la clairière du sommet. Si le temps est clair, une terrasse sur la gauche du sommet propose une très belle vue du Mont-Fuji.
La descente par la route (sentier 1 –1号路) est plus confortable. Au bout d’une vingtaine de minutes, il est agréable de prendre le sentier de droite en direction du temple du Mont Takao (高尾山楽王院). Le petit sentier partant du temple permet de rejoindre le fond de la vallée. La route (sentier no 6 – 6号路) dans le fond de vallée très étroite vous amènera ensuite jusqu’au départ du téléphérique. Après Trois ou quatre heures dans la forêt, vous êtes revenu à la civilisation.

Le Mont Takao est la randonnée la plus accessible des environs de Tokyo, et sans doute la seule possible en une demi journée, mais il en existe bien d’autres, plus sauvages et plus intéressantes. Un livre en anglais propose une vingtaine de randonnées autour de la ville. C’est probablement l’investissement le plus utile lors de votre installation dans la ville.
Day Walks near Tokyo par Walters, Gary D. ISBN 4770016204, publié par Kodansha International
Un site en japonais propose une carte du Mont Takao. Les deux dernières photos de cet article ont été prises lors d'une ascencion du Mont Takao en automne.
Avant de partir, vous vous êtes équipé de bonnes chaussures de randonnées montantes, indispensables sur les sentiers raides qui parcourent les flancs des montagnes. L’auteur de ce blog est un habitué des Alpes, mais a été surpris par la relative difficulté des sentiers japonais, même sur le flanc de montagnes ne dépassant pas les 1000m. Vous avez également acheté des boisson et de quoi manger avant de partir, car il n’y a pas forcément de commerces dans les villages de montagne. Une bouteille de thé vert et quelques « O Nigiri » donneront une touche japonaise à votre randonnée. Il convient également de consulter la météo avant de partir, et de s’abstenir en cas de pluie, de neige ou d’orage. Une carte, même sommaire, est indispensable. Les services offerts par Yahoo Japan peuvent être suffisant dans les deux cas. Il est important de connaître à la fois la prononciation et l’écriture (kanjis) des endroits où vous vous rendez. Les panneaux indicateurs ne sont en général écrits qu’en japonais, et vous souhaiterez peut-être demander votre chemin. Il est recommandé de ne pas partir seul, ou au moins de laisser votre itinéraire à une connaissance qui pourra alerter les secours si vous vous blessez, et ne rentrez pas. Les sentiers sont toutefois relativement fréquentés en toute saison, et il est très rare d’être seul.
Vous pouvez continuer votre lecture par cette escapade au Mont Rokko, un des plus beaux panoramas du Japon
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