dimanche 28 décembre 2008

L'étape d'Hakone sur la route du Tokaido

La vue du Mont-Fuji depuis le lac d’Hakone est une des cartes postales du Japon. Comme tout lieu touristique, Hakone a évidemment ses excès, et ceux qui ont attendu deux heures pour monter dans le téléphérique en garderont un mauvais souvenir, surtout si leur récompense a été une vue imprenable sur … les nuages qui cachaient le célèbre volcan. Pourtant, si l’on évite les courtes périodes d’affluences, et si le temps est de la partie, Hakone est une excursion inoubliable à 1 heure de train de Tokyo : l’activité volcanique, les superbes panoramas, et des randonnées agréables vous permettront d’oublier quelques instants l’agitation de Tokyo. Vous pouvez aussi faire étape à Hakone pour compléter un voyage au Japon centré sur le Kanto (la région de Tokyo). Celui-ci comprendra sans doute aussi une halte à Nikko, à Kamakura, dans les montagnes et dans la péninsule d’Izu.
Les mérites d’Hakone sont incontestables, mais le voyage depuis Tokyo est aussi intéressant. Les « Romance Car », un service spécial de la compagnie privée Odakyu, offrent en effet quelques places panoramiques avec une vue sur tout l’avant du train, car la cabine du conducteur est surélevée. Comme le train traverse toute la banlieue Tokyoïte depuis le grand centre de Shinjuku, c’est un des meilleurs aperçus de la ville. Depuis les grandes tours, les habitations se font de moins en moins denses, et l’activité se rassemble autour des gares. Les champs apparaissent d’abord perdus entre les maisons individuelles, puis deviennent alors majoritaires, et on voit apparaître la campagne japonaise typique avec ses champs de riz jamais très éloignés des habitations. Après avoir traversé quelques collines, on arrive dans la petite ville de Matsuda (松田), et à Odawara (小田原), avant de remonter une longue vallée jusqu’à la station d’onsen de Hakone Yumoto (箱根湯本).
Hakone Yumoto est une grande station d’onsen assez chic d’où part la ligne de train Hakone-Tozan (箱根当山). Les voyageurs au budget confortable apprécieront le « Classic Hotel » Fujiya près de la gare de Miyanoshita (宮ノ下駅), qui est également un excellent endroit pour juste prendre un verre ou acheter les excellents curry-pans, un des meilleurs du Japon. L’endroit est plus calme que Hakone-Yumoto. La station de Gora (強羅駅), tout en haut de la ligne de train Hakone-Tozan, est également un bon endroit pour profiter des onsens. Il existe de nombreux hameaux isolés avec un ou deux établissements pour ceux qui préfèrent être entourés de calme nature. Si cela ne vous suffisait pas, la péninsule d’Izu n’est qu’à quelques minutes de train d’Odawara, en particulier la station d’Atami, qui revient à la mode.

Le site d’Hakone est situé dans le cratère effondré d’un volcan, une « caldeira » dont le lac occupe l’endroit le plus bas. La dernière éruption a eu lieu il y a 3000 ans, et a formé le lac d’Ashinoko et la vallée d’Owakudani. Entre Hakone Yumoto et le lac d’Ashiko, le site d’Owakudani (大涌谷) a des airs de porte de l’enfer. Des fumeroles sulfurées sortent de terre, ainsi que de nombreuses sources chaudes. Comme nous sommes au Japon, un plat spécial a été imaginé pour l’endroit : les œufs noirs, ou « kurotamago » (黒玉子), bouillis dans les fumeroles volcaniques. Ils sont censés prolongés la vie de sept ans si consommés avec modération, une coutume bien pratique pour augmenter les ventes. Le site se rejoint par le funiculaire, puis le téléphérique depuis Gora.
On vient principalement à Hakone pour les superbes vues du Mont-Fuji. Celles-ci sont les plus impressionnantes entre la fin de l’automne et le début du printemps, quand la montagne est encore enneigée et l’air suffisamment clair pour apercevoir le volcan. Un des endroits les plus agréables est un parc situé sur le site d’un ancien palais impérial (onshi-hakone, 恩賜箱根) entre Moto-Hakone (元箱根) et Hakone-machi (箱根町). Si l’on suit l’itinéraire touristique habituel, on peut rejoindre Moto-Hakone par le bateau qui part du terminus du téléphérique à Togendai (桃源台). Le voyageur sera indulgent envers la présence d’une reproduction d’un bateau de ligne français ou d’un vapeur du Mississipi, et se rappellera que l’éclectisme est aussi un élément central de la culture japonaise.
Une fois arrivé à Moto-Hakone, on atteint cette petite presqu’île du lac d’Ashinoko (芦ノ湖) par 15 minutes de marche depuis Moto-Hakone dans une allée très agréable bordée de pins historiques de l’ancienne route en bordure du lac. A proximité du parc en direction de Hakone-machi se trouve l’ancien poste frontière de Hakone (HakoneSekisho, 箱根関所): il marquait l’entrée de la région du Kanto (littéralement à l’est des portes), et ne pouvait être franchi sans autorisation. Le contrôle des voyages, en particulier des seigneurs, était une des bases du pouvoir du ShogunTokugawa, qui s’assurait ainsi de la présence permanente d’otages de tous les clans dans la ville de Tokyo pour garantir la paix civile.
Depuis Moto-Hakone, une promenade agréable est l’ancienne route du Tokaido, ou Kyukaido (旧街道), qui permet de rejoindre par un sentier en descente, la station de Hakone Yumoto. Comme beaucoup de randonnées au Japon, elle permet de profiter de la forêt qui recouvrent les flancs de cette étroite vallée. De bonnes chaussures de randonnée sont de rigueur. L’étroitesse du chemin qui était le principal axe routier du Japon de l’Ere Edo (17ème au 19ème siècle) étonne, mais on doit se rappeler que les routes anciennes, comme les voies romaines, n’étaient en aucun cas des axes économiques : les échanges commerciaux se faisaient par voie maritime ou fluviale, le transport par route est beaucoup trop coûteux, il était donc réservé aux voyageurs et mouvements de troupe. Sur le chemin, vous croiserez après une heure de marche l’Amasake-Chaya (甘酒茶屋) qui offre un saké chaud bienvenu, et un petit musée présentant l’ancienne route du Tokaido. Après 45 minutes supplémentaires, vous arriverez au petit village de Hatajuku (幡宿), dont la spécialité est la boîte en bois, disponible évidemment dans de nombreuses boutiques de souvenir. Il est possible de continuer sa route jusqu’à Hakone Yumoto, ou de prendre le bus depuis le village. La marche complète jusqu’à Hakone Yumoto prend une grosse demi-journée.

Informations pratiques

Le Romance Car coûte 2020 Yen (15 Euros) de Shinjuku à Hakone Yumoto, avec environ un train toutes les 30 minutes. Un free pass offre le trajet depuis Tokyo et des transports illimités dans la région d’Hakone aux non-résidents. Le prix est de 5000 Yen (38 Euros) pour deux jours et 5500 Yen (42 Euros). Le site en anglais de la compagnie donne des informations détaillées en anglais: http://www.odakyu.jp/english/rc/index.html

L’itinéraire touristique depuis Hakone Yumoto comprend le train HakoneTozan de Hakone-Yumoto à Gora (390 Yens l’aller), puis le Hakone-Tozan cable car jusqu’à Sounzan (早雲山), puis le téléphérique (Hakone Ropeway, 箱根ロープウェイ) jusqu’à Togendai (桃源台) (1330 Yen (10 Euros) l’aller, 2340 Yen (18 Euros) l’aller-retour).

Bien que le funiculaire soit agréable, le plus pratique pour rejoindre moto-Hakone est le bus : 40 minutes depuis Hakone Yumoto (prix 930 Yen (7 Euros)).

Il est préférable d’éviter l’été, où le Mont-Fuji sera certainement invisible, et les périodes d’affluences pendant les jours fériés japonais : golden week entre le 28 avril et le 5 mai environ, et congés de fin d’année autour du premier janvier.

La carte suivante sur le site de l’office du tourisme japonais est fort pratique : http://www.tourisme-japon.fr/explorer/destinations/pdf/tokyo2-fuji-hakone.pdf


Le site Secret Japan propose de nombreux conseils et adresses d’onsen sur la région : http://www.secret-japan.com/forum/hakone-(kanagawa-ken)-t18.html

Le site officiel d’Hakone compte 17 sources d’onsen répertoriées (http://www.hakone.or.jp/english/midokoro/onsen.html)

L’estampe affichée est issue de la série des 53 stations du Tokaido (東海道五十三次) par Utagawa Hiroshige (歌川広重)

Vous pouvez continuer votre lecture et organiser votre voyage avec les articles suivants sur les « Classic Hotels », les Onsens et la péninsule d’Izu.
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jeudi 25 décembre 2008

Joyeux Noël 2008

Je souhaite à tous les lecteurs de ce blog et à leur famille un très Joyeux Noël. J'espère que vous passerez un bon moment entouré de vos proches, loin des petites soucis et inquétudes de l'époque.
La photo a été prise au Ryoanji (竜安寺) à Kyoto pendant une éclaircie après une chute de neige. Le temple est connu pour son jardin de pierre qui prend un aspect surprenant sous un manteau blanc.
Les lecteurs récents souhaiteront peut-être continuer votre lecture par cet article de l'an dernier sur les fêtes de fin d'années au Japon.
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dimanche 7 décembre 2008

En couple avec un conjoint japonais

Un séjour à l’étranger rend souvent plus vulnérable. Que l’on soit étudiant ou expatrié, le voyage est donc un moment propice pour une rencontre. Celles-ci semblent plus fréquentes entre hommes européens et femmes japonaises. C’est peut-être parce que le Japon atire plutôt les hommes français, et l’Europe est plutôt du goût des femmes japonaises. Peut-être aussi que les hommes européens et les femmes japonaises, habituées au rôle actif de la cour amoureuse, prendront plus facilement l’initiative. Il semble en tout cas que le début des histoires soit plus facile à l’étranger. Le charme de l’inconnu, l’intérêt de découvrir même les détails les plus insignifiants de la vie quotidienne du pays, souvent un voyage que l’on a idéalisé avant le départ, et il faut bien le dire, moins d’acuité à estimer la beauté d’une personne d’une autre « couleur » : tout cela rend l’aveuglement amoureux encore plus intense que dans une relation normale. Pourtant, si les débuts sont souvent plus faciles, la vie de couple étranger n’est pas simple à organiser. Cet article rassemble quelques modestes conseils.
Le respect

Tout couple demande un respect mutuel. Mais ici, la tentation est grande d’établir une hiérarchie entre les deux pays : les français seront tentés de mépriser l’urbanisme chaotique des villes japonaises, l’acharnement parfois inefficace au travail, et les particularités de la politique nippone. Les japonais regarderont de haut cette France des trains en grève, des crottes de chien, et du garçon de café qui ne sourit pas. Ces comportements sont souvent très dangereux dans un couple : même si l’on a conscience des limites de son pays, on n’aime jamais recevoir des leçons d’un étranger. Et toute tentative de mettre une hiérarchie entre les deux pays sera vite vue comme la volonté de mettre la même hiérarchie dans le couple. Il convient en particulier d’être très prudent sur les informations que l’on recueille sur le pays de son conjoint dans les forums internets, blogs, et sites spécialités pour les expatriés : il existe, en particulier sur les sites occidentaux, des interprétations discutables de la vie au Japon, avec souvent des raccourcis très hatifs. Certains faits divers rares sont parfois interprêtés comme des évènements normaux.
Il est beaucoup plus sage de proclamer une fois pour toute l’égalité entre deux pays au niveau de vie d’ailleurs tout à fait comparable. Cela n’interdit pas évidemment de s’amuser avec affection et humour des petits travers typiques de l’un ou l’autre pays, et même de se réjouir d’y être confronté, car cela fait partie du charme du voyage : une brasserie parisienne a besoin d’un serveur un peu rude, comme une ligne de train japonaise a besoin d’un préposé au petit drapeau rouge en bout de quai pour que l’expérience soit complète.
Il est aussi primordial de respecter les efforts que fait le conjoint déraciné pour s’adapter à sa nouvelle vie : ce n’est jamais une expérience facile, et il y aura forcément des petits coups de blues. Ce sont d’excellents moments pour prouver son attachement à son conjoint en lui apportant réconfort et écoute. Au contraire, si la personne en difficulté sent que son coup de blues est vu par son conjoint comme un obstacle qui l’empêche de regarder le match de foot ou de sortir avec ses copines au dernier restaurant à la mode de Daikanyama, cela ne renforcera pas l’affection mutuelle.
Le lieu de vie

Une relation de couple est faite d’affectation entre les conjoints, mais c’est aussi le choix d’un mode de vie commun acceptable pour les deux personnes. Dans le cas évoqué ici, les difficultés sont plus importantes : le choix du lieu de résidence voudra souvent dire qu’un des deux conjoints sacrifie sa carrière. Au moins un des conjoints sera éloigné de sa famille, des produits et de la culture de son pays. Internet permet des communications gratuites et l’accès aux journaux du pays d’origine, mais cela ne résoud pas tout. Il faut avoir vécu plusieurs années à l’étranger pour comprendre ce fort besoin d’un plat auquel on est habitué depuis l’enfance et introuvable sur place : malgré l’excellente nourriture japonaise, après une année sans rentrer en France, j’aurais volontiers échangé un diamant contre un bon saucisson lyonnais. Je pense donc qu’il est important de discuter avec son conjoint du type de vie que l’on envisage pour le futur, s’installer dans un autre pays n’est jamais un acte anodin, et souvent, le conjoint qui « joue à domicile » n’aura pas conscience des difficultés, surtout s’il n’a jamais tenté de s’intégrer à l’étranger. Un bon compromis est sans doute le projet de vivre, suivant les circonstances, dans l’un ou l’autre pays. Cela réduit la pression sur le conjoint expatrié de s’adapter à tout prix. Et l’expatriation sera d’autant plus facile que si le conjoint concerné a à la base, un intérêt pour le pays dans lequel il va vivre.
Le Japon est un pays très urbain. Cela a certainement des inconvénients, des trains bondés aux appartements exigus. Toutefois, ces villes sont aussi très vivantes : magasins ouverts à toute heure, spectacles et activités culturelles variées, restaurants nombreux et souvent excellents, boutiques à la pointe de la mode, tout ceci est accessible à quelques stations de métro. Si un japonais d’une grande ville (Tokyo, Osaka-Kobe-Kyoto, mais aussi Nagoya, Hiroshima ou même Fukuoka) vient en France il ne retrouvera souvent la même activité qu’à Paris, et peut-être très marginalement à Marseille, Lyon ou Toulouse. L’installation dans une ville de province peut-être un choc important pour certains japonais. C’est peut-être encore plus vrai aux Etats-Unis, où la vie des « suburbs » est si éloignée de celle du Japon, malgré un excellent confort.

L’argent

Un retour au pays coûtera plus de mille euros pour le conjoint éloigné de sa famille, et il ne peut souvent s'organiser que longtemps à l'avance. Les produits locaux et les livres en langue maternelle seront plus difficiles à trouver et souvent chers. Il n’est ainsi par rare de payer entre 10 et 15 Euros pour un magazine japonais à Paris, et celui-ci sera introuvable même dans les grandes villes de province. Les japonais qui s’installent en France sont aussi habitués à des quartiers sûrs et propres, et à une qualité de service excellente. Ils s’adapteront souvent mieux aux quartiers agréables de centre-ville qu’aux banlieues populaires, et apprécieront les commerces hauts de gamme. Dans l’autre sens, un français habitué à la qualité de vie de la province française se sentira sans doute plus à l’aise dans les quartiers agréables de Tokyo. Tout ceci fait qu’une certaine aisance financière aidera beaucoup à l’intégration. D’autant que de nombreux jeunes japonais habitent encore chez leurs parents et utilisent leurs salaires (souvent autour de 1500 Euros) comme argent de poche : s’ils s’expatrient, à moins qu’eux-mêmes ou leurs conjoints n’aient une situation exceptionnelle, leur pouvoir d’achat sera diminué de beaucoup. Il est très recommandé de faire une estimation de la situation financière du couple, et du train de vie qui pourra être mené, et de la partager avant de prendre de décisions irréversibles, comme celles d’une installation en France ou au Japon.
Certains détails pratiques, comme la combinaison des retraites des deux pays, doit être étudiée en détails. Une double cotisation était en effet extrêmement coûteuse, et pouvait représenter 20% de pouvoir d’achat en moins. Depuis l’accord sur les retraites entre la France et le Japon signé en 2005 et entré en application en 2007, la situation est plus simple. Les perspectives d’emplois au Japon pour des européens doivent toutefois être étudiées avec réalisme : Même avec un travail de cadre dans une multinationale en Europe, il n’est pas toujours possible de trouver une bonne position dans la filiale japonaise du groupe. Et c’est le cas le plus favorable : beaucoup d’étrangers ne peuvent prétendre qu’au poste précaire et peu payé de professeur de conversation. C’est sans doute un bon deuxième salaire dans un couple, mais très juste pour entretenir une famille.
Le mariage

Quoi que l’on pense des couples au long-cours qui refusent de se marier, les législations françaises et japonaises sur l’immigration sont telles qu’il est devient souvent obligatoire à un moment de se marier pour pouvoir habiter ensemble. Dans certains cas, seul le visa de tourisme (3 mois renouvelable tous les 6 mois en France) est accessible au conjoint non-marié en visite. Ce n’est pas la seule raison : un conjoint qui doit quitter son pays pourra se sentir plus à l’aise s’il a des certitudes juridiques par rapport au couple. De plus, l’union libre n’est pas entrée dans les mœurs au Japon. Le mariage sera donc une étape presque obligatoire, et il arrivera peut-être plus tôt qu’on ne le souhaiterait idéalement. Il est par contre très rare que les familles japonaises acceptent un mariage quand l’homme européen est encore étudiant, car ils considèrent qu’il n’a pas encore de situation, et ne peut subvenir correctement aux besoins du nouveau foyer. De même, les jeunes filles japonaises souhaiteront souvent travailler quelques années au Japon après la fin de leurs études avant de se marier et éventuellement de suivre leur époux dans son pays. Certains pensent aussi que les familles acceptent mieux les conjoints de leurs enfants quand ceux-ci approchent de la trentaine car ils pensent que c’est peut-être la dernière chance de se « marier dans les temps », et ils sont plus près à accepter les sacrifices de la situation. Tout ceci fait que les couples ayant fait des études supérieures semblent passer cette étape plus facilement après 25 ans qu’avant. Ce n’est dailleurs pas spécifique aux couples mixtes.
Les langues

Entre écriture terrifiante et grammaire absurde, Japonais et français sont parmi les langues les plus compliquées à apprendre. Certains couples internationaux commencent à parler en anglais, d’autres dans en français ou japonais, qu’un des conjoints aura appris pendant ses études. La vérité est que l’apprentissage d’une langue une fois adulte et dans la vie active est difficile pour beaucoup. C’est toutefois un effort auquel le conjoint non bilingue doit accorder la plus grande importance : seule une maitrise raisonnable de la langue du conjoint pour les deux partenaires permet une bonne communication avec les familles respectives, et cela aide certainement à s’intégrer dans chacun des pays. Lorsque l’on a une vie professionnelle intense, on n’a souvent pas le courage de se plonger vers 10 heures du soir dans une liste de kanjis ou des conjugaisons du troisième groupe. Un petit congé sabatique de 3 ou 6 mois pour étudier dans le pays la langue du conjoint peut-être une bonne idée.
Les différences de mode de vie

Certains expliquent les difficultés des couples internationaux par des différences de cultures complexes, liées aux philosophies très différentes entre paganisme et christianisme. C’est peut-être vrai, mais je crois qu’il ne faut pas négliger des aspects plus concrets des différences de modes de vie. Il faut décider si l’on enlève les chaussures à la maison (mode japonaise) ou si on les garde (mode française). La douche se prend également le soir (au Japon) ou le matin (en France). Les femmes japonaises retournent dans leur famille pour la fin de leur grossesse, alors qu’elles restent au domicile conjugal en France. Les habitudes alimentaires sont également différentes. Les femmes gèrent l’argent du couple toutes seules au Japon, alors que c’est plus une décision commune en France. Les vacances sont courtes et luxueuses au Japon, alors qu’elles sont longues et souvent « en famille à la campagne pour un mois» en France. Les courses se font tous les jours au Japon, alors que l’on se rend au supermarché pour le caddie hebdomadaire en France. La bonne viande de bœuf est maigre en France alors qu’elle est grasse au Japon. Enfin, peut-être plus important, les japonais n’aiment pas beaucoup les imprévus, et apprécient qu’un emploi du temps soit fixés à l’avance, sans annulation et retard le jour venu. Ce dernier point semble être un de ces qui énervent le plus les conjoints japonais de français.Tous ces sujets d’importance variable font qu’il va falloir trouver un mode de vie commun qui, sur certains aspects, surprendra un des conjoints. Là encore, un compromis est sans doute la meilleure des solutions, il est préférable de parler des sujets les plus sensibles avant une installation définitive.
Ces quelques lignes auront peut-être convaincu qu’un couple international n’est pas anodin. Partager une autre culture est une expérience formidable, mais les contraintes engendrées sont aussi importantes. Un dialogue ouvert et franc est primordial au succès du couple. Cela permettra d’anticiper les difficultés pour mieux les surmonter, et d’établir des compromis acceptables aux deux conjoints.
Informations utiles

Ce post de l’excellent blog « La rivière aux canards » explique l’accord sur les retraites signé entre la France et le Japon.

Des articles précédents de ce blog traitent des couples aux Japon, des démarches administratives pour la venue d'un conjoint japonais en France, et de la vie d'expatrié au Japon.

Je vous propose de compléter mon article avec vos expériences. J’enrichirai celui-ci au fur et à mesure avec les meilleures contributions des commentaires.
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