dimanche 27 janvier 2008

Hôtels de charme de l’ère Meiji

Une dizaine d’hôtels de luxe récents offrent à Tokyo le confort moderne et les dernières tendances. Nous parlerons certainement une autre fois du Shinjuku Park Hyatt, rendu célèbre par Lost in Translation. Vous impressionnerez vos invités en les recevant au New York Bar et en les guidant dans la carte des whiskies. De la grande baie vitrée, vous dominerez Tokyo, ses immeubles, ses néons, ses passants, ses taxis. Chaque nouvelle tour, des Roppongi Hills au Tokyo-MidTown, crée ainsi un nouveau lieu branché. Ceux-ci ne sont pas adaptés à toutes les humeurs. Ils conviennent à la séduction, la fête, la négociation, la célébration.

Mais la vie est aussi faite de nostalgies, de regrets, de réflexions, de reconnaissance, d’après-midi de lecture, de souvenirs d’enfance et de photos jaunies. Ces instants aux couleurs plus ternes sont importants, mais ils s’accordent mal au chic rutilant du Japon moderne. Je vous propose donc de passer quelques heures dans deux vieux hôtels japonais de l’Ere Meiji. Les japonais les appellent « Classic hotels » (クラシックホテル).

Kyoto (京都) est la ville la plus touristique du Japon, mais certains connaisseurs lui préfèrent Nara (奈良). Capitale du Japon au 8ème siècle, l’endroit est célèbre pour son grand bouddha entouré d’un parc magnifique. Des biches en liberté y mendient des gâteaux aux promeneurs. Le Nara Hotel (奈良ホテル) est situé à la lisière sud du parc, de l’autre côté d’un petit étang sur une colline. Il a la taille d’un grand temple, et une façade de style très japonais. Son intérieur s’inspire du XIXè siècle européen. Les moquettes rouges et les fauteuils en cuir années 30 donnent une touche coloniale à l’ensemble, même si les murs en bois vernis gardent toujours un petit air japonais. Pour un séjour ou un simple thé, le service est impeccable, même si les produits proposés sont très classiques.


L’hôtel a été construit en 1909, et accueilli de nombreux hôtes célèbres, de Prokofiev à Audrey Hepburn, ainsi que la plupart des membres de la famille impériale japonaise. Il fut réquisitionné par les armées d’occupations américaines après la guerre. Celles-ci avaient le projet de repeindre les boiseries aux couleurs vives, catastrophe heureusement évitée grâce à l’obstination du gérant japonais de l’époque. L’hôtel a aussi échappé à une extension qui aurait rajouté une tour à l’ensemble dans les années 70, projet heureusement arrêté à cause de régulations d’urbanisme.



Plus proche de Tokyo, la station thermale d’Hakone (箱根) offre des bains chauds, de superbes randonnées, et un lac avec des vues magnifiques sur le Mont-Fuji(富士山). C’est un lieu de passage depuis l’ère Edo (17èL au 19è siècle. Les shoguns y controlaient les passages avec le reste du pays. L’hôtel Fujiya (富士屋ホテル) se trouve à quelques pas de la gare de Miyanoshita (宮ノ下). Il fut fondé en l’an 11 de l’Ere Meiji (1878), et fut un temps un hôtel réservé aux étrangers (1893-1912). Il subit aussi pendant une dizaine d’années l’occupation américaine après la guerre. Un couloir rassemble les photographies noires et blanc des hôtes les plus célèbres. Il est aussi possible de visiter la chambre occupée par John Lenon et sa femme durant quelques mois.

L’hôtel est un vaste complexe de bâtiments de style variés construits en bois. Il propose surtout des chambres de style occidental, mais un petit pavillon dans le jardin, ancienne villa impériale offre un service japonais de style « ryokan » (旅館): chambre en tatami et repas traditionnel servi dans la chambre. Les chambres sont toutes magnifiques, avec de vieux parquets, et des murs blancs aux charpentes en bois apparentes. Meubles et murs sont patinés par le temps. Il serait toutefois dommage de trop rester dans les chambres. L’établissement dispose aussi d’un salon calme aux profonds canapés de cuir, l’endroit idéal pour terminer une après-midi un livre ou périodique à la main. L’hôtel garde également de nombreux souvenirs dans son musée. Le bar de style années 30, est surprenant. Le présentoir des boissons est recouvert d’un toit japonais mais le reste de la pièce est très dépouillé. Des bains thermaux sont également disponibles, ainsi qu’une très belle piscine intérieure. Le jardin japonais est superbe. Il s’y trouve une serre qui utilise les sources chaudes voisines pour cultiver des espèces tropicales. Le dîner et le petit déjeuner se prennent dans la salle de restaurant au superbe plafond de bois peint. Le soir, il est de bon ton de porter une veste, Il y est servi une cuisine française très classique. Avant de partir le lendemain, vous pourrez acheter pour votre voyages des pains aux currys et autres viennoiseries qui passent pour être parmi les meilleures du Japon.

Ceux qui ne peuvent quitter Tokyo pouvaient une atmosphère proche au « Tokyo Station Hotel » 東京ステーションホテル, qui occupe une partie du bâtiment de la gare de Tokyo. Il est un peu plus récent (1914), et plus petit que ses confrères de province, mais il a gardé les moquettes rouges et les boiseries. Il est malheureusement fermé jusqu’en 2011 à cause des travaux qui vont redonner à la gare de Tokyo son aspect d’origine. Les voyageurs de passage à Nikko trouveront une ambiance proche au « Nikko Kaneya Hotel », le doyen des hôtels japonais, fondé en l’an 6 de l’ère Meiji.


Les deux hôtels mentionnés dans cet article ne sont certes pas bon marchés. Mais le voyageur aisé trouvera certainement l’étape plus stylée qu’un hôtel classique. Toutefois, les voyageurs aux moyens plus modestes pourront prendre un thé dans l’établissement, ou y boire un verre au bar, et ainsi profiter de l’atmosphère pendant quelques heures. Vous y serez traité avec autant d’égards qu’un habitué du lieu.

Vous pouvez continuer votre lecture à Akasaka, un ancien quartier noble de Tokyo.

Nara Hotel (奈良ホテル)

1096,takabatake-cho, Nara, 630-8301 (〒630-8301奈良市高畑町1096) Tel: 81-742-26-3300 (). Accès par bus (stand no3) depuis la gare de Nara (奈良駅)ou Kintetsu Nara(金鉄奈良駅). Un bus direct est également disponible depuis l’aéroport international du Kansai. http://narahotel.co.jp/english/index.html/

Chambres simples de Y15.000 (90 Euros) à Y21.000 (127 Euros) petit déjeuner compris. Chambres doubles de Y12.000 (72 Euros) à Y20.000 (120 Euros) par personne petit déjeuner compris.

Fujiya Hotel (富士屋ホテル)

359 Miyanoshita, Hakone-machi, Kanagawa-ken 250-0404 (〒250-0404
神奈川県足柄下郡箱根町宮ノ下359), JAPAN Tel 460-82-2211

Accès par bus (halte de Miyanoshita Onsen) ou par le train Hakone Touzan箱根登山鉄道, gare de Myanoshita宮ノ下 7 minutes de marche depuis la gare. Le train et le bus se prennent à 箱根湯元, gare accessible par des trains directs depuis Shinjuku 新宿par la ligne Odakyu 小田急線 http://www.fujiyahotel.jp/english/index.html

Offre spéciale pour les étrangers à 130$ la chambre, si disponible. Formules demi pension (Flower Palace Plan) dans des chambres construites en 1936 : de Y26.000 (157 Euros) par personne en semaine à Y31.000 (200 Euros) par personne le samedi ou la veille des jours fériés sur base de chambre double. Salon de thé « Orchid » ouvert de 9.00 à 21.00, bar « Victoria » ouvert de 17.00 à 23.00, charge de 515 Yens (3 Euros) par personne.

Nikko Kaneya Hotel (日光金谷ホテル)

1300 Kamihatsuishi-Machi Nikko Tochigi-ken 312-1401 (321-1401栃木県日光市上鉢石町1300). Tel 0288-54-001. 15 minutes de marche depuis la gare de Tobu-Nikko (東武日光)ou Nikko(日光). Il est aussi possible de prendre le bus en direction de Yumoto-Onsen (湯元温泉), s’arrêter à Shin-kyo (神橋). http://www.kaneyahotel.co.jp/

De Y21.000 (127 Euros) à Y39.000 (236 Euros) par personne pour une demi-pension le week-end, de Y19.500 (118 Euros) à Y37.000 (224 Euros) en semaine.

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samedi 12 janvier 2008

Sortir de Tokyo en voiture

Le Japon possède un excellent système de transports en communs, et la plupart des visiteurs se contentent des trains, du métro et du bus. Toutefois, la conduite est le moyen le plus simple pour se rendre dans des endroits reculés. Certaines routes du Japon ne sont desservies que par un bus peu confortable, cher, et passant quelques fois par jour. Depuis Tokyo, un week-end vers la presqu’île d’Izu (伊豆半島), la région du Mont Fuji (富士山), les Alpes du Sud (南アルプス), ou la région de Nikko (日光) est beaucoup plus pratique en voiture. L’île d’Okinawa (沖縄) se parcourt de préférence en voiture. 

Pour deux personnes, la voiture reviendra même souvent légèrement moins cher que les transports en commun. La location d’une voiture au Japon est simple. Il suffit pour les français, même de passage, de faire réaliser une Traduction certifiée de leur permis de conduire à l’ambassade. La procédure prend une vingtaine de minutes, et coûte environ 1500 Yens (en octobre 2007), il est préférable de prendre un rendez-vous. De nombreux loueurs proposent leurs services, les plus répandus étant probablement Nissan Rent a Car et Toyota Rent a Car. La location d’une petite voiture est peu onéreuse, environ 14000 Yens (85€) pour un week-end. Les voitures louées seront principalement automatiques, et toutes munies d’un GPS(カーナビ). Il est depuis plus de 5 ans l’instrument indispensable dans ce pays qui ne donne pas de noms aux rues. L’instrument permet en effet de rentrer un numéro de téléphone, une adresse, ou un nom d’hôtel, et vous y guidera par la route la plus courte. A défaut, vous pouvez utiliser un site de calcul d’itinéraire, mais vous n’aurez pas droit à l’erreur.

Même si vous êtes résidents à long terme dans une grande ville japonaise, il est plus simple de louer une voiture de temps en temps, plutôt que d’acheter la votre. Les voiture sont peu chères au Japon. Une petite Toyota, la « Porte » coûte environ 1.4M soit 8500€. Il est par contre obligatoire de disposer d’une place de parking pour acheter un véhicule. Celle-ci peut coûter jusqu’à 40.000 Yens par mois (240€) dans un quartier résidentiel de Tokyo comme Meguro (目黒) et 60.000 Yens (360€) par mois dans un quartier d’affaires comme Akasaka (赤坂). Il est impensable de se garer provisoirement sur le bord de la route à la française, mais de nombreux parkings existent. Les plus sophistiqués embarquent votre voiture sur un support géant, et la rangent automatiquement dans un grand entrepôt. Même à la campagne, il est courant de devoir payer le stationnement dans les lieux touristiques. En centre-ville, le prix des parcs à environ 600 Yens (3.5€) de l’heure est raisonnable.

Vous quitterez sans doute Tokyo par l’autoroute Tomei (東名高速道路), qui relie Tokyo (東京) à Nagoya (名古屋), et passe près de la région d’Hakone (箱根), du Mont-Fuji (富士山) et d’Izu (伊豆). Elle permet la vitesse de 100km/h, le maximum autorisé au Japon. Même si le prix de l’autoroute est élevé au Japon, d’environ 24 Yens, (0.14€) du kilomètre, résistez à la tentation de prendre les nationales, au moins dans les zones très urbanisées entre Tokyo et Osaka (大阪). Vous pouvez en effet parcourir des centaines de kilomètres sur des routes au trafic dense, avec un feu tous les 300 mètres. Même quand vous quittez la ville, les virages étroits se succèdent, et la moyenne dépasse rarement les 40 kilomètres heures. La limite de vitesse sur les routes nationales est de toute façon de 60 km/h. Les petites rues en ville sont parfois plus lentes, et ne permettent souvent pas de croiser une autre voiture, sauf à faire un créneau serré entre les poteaux électriques. Ne soyez donc pas surpris si votre GPS vous indique 3 heures pour rejoindre votre destination 100 kilomètres plus loin. Enfin, dans les zones agricoles, des « gaijin traps » bordent la route des deux côtés. Ces fossés en béton ont juste la largeur d’un pneu de voiture, et sanctionneront toute erreur de trajectoire.


Malgré ses désagréments, la conduite est aussi parfois très agréable. Les japonais conduisent en general tres courtoisement, même s’ils n’ont pas les réflexes des européens. Les autoroutes suspendues de Tokyo (Shuto 首都) parcourent les quartiers les plus emblématiques de la ville. Vues d’en bas, ces ponts interminables qui strient la ville ne sont pas toujours appréciées, même s’ils font maintenant partie du paysage. Pour 700 Yens, ces autoroutes vous offrent une promenade suspendue dans le centre de Tokyo à la vitesse ébouriffante de 60 km/h pour les citoyens respectueux des lois et des radars fixes. Une musique un peu futuriste dans l’autoradio, et la voie métallique du GPS suffira à vous mettre dans l’ambiance de Blade Runner. Avant l’installation des contrôles de vitesse, ces autoroutes étaient parfois le théatre de courses illégales pendant la nuit. Ces courses et les hashiriyas (走り屋)les organisant, font maintenant partie de la légende, sans doute embellie pour mieux vendre les jeux-vidéos, films d’action, et mangas (le fameux Wangan Midnight, sorti en 1992) qui s’en inspirent. Encore plus futuriste, le Tokyo Bay aqualine (東京湾アクアライン) propose un passage entre Kawasaki (川崎) et la presqu’île de Boso (房総半島) de l’autre côté de la baie de Tokyo(東京湾). L’autoroute emprunte d’abord 10 kilomètres de tunnel à soixante mètre de profondeur sous la mer, avant de déboucher sur l’île artificielle de Kisarazu. L’endroit dispose d’une vue impressionnante sur toute la baie de Tokyo, du port de Kawasaki aux usines de Chiba. Ce lieu ne serait pas au japon sans la boutique de souvenirs vendant la mascotte locale (Umi-Hotaru海ほたる) en peluche et en gâteaux. Avant de penser à déménager dans la campagne de Chiba, considérez le péage de 3000Y par passage, qui décourage beaucoup d’utilisateurs. Même à ce tarif-là, les coûts de constructions pharaoniques ne seront remboursés que dans une cinquantaine d’années.


La campagne japonaise propose aussi de superbes ballades, en particulier à l’époque des arbres en fleurs, ou à l’automne. On découvre des petits hameaux à flanc de montagne, des rizières en terrasse, des temples, des champs d’arbres en fleur. Les bords de mer sauvages, comme ceux de la presqu’île d’Izu vous permettent de découvrir de superbes plages, des falaises, souvent du nori sêchant au gré du vent, parfois un petit port de pêche. Voua aurez accès au Japon le plus sauvage, celui qui n’est pas desservi par les transports en commun. Mais la plus grande satisfaction est la sensation d’être un individu adulte et libre. Vous n’avez pas besoin d’un employé pour vous indiquer que les portes du wagon vont bientôt se fermer, ou de vous inquiéter pour les horaires du dernier train. Profitez bien de cet instant magique, car, à votre retour, vous aurez sans doute quelques heures pour méditer sur les lacunes des infrastructures japonaises. Les retours de week-end, en particulier sur l’autoroute Chuo (中央高速道路), sont souvent l’occasion de bouchons monstres, et il n’est pas rare de mettre 4 heures pour parcourir les 120 kilomètres de Kofu (甲府) à Tokyo(東京).

Si une certaine tolérance est parfois exercée pour les étrangers faisant un petit excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse est sévèrement réprimée. La limite est très basse : 0.15mg contre 0.40mg en France. Un seul verre de bière peut vous faire dépasser la limite. Les sanctions vont jusqu’à 5 ans de prison et 1.000.000Y (6000€) d’amende. Une originalité de la loi japonaise est de proposer les mêmes peines pour les autres passagers d’une voiture conduite par une personne en état d’ivresse.

Toyota Rent-a-car (トヨタ レンタカー) http://rent.toyota.co.jp/ (japonais uniquement)
Nissan Rent-a-car (日産 レンタカー) http://nissan-rentacar.com/ (japonais uniquement)
Nippon Rent-a-car (ニッポンレンタカー) http://www.rentacartokyu.co.jp/ (japonais uniquement)
Orix http://car.orix.co.jp/ (japonais uniquement)
ToCoo! Travel http://www2.tocoo.jp/english/ (services en anglais)-

Sites proposant des cartes sur internet (pas de calcul d’itinéraire)
Yahoo Map : http://map.yahoo.co.jp/
Mapion : http://www.mapion.co.jp/

Calcul d’itinéraire
Mapfan http://www.mapfan.com/routemap/routeset.cgi/

Wangan Midnight (湾岸MIDNIGHT): Editeur Kodansha (講談社), premier épisode sorti en janvier 1993 (ISBN-13: 978-4063233728), dernier épisode : 26, sorti le 8 Juin 2007

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dimanche 6 janvier 2008

Belles îles du sud du Japon

L’archipel des Yaeyama (八重山) occupe l’extrémité sud ouest du Japon, à 200 kilomètres de Taiwan. On y arrive par l’aéroport d’Ishigaki (石垣). La ville de 40000 habitants est un petit concentré de civilisation japonaise contemporaine. Il comporte en effet un nouvel aéroport en construction probablement inutile, une galerie marchande désuète, une « eikaiwa » (英会話école de conversation anglaise), des distributeurs automatiques de boisson à tous les coins de rue et quelques snacks (スナックbars à hôtesse). Si l’on se donne la peine de chercher un peu, on remarquera aussi derrière le béton japonais habituel quelques maisons de pierre traditionnelles et des champs de goya, signe que nous sommes effectivement à Okinawa(沖縄), mais c’est bien peu pour justifier les 3 heures d’avion depuis Tokyo.

Il faudra quitter la ville pour vraiment découvrir cet archipel superbe. Le plus agréable est de prendre le bateau et de se rendre dans les îles voisines. Taketomi-jima (竹富島) est une petite île sablonneuse plate habitée depuis le 11è siècle.

300 habitants y vivent sur ses 6 kilomètres carrés (la surface du 14è arrondissement de Paris). L’île a compté jusqu’à un milliers d’habitants au 18è siècle. Pour combattre la surpopulation, les autorités ont d’ailleurs forcé à plusieurs reprises une partie des habitants à émigrer dans l’Ile d’Ishigaki voisine vers les villages de Yara (1734, 1738) et Tomizaki (1771). L’île fut épargnée par le tsunami géant qui ravagea l’archipel en 1771, sans doute l’évènement historique majeur de cet endroit isolé. Jusqu’en 1976, et l’installation d’une canalisation sous-marine, l’eau potable était limitée à quelques puits sacrés. Cela ne permettait que de cultiver quelques légumes, et les habitants se rendaient autrefois dans les îles voisines pour y cultiver des champs de riz. Aujourd’hui, les principales cultures sont la patate douce et la canne à sucre.

Le village composé de maisons traditionnelles est remarquablement préservé. Cela est dû à l’action énergique des habitants qui ont voté en 1986, au plus haut de la bulle immobilière japonaise, une charte protégeant l’île. La construction n’est possible qu’en respectant le style traditionnel, il est ainsi indispensable de cacher les fenêtres des bâtiments et autres objets modernes. Il est également obligatoire de nettoyer les environs de sa propriété chaque matin, et interdit de se promener en maillot de bain dans le village. Les maisons sont ainsi toutes du style typique d’Okinawa du début du 20ème siècle, avec leur toits de briques soudées à l’argiles. Les propriétés sont entourées d’un mur de pierre de corail. L’entrée de la propriété est barrée par un mur en retrait, le « hinpun » (ヒンプン) qui protège des mauvais esprits et surtout du vent. Les typhons sont en effet souvent violents dans la région. Les maisons sont composées d’un bâtiment principal fuhyaフーヤ, et d’une annexe servant de cuisine, le « Tohra »トウラ.

Les rues de la ville sont recouvertes de sable pour permettre de mieux apercevoir les serpents dangereux la nuit. On s’y déplace dans l’île en char à bœuf ou en vélo, les loueurs de ces engins représentant une partie importante de l’économie locale. L’île est entourée de superbes plages où l’on se baigne dans une eau limpide, en compagnie des namakos (concombres de mer), et des poissons tropicaux. Les plages sont bordées d’arbres qui coupent le vent et préservent ainsi la faible couche de terre arable de l’île.

Un peu plus loin d’Ishigaki, l’île sauvage d’Iriomote (西表島)est le seul territoire japonais recouvert par de la jungle. Le paludisme qui l’infestait jusque dans les années 50 a ralenti son développement. Durant les combats à Okinawa lors de la seconde guerre mondiale, les habitants de l’archipel se sont réfugiés dans les forêts. Le débarcadère a un petit goût de bout du monde, et la route ne fait pas le tour de l’île. Les villages de Funauki 舟浮きne sont ainsi accessibles que par bateau. Iriomote est un petit continent de 289 km², avec ses deux rivières navigables, ses collines, ses plaines cultivées, ses vallées et ses 2000 habitants. Les estuaires abritent des forêts de mangrove. Ces arbres habitent les pieds dans l’eau peu profonde des rivages et des estuaires tropicaux. C’est un écosystème remarquable, le plus productif de la planète. Les plantes savent filtrer l’eau de mer, retiennent la pollution, empêchent l’érosion du rivage.

Un tour en bateau sur la rivière Urauchi(浦内川) permet de découvrir la mangrove, et de pénétrer au cœur de la forêt équatoriale. Après 8 kilomètres sur la rivière, vous pouvez marcher une demi-heure jusqu’aux chutes de « Mariyudu »(マリユード滝). Vous ne verrez sans doute pas le chat d’Iriomote西表山猫, une espèce unique à l’île, mais vous apercevrez sans doute un des lézards géants (イシガキトカゲ) et des arbres typiques de la jungle couverts de lianes. Pour les plus courageux, il est possible d’entreprendre depuis les chutes le treck de la traversée de l’île, un sentier de 20 kilomètres dans la jungle. L’inscription auprès de la police locale est obligatoire.

Des promenades agréables sont aussi possibles dans les environs de Shirahama(白浜), un port abandonné dans une superbe baie. Il se raconte qu’un robinson sans-abri habite l’ile qui fait face à la jetée. L’onsen de l’île, le seul d’Okinawa vous offrira quelques instants de bien-être. L’établissement propose les habituels bains chauds pour hommes et femmes, où la nudité est de rigueur, et également une piscine commune pour laquelle un maillot de bain est obligatoire. Les promenades en char à bœufs jusqu’à l’îlot de yubu (由布島) sont réputées. Le véhicule est suffisant pour parcourir les eaux peu profondes qui séparent le « continent » de cette petite île abritant une dizaine d’âmes. Après un typhon en 1969, presque tous les habitants sont partis s’installer sur Iriomote, et seul un couple de personnes agées est resté, et pour faire revenir les habitants, s’est employé à fleurir l’endroit en abondance. Les japonais sont friands d’anecdotes sur l’héroïsme quotidien. et celle-ci est devenue célèbre.

Toutes les îles de l’archipel disposent de magnifiques sites de plongée où un simple masque et un tuba permet souvent de découvrir les superbes coraux et les poissons qui y habitent. L’île principale d’Ishigaki possède aussi de superbes plages, dont la baie de Kabira (川平湾). Le site est protégé, il n’est pas possible de s’y baigner, mais de superbes promenades sont possibles. Après une rude journée, la cuisine traditionnelle d’Okinawa permet de reprendre des forces. Le goya chample (ごやチャンプル), une fricassée de goya, de poulet, et de tofu, est recommandé au voyageur fatigué et gastronome, qui ne déteste pas un zeste d’amertume. De très bons barbecues (yakitori 焼き鳥 5000 Yens par personne) permettent de goûter le bœuf local (ishigakigyu 石垣牛), à la viande très tendre.


Accès à Ishigaki

  • vols directs depuis Tokyo, Osaka, Nagoya et Fukuoka, vols fréquents depuis Naha permettant des correspondances vers d’autres villes du Japon (ANA et JAL).

Accès à Taketomi

  • bateaux rapides depuis le port d’Ishigaki : Une navette toutes les 30 Minutes de 7.30 à 17.00. Le voyage dure 10 minutes, et deux compagnies assurent la liaison : Anei Kanko et Yaeyama Kanko Ferry. Environ 500 Yens aller simple.

Accès à Iriomote

  • bateaux rapides depuis le port d’Ishigaki jusqu’à Uehara (port le plus pratique pour l’exploration de la rivière Urauchi) 2000Yens aller simple, 50 minutes. 9 bateaux par jour, premier départ d’Ishigaki à 7.00, dernier retour d’Iriomote à 17h30 (compagnie Anei Kankou et Yaeyama Kanko Ferry). Si le vent souffle fort, le bateau accostera au port d’Ohara, et une navette sera assurée;
  • Avec cinq bus par jour et deux voitures de taxis pour toute l’île, les déplacements doivent être planifiés avec soin, mais la plupart des pensions offrent un service de navette.

Sites des comagnies de ferry:

Les trois photos du haut ont été prises sur Taketomi, les cinq suivantes sur Iriomote.

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