Le site des temples est situé au bout de la rue principale de la ville après la traversée de la rivière sur une colline dans la forêt. Ceux qui arrivent par le train prendront à droite, et marcheront une trentaine de minutes ou prendront le bus (quais 1, et 2 jusqu’à la station Shinkyo神橋 (Y190, 1.60 Euro).
Il est possible de rendre le voyage beaucoup plus agréable en empruntant le service spécial « Tobu Specia » qui vous permettra de voyager en VIP à travers l’interminable banlieue nord de Tokyo (1h50, Y2720, 22.60 Euro). Un changement est parfois nécessaire à Shimoimaichi (下今市). Le voyage est plus court et les sièges plus comfortables que le train classique de la ligne Tobu (東武伊勢崎線快速, 2h04, Y1320 11 Euro départ toutes les heures environ).
Les voyageurs au budget généreux voudront peut-être passer la nuit dans le « Classic Hotel » Nikko Kaneya (日光金谷ホテル) Les autres pourront aussi se rendre dans la populaire et sympathique station thermale de Kinugawa-Onsen(鬼怒川温泉), à quelques minutes de train (de 20 à 30 minutes, correspondance à Shimoimaichi, Y300, 2.5 Euros).
La ville est aussi desservie par une gare JR, la desserte est beaucoup moins pratique: 45 minutes depuis Utsunomiya (宇都宮).
Le site de la Nikko Tourist Association (http://www.nikko-jp.org/english/) offre des informations détaillées en anglais.
dimanche 30 novembre 2008
Nikko sous la neige
La beauté du Japon n’est pas toujours immédiate. Comme un légume amer ou un verre de vin rouge, il faut goûter plusieurs fois à Tokyo (東京) pour apprécier réellement, derrière le béton usé, les petits recoins pleins de charme. Même Kyoto (京都), la capitale historique, mélange temples millénaires, boutiques de pachinkos et immeubles vétustes. Il existe pourtant des moments magiques, souvent éphémères : des cerisiers en fleur dans un coin de campagne désert, un temple perdu dans la forêt, ou un parc de quartier embrasé par des teintes d’automne au lever du jour. J’ai ainsi visité par un matin de février les temples de Nikko (日光) pendant une chute de neige.
La ville de Nikko est située au pied des montagnes à l’extrémité nord de la plaine du Kanto (東京), à une centaine de kilomètres de Tokyo. L’histoire de l’endroit commence au 8ème siècle quand un hermitage est fondé par un célèbre moine boudhiste. Celui-ci devient pour plusieurs siècles un lieu de formation des moines, avant de sombrer dans l’obscurité jusqu’au 17ème siècle. La ville est alors choisie pour le mosolée de Tokugawa Ieayasu(徳川家康), le général qui réussit à unifier le Japon. Il fut enterré en 1617, et c’est durant cette année que son petit fils, Tokugawa Iemitsu (徳川 家光) entreprit la construction du sanctuaire et du mausolée qui se visite encore maintenant.
Même sans le charme d’une chute de neige, Nikko est, avec Kamakura (鎌倉), un des deux sites historiques incontournables de la région de Tokyo. Son style est pourtant atypique : les monuments les plus chers au cœur des japonais ont souvent une esthétique dépouillée. Ils mettent en valeur les éléments naturels et la subtilité de la composition est primordiale. Les temples de Nikko ont au contraire été décorés jusqu’à l’excès par les artisans les plus habiles de l’époque dans des couleurs vives, et un style plutôt inspiré par la Chine. C’est sans doute pour cela que certains japonais méprisent ces temples. Pourtant, le contraste entre ces ouvrages scultés dans les moindres détails et la superbe forêt de cèdres est particulièrement agréable. L’impression laissée est sans doute plus proche de la Chapelle Palatine de Palerme que des jardins zens de Kyoto, mais l’on peut passer des heures à admirer les détails des bas-reliefs, avec une pensée pour les quinze mille ouvriers qui ont construit l’ensemble pendant deux ans. Et cinq minutes de télévision japonaise persuaderont aisément le lecteur que l’exhubérance et les couleurs sont aussi une facette de la culture du pays.
Le monument principal du site est le Toshogu(東照宮,) mausolée de Tokugawa Ieyasu. Il se situe dans une belle forêt de qui prend des airs mystérieux par temps de brouillard, ou, comme lors de cette belle matinée, sous la neige. On l’approche par un long chemin qui comprend, sur sa gauche, une pagode de 5 étages à la structure originale : son axe n’est pas fixé à terre mais suspendu, pour servir de contrepoids en cas de tremblement de terre, une solution reprise par la suite dans certains immeubles modernes anti-sismiques. Avec la neige qui tombe, on s’attend à voir surgir une horde de loups ou peut-être un Oni (ogre local) de derrière les arbres. Après avoir rejoint la première porte, on peut voir sur la gauche les 3 singes sculptés en bois représentant la doctrine boudhiste « ne pas voir le mal, ne pas écouter le mal, ne pas dire le mal ». Ils figurent dans tous les clichés japonais, et comme pour la Joconde, j’avoue avoir été légèrement déçu par la foule qui les entoure et leur petite taille.
Mais le reste du complexe est superbe, et en cette matinée enneigée, les couleurs vives apaisées par la neige laissent une impression sublime. Le contraste entre les sculptures lisses des bas-relief et la texture rugueuse de la poudreuse est saisissant. Et les éclaircies donnent aux teintes vives un éclat tout baroque que l’on a envie d’accompagner par le requiem de Mozart. La première porte du complexe est le Youmeimon(陽明門). C’est la plus riche du complexe, La légende veut qu’un des piliers soit monté à l’envers car l’artisan avait peur de rendre jaloux les dieux s’il réalisait une œuvre trop parfaite. Le mur à droite de la porte est décoré de superbes sculptures colorées surplombées de lanternes de pierre. En montant encore un escalier, on rejoint par une autre porte, la Koreimon (唐門), aussi très belle, le sanctuaire principal.
Un petit chemin sur la droite permet de se rendre au sanctuaire interne (Okusha奥社), par un escalier dans la forêt aux allures mystérieuses. Même si l’architecture y est moins spectaculaire, l’impression d’entrer dans le Saint des Saints, en l’occurrence la tombe du Shogun Tokugawa Ieyasu, mérite l’ascension. Le mausolée est d’une simplicité très japonaise qui contraste avec la décoration exhubérante du Toshogu.
Nikko est également entouré de superbes montagnes : le lac Chuzenji (中禅寺湖) formé à la suite d’une coulée de lave qui boucha la vallée, les fameuses chutes de Kegon (華厳の滝), et les marais de Senjogahara (戦場ヶ原), très agréables à partir de juin. La région mérite largement deux ou trois jours.
Vous pouvez continuer votre lecture par ce récit de l'automne au Japon.
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1 commentaire:
encore un bel article, Nikko est un poncif de nombreux voyages mais voila une manière originale de l'aborder :)
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